La spiritualité en mutation

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Par Nassima Bennaceur
lundi 25 avril 2016
La spiritualité en mutation
David Koussens est le directeur Centre d'études du religieux contemporain de l'Université de Sherbrooke. Courtoisie UdeS
David Koussens est le directeur Centre d'études du religieux contemporain de l'Université de Sherbrooke. Courtoisie UdeS
Comprendre l’évolution spirituelle de la société est l’un des objectifs du Centre d’études du religieux contemporain de l’Université de Sherbrooke. Créé en juillet dernier, le Centre a pour vocation d’analyser les changements au sein des systèmes de croyances. Quartier Libre a rencontré son directeur, le professeur adjoint à la Faculté de droit David Koussens.
« On ne peut aujourd’hui comprendre les phénomènes religieux contemporains sans théologie.»
David Koussens - Directeur du Centre d’études du religieux contemporain de l’Université de Sherbrooke

Quartier Libre : Quand on fait référence au religieux contemporain, de quoi s’agit-il ?

David Koussens : Il faut comprendre que nous vivons dans des sociétés où le religieux s’est véritablement transformé et où les systèmes de croyances se sont individualisés. Le religieux est aujourd’hui multiple, éclaté, très diversifié. C’est cette réalité que nous appelons « religieux contemporain ». Afin de mieux l’étudier, nous avons conçu des programmes qui systématisent à son plus haut niveau l’analyse interdisciplinaire. Par exemple, on ne peut aujourd’hui penser la radicalisation religieuse sans apport de l’exégèse [NDLR : étude et explication d’un texte]. Celle-ci permet de déconstruire les lectures fondamentalistes de textes sacrés par la sociologie et d’outiller sur les transformations des rapports aux croyances. L’exégèse donne aussi un cadre de compréhension aux trajectoires individuelles ou groupales de radicalisation en science politique qui s’inscrivent dans un contexte géopolitique particulier.

Q.L. : C’est pour cette raison que vous avez créé ce centre universitaire ?

D.K. : En créant le nouveau Centre d’études du religieux contemporain, nous avons élargi l’équipe enseignante [du département] à 24 professeurs, tous experts dans des champs disciplinaires très variés comme la théologie, la médecine, le droit, la philosophie, l’anthropologie ou encore l’histoire. Cela nous permet de donner des formations plus complètes, qui systématisent l’analyse interdisciplinaire du phénomène religieux et correspondent pleinement à la réalité des transformations du religieux aujourd’hui. La plupart des cours sont donnés à distance, mais également sur le campus de Longueuil en soirée.

Q.L. : Pouvez-vous nous donner des exemples de matières qui y sont enseignées ?

D.K. : Nous avons d’abord des cours qui visent à donner aux étudiants des outils théoriques et méthodologiques sans lesquels il serait difficile d’approcher le phénomène religieux. Dans un deuxième temps, [nous étudions] les nouveaux lieux d’émergence et de transformation du religieux. Plusieurs cours thématiques touchent aux relations entre religion et environnement, religion et sexualité, religion et laïcité. Enfin, nous proposons des formations très pratiques destinées aux professionnels qui sont confrontés au religieux dans leur milieu de travail : management en entreprise, gestion du religieux à l’hôpital, accommodements raisonnables.

Q.L. : Selon vous, quel est l’avenir des programmes universitaires en théologie au sein des universités québécoises ?

D. K : On ne peut aujourd’hui comprendre les phénomènes religieux contemporains sans théologie. Cette discipline, qui continue à susciter un véritable intérêt chez les étudiants, reste donc très présente dans les enseignements au Centre d’études du religieux contemporain. Nous travaillons même à renforcer ce créneau, et plusieurs projets de développement sont en cours.