Parés à enseigner

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Par Anastassia Depauld
mercredi 12 novembre 2014
Parés à enseigner
Marc Laurendeau a célébré cette année ses 20 ans d’enseignement à l’UdeM
Crédit photo : Isabelle Bergeron
Marc Laurendeau a célébré cette année ses 20 ans d’enseignement à l’UdeM
Crédit photo : Isabelle Bergeron
À l’université, les professeurs et les chargés de cours ont accès à des formations en pédagogie facultatives. Mais ce n’est pas tout le corps professoral qui trouve réponse à ses questions pour favoriser l’apprentissage des étudiants.
«La pédagogie va servir à aller accrocher les étudiants, à les impliquer, mais rendu à l’université, tu choisis d’être là.»
Karine Fradet, Chargée de cours au Départe­ment de philosophie de l’UdeM

«Un cours est intéressant quand le prof rend sa matière intéressante, juge l’étudiante en première année au baccalauréat en études cinématographiques Yasmine Riffi. J’ai eu des expériences avec différents profs pour une même matière, et j’ai davantage apprécié quand le professeur était impliqué.»

Les compétences pédagogiques peuvent être acquises grâce au microprogramme de 2e cycle en enseignement postsecondaire. Cependant, il ne s’agit pas d’une exigence pour être embauché par l’université. «Il faut détenir le doctorat ou les titres usuels dans la discipline enseignée, souligne le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion. Une formation en pédagogie n’a jamais fait partie des exigences.»

Pour soutenir le personnel enseignant, les Services de soutien à l’enseignement de l’UdeM proposent toutefois des consultations individuelles, des documents sur les pratiques pédagogiques et des ateliers thématiques pour les professeurs et les chargés de cours qui désirent en apprendre plus sur le sujet.

«Quand j’ai commencé il y a quelques années, il y avait un projet d’accueil des nouveaux profs, mais je trouve que c’était assez rudimentaire comme façon de faire», se rappelle le professeur au Département d’administration et fondements de l’éducation Jean Archambault. Selon lui, la pédagogie est essentielle à l’enseignement universitaire et ne s’apprend pas en une seule session d’accueil. Cette formation devrait, à son avis, être beaucoup plus approfondie.

Pour les nouveaux enseignants, il n’est pas toujours facile de se lancer dans la fosse aux étudiants. La chargée de cours au Départe­ment de philosophie Karine Fradet, qui enseigne pour une deuxième année à l’UdeM, n’avait jamais eu de formation en pédagogie avant de donner son premier cours.«J’ai reçu un courriel d’accueil des nouveaux chargés de cours, mais trop tard, relate-t-elle. J’ai donné mon premier cours en janvier et la formation était fin août.»

Méthodes alternatives

Karine Fradet ne croit pas qu’il y ait un manque en termes de formation pédagogique. Ayant eu des retours négatifs sur ce type de formation, elle s’est forgé une autre opinion. «Une réflexion sur la pédagogie est essentielle, mais pas une formation», pense-t-elle, au contraire du professeur Jean Archambault.

Selon Mme Fradet, l’expérience de ses collègues peut lui être plus profitable qu’une formation théorique.«Aussitôt que j’avais des questions, je préférais les poser à mes collègues, explique la chargée de cours. Ce qui pourrait être amélioré, c’est d’officialiser ces rapports-là, d’organiser une rencontre entre les chargés de cours.» En plus du professeur qui est responsable des chargés de cours dans chaque département, les équipes pourraient donc être invitées à partager davantage leur expérience, croit-elle.

Une autre différence, toujours selon la chargée de cours, réside dans la motivation des étudiants. «La pédagogie va servir à aller accrocher les étudiants, à les impliquer, mais rendu à l’université, tu choisis d’être là», juge Mme Fradet. L’approche pédagogique des professeurs serait, selon elle, moins nécessaire avec des étudiants intéressés.

De son côté, Jean Archambault estime que les professeurs et chargés de cours ont encore tendance à donner leur cours de façon magistrale, ce qui ne favorise pas toujours l’apprentissage, même celui des étudiants les plus intéressés. «On a tendance à présenter son cours comme “je connais la matière, je la transmets” et on ne laisse que peu de place aux étudiants et aux interactions, explique Jean Archambault. Or, cette technique ne se fait plus ni au secondaire ni même au primaire.» Selon lui, ces méthodes d’enseignement devraient donc disparaître de l’université également.