L’ABC de VLB

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Par Léa Beauchesne
mardi 18 septembre 2012
L'ABC de VLB
« Malgré nos différends idéologiques, on s’entend bien et, pour moi, c’est vraiment son travail d’écrivain qui est fascinant.», affirme le professeur Jacques Pelletier, à propos de Victor-Lévy Beaulieu (Crédit photo : Pascal Dumont).
« Malgré nos différends idéologiques, on s’entend bien et, pour moi, c’est vraiment son travail d’écrivain qui est fascinant.», affirme le professeur Jacques Pelletier, à propos de Victor-Lévy Beaulieu (Crédit photo : Pascal Dumont).

Décortiquer le phénomène Victor-Lévy Beaulieu en deux heures de conférence représente un défi de taille. Avec plus d’une centaine de romans, d’essais et de pièces à son actif, l’auteur originaire de Trois-Pistoles continue aujourd’hui d’alimenter une oeuvre littéraire titanesque. Dans le cadre des Belles Soirées de l’UdeM, le professeur de littérature à l’UQAM Jacques Pelletier nous offre une visite dans l’univers de VLB.

« Cette conférence est pour le grand public, et aucune connaissance particulière n’est nécessaire pour y assister», précise M. Pelletier, rejoint par téléphone. La conférence est divisée en deux parties. Le professeur dresse d’abord un portrait global de l’auteur puis analyse ensuite un ouvrage en particulier. Il hésite encore entre son oeuvre principale, La vraie saga des Beauchemin, ou bien Joyce (voir au bas de la page), un roman considéré par plusieurs comme le plus achevé de tous ses écrits.

«L’oeuvre de Victor-Lévy Beaulieu est colossale, démesurée», souligne Jacques Pelletier dans son livre Victor-Lévy Beaulieu – Un continent à découvrir. « Sur le plan purement quantitatif, elle domine l’ensemble de la production québécoise contemporaine, tous genres confondus.» L’auteur vient de terminer un cycle romanesque, entamé il y a 40 ans.

Son roman Antiterre, publié l’année dernière, est le dernier de La vraie Saga des Beauchemin, une oeuvre complexe de huit tomes où la mémoire collective des Canadiens français est revisitée. «La nature de l’oeuvre s’est transformée au fil des années, mais l’axe central est demeuré le même, explique le professeur à l’UQAM. On pensait que ce cycle ne se terminerait jamais, mais voilà qu’il l’est ! » L’année 2011 aura été charnière pour l’auteur, puisqu’en plus d’achever cette épopée littéraire, il a reçu le prix Gilles-Corbeil de 100000 $, attribué tous les trois ans à un écrivain canadien ou américain pour l’ensemble de son oeuvre écrite en français.

Une passion

Victor Lévy-Beaulieu

Jacques Pelletier étudie depuis plus de 40 ans l’écriture de Victor-Lévy Beaulieu. «Le premier livre que j’ai lu de lui, c’était Race de monde, raconte-t-il. J’en avais alors fait une critique littéraire pour un quotidien. » Au fil des années, le professeur s’est lié d’amitié avec VLB. «Je l’ai rencontré pour la première fois en 1972, alors qu’on allait publier un dossier sur son oeuvre, se rappelle-t-il. On se voit maintenant régulièrement, mais en général, il préfère demeurer dans son patelin de Trois-Pistoles!»

Lorsqu’on demande à M. Pelletier s’il s’identifie à l’auteur au-delà de sa prose, il souligne que ce n’est pas vraiment ce qui compte pour lui. En dehors de son oeuvre littéraire, Victor-Lévy Beaulieu s’est imposé dans les médias avec son francparler et ses opinions tranchées. Fier défenseur de la souveraineté du Québec, il a pourtant affiché des couleurs politiques différentes durant les dernières années, en se portant à la défense de l’ADQ et de la CAQ. « Malgré nos différends idéologiques, on s’entend bien et, pour moi, c’est vraiment son travail d’écrivain qui est fascinant», affirme le professeur, qui se considère comme un socialiste.

En plus de donner un cours de littérature consacré à VLB, M. Pelletier est également président fondateur de la Société d’études beaulieusiennes, qui organise des colloques, fait de la recherche et publie une revue annuelle au sujet de l’auteur. «On a beaucoup de jeunes universitaires qui travaillent avec nous sur ces projets, dit-il. C’est vraiment gratifiant de voir que la Société ne devrait pas s’éteindre lors de mon départ.»

Conférence de Jacques Pelletier

Campus de Longueuil

101, Place Charles-Le Moyne

27 septembre, 13h30

Campus de Laval

1700, rue Jacques-Tétreault

22 octobre, 13h30

La vraie saga des Beauchemin

Sous le nom d’un alter ego fictif – Abel Beauchemin –, Victor-Lévy Beaulieu entame la série de romans La vraie saga des Beauchemin. La série explore la mouvance des Canadiens français, de la campagne à la ville, à travers le destin d’une famille. Le premier livre, Race de monde, paru en 1969, raconte la migration des Beauchemin, de Trois-Pistoles au «Grand Morial», la métropole étant alors marquée par la misère sociale. Suivront Jos Connaissant (1970), Les grands-pères (1971), Don Quichotte de la démanche (1974), Satan Belhumeur (1981) (une réécriture des Mémoires d’outre-tonneau qu’il inclut dans cette série), Steven le hérault (1985) et La grande tribu, c’est la faute à Papineau (2008). Le dernier tome, Antiterre (2012), marque la fin de cette longue traversée québécoise qui a porté Abel Beauchemin de Trois-Pistoles jusqu’en Éthiopie.

James Joyce, l’Irlande, le Québec, les mots

Victor-Lévy Beaulieu a mis plus de 30 ans à écrire cette lecture-f iction de 1 100 pages. Paru en 2006, ce livre explore les ressemblances et différences entre les peuples irlandais et québécois, dont l’héritage catholique, les familles nombreuses, la conquête britannique, le patrimoine, la littérature. Le professeur Jacques Pelletier – président et fondateur de la Société d’études beaulieu – siennes – croit qu’il faut ajouter ce livre ainsi que La jument de la nuit (1995) et la trilogie de Bouscotte (2001-2002) au cycle romanesque La vraie saga des Beauchemin.