L’aide financière à l’avant-plan

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Par Ariane Lefebvre
mercredi 3 septembre 2014
L'aide financière à l'avant-plan
Crédit photo: Isabelle Bergeron
Crédit photo: Isabelle Bergeron
Au cours de sa campagne annuelle, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) compte talonner le gouvernement pour moderniser le régime d’aide financière aux études (AFE). C’est à la suite de son congrès annuel tenu en août que la Fédération a choisi de prendre ce cap et de favoriser la révision des sommes accordées pour les frais de subsistances.

Selon le ministère de l’Éducation, 149 862 étudiants ont eu recours à l’AFE en 2010- 2011, obtenant en moyenne 6252 $ chacun en aide financière, prêts et bourses confondus. « Honnêtement, je n’arrive pas à tout payer avec les prêts et bourses, laisse entendre l’étudiante en physiothérapie Sarah Langis, qui fait un retour sur les bancs d’école à l’UdeM. Mais je ne peux pas travailler beaucoup,car l’aide est coupée dès que mon salaireaugmente. Et avec les manuels scolaires, quidans mon programme coûtent souvent entre100 et 150 $ le livre, c’est difficile d’arriver. »

Selon la FEUQ, un retard du calcul des besoins de subsistance des étudiants s’est échelonné sur les vingt dernières années. « Pour l’instant,il n’y a aucun mécanisme d’ajustement annuel du calcul des besoins des étudiants, explique le président de la FEUQ, Jonathan Bouchard.C’est le ministre qui décide chaque année s’ilindexe ou non. »

La Fédération estime que ce retard se chiffre aujourd’hui à 100 $ par mois en moyenne pour les dépenses essentielles. Elle considère notamment que l’usage des technologies, nécessaires aux travaux scolaires, devrait être pris en charge par l’AFE. « C’est encore pire pour les étudiants-parents qui, mensuellement,doivent débourser de leur poche environ250 $ en dépenses supplémentaires qui ne sont pas prises en compte par l’AFE », ajoute le président. Cette situation rend difficile la gestion famille-études selon lui. «Cela fait en sorte que les étudiants doivent se tourner versun financement alternatif, généralement en s’endettant au privé avec des marges ou des cartes de crédit», dit-il.

La Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM) compte travailler de pair avec la FEUQ pour obtenir une modernisation du régime d’aide financière. « La réalité des étudiants a changé, soutient le secrétaire général de la FAÉCUM, Vincent Fournier Gosselin. Par exemple, les frais d’accès à internet ne sont toujours pas considérés comme essentiels pour étudier par le gouvernement du Québec.»

Le nouveau cheval de bataille de la FEUQ ne fait toutefois pas l’unanimité. « Contrairement à la FEUQ, on croit qu’il faut mener la bataille sur tous les fronts, indique la porte-parole de l’Association syndicale pour une solidarité étudiante (ASSÉ), Camille Godbout. Si l’endettement étudiant existe, c’est qu’il y a des frais de scolarité. Il faut donc viser la gratuité scolaire. » L’association ne vise pas une collaboration avec la FEUQ pour la prochaine année. Elle mènera plutôt sa propre campagne en invitant ses associations locales à s’opposer à toute privatisation des services publics et aux hausses de tarifs, qui contribuent à la précarité étudiante.

Moyens d’action

La première étape du plan d’action de la FEUQ est de publier, dès novembre prochain, une étude sur l’endettement étudiant et l’accessibilité aux études supérieures. Il s’agira d’une modernisation d’une étude semblable réalisée en 2009. «Cette publication nous permettra d’appuyer nos requêtes et de bien cerner les besoins actuels des étudiants», explique Jonathan Bouchard.

La Fédération compte suggérer la révision du crédit d’impôt de 8% sur les frais de scolarité, ce qui permettrait d’aider le gouvernement à financer les demandes formulées par la FEUQ. « Ce crédit d’impôt est un bon exemple de mesures inefficaces qui pourrait être revues pour améliorer l’accessibilité aux études supérieures et réduire l’endettement étudiant», souligne M. Fournier Gosselin.

Une rencontre a déjà eu lieu au cours de l’été entre le ministre Bolduc et la FEUQ, et cette dernière affirme garder contact avec le cabinet du ministre de l’Éducation et celui du ministre des Finances. «En ce moment, le gouvernement fait des coupes de l’ordre deplusieurs centaines de milliers de dollars, donc nous craignons qu’il décide de couper dans le régime de l’AFE, signale M. Bouchard. C’est pour cette raison qu’on va faire nos devoirs et pas seulement demander, mais aussi proposer des solutions viables pour financer le régime bonifié. Nous sommes conscients que le gouvernementa une oreille plus attentive lorsquel e projet n’entraîne pas de coûts supplémentaires.»

La Fédération sera également en tournée tout au long de la session d’automne pour rencontrer et sensibiliser les étudiants.