La SAMUS, machine de guerre du rugby

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Par Pauline Achard
mercredi 22 février 2017
La SAMUS, machine de guerre du rugby
La SAMUS, machine de mêlée de l’équipe de rugby de l’Université Sherbrooke, a une valeur estimée à 35 000 $. Crédit photo : Université de Sherbrooke.
La SAMUS, machine de mêlée de l’équipe de rugby de l’Université Sherbrooke, a une valeur estimée à 35 000 $. Crédit photo : Université de Sherbrooke.
Quelle équipe de rugby ne rêve pas de posséder un simulateur de mêlée ? Un groupe d’étudiants en génie de l’Université de Sherbrooke (UdeS) a relevé le défi en fabriquant la SAMUS, une « machine de guerre » au caractère révolutionnaire qui est devenue un atout indéniable pour leurs équipes féminine et masculine de rugby.
« L’année prochaine, on peut être sûrs qu’avec la SAMUS, l’UdeS aura une bien meilleure mêlée que nous. »
Théo Valot, joueur de première ligne des Carabins.

Si 20 étudiants ont mis au point la machine, c’est l’ancien entraîneur de l’équipe masculine de rugby de l’UdeS et titulaire de deux doctorats en ingénierie, Nicolas Pous, qui en a eu l’idée. « Il voulait une machine qui pouvait avoir des fonctionnalités similaires au scrum [NDLR : moment d’un match de rugby où les deux équipes s’affrontent en mêlée], comme la machine utilisée par l’équipe de France de rugby », confie l’un des concepteurs de cet appareil de simulation et analyse de mêlées de l’UdeS (SAMUS) et étudiant en génie mécanique, Jordan Longval. Ainsi, 10 étudiants en génie mécanique, 6 étudiants en génie informatique et 3 étudiants en génie électrique se sont lancés dans la fabrication de cet outil en janvier 2015, avec l’aide de commanditaires.

La machine sert d’abord à l’entraînement. « La SAMUS quantifie les performances des rugbymen lors de mêlées en mesurant les forces appliquées dans toutes les directions par les joueurs, à une fréquence très élevée, décrit Jordan Longval. Une fois ces données enregistrées, elles sont présentées en temps réel à l’entraîneur sur une tablette. » Cette fonctionnalité assure un suivi individuel précis des joueurs, en particulier pour les avants qui ont la possibilité de cibler leurs points faibles et de se fixer des objectifs adaptés.

« La SAMUS permet également de simuler l’effort d’une équipe de rugby adverse, ajoute Jordan. Elle est munie de longs bras de transmission contrôlables par l’entraîneur, pouvant faire avancer l’équipe lors de l’effort. » Cet appareil constitue donc un moyen d’améliorer les performances collectives, une notion importante du rugby.

La SAMUS attire les regards

Comme c’est le cas des Carabins, les équipes qui ne peuvent compter sur de telles machines ou même sur des béliers se contentent d’exercices entre eux, . « L’opposition d’homme à homme ne nous permet pas de progresser, car on tombe toujours sur quelqu’un de plus ou moins fort que soi », remarque le joueur de première ligne des Carabins et étudiant au baccalauréat en sociologie, Théo Valot.

Pour l’entraîneur-chef de l’équipe de rugby des Carabins, Alexandre Saint-Bonnet, la SAMUS ou un équipement de ce type pourrait permettre une amélioration directe de l’effort collectif et synchronisé. « [La SAMUS] permettrait un travail plus spécifique et entraînerait les joueurs à répondre en temps réel, explique-t-il. En plus de diminuer considérablement les risques de blessures, car elle est beaucoup plus stable qu’une mêlée entre joueurs. La pression physique est par conséquent moins importante, et la qualité du jeu est perfectionnée. »

Les Carabins pourraient d’ailleurs en profiter pour perfectionner les premières lignes de l’équipe. « L’avantage est d’apprendre à se placer et, l’année prochaine, on peut être sûrs qu’avec la SAMUS, l’UdeS aura une bien meilleure mêlée que nous, s’inquiète Théo Valot. C’est pourquoi je trouve dommage qu’à notre niveau, on n’investisse ni dans cette technologie ni dans des béliers qui nous permettraient, au minimum, d’égaler la concurrence. »

Alexandre Saint-Bonnet admet que cette machine pourrait mener le niveau de son équipe vers de nouveaux sommets, mais le budget des équipes féminine et masculine de rugby des Carabins étant très limité, l’idée demeure pour l’instant irréalisable. « Il n’y a pas de douche, pas de lavabo, on est minimalistes. La mêlée n’est pas la stratégie principale », précise-t-il, admettant que l’ajout d’un bélier n’est toutefois pas impossible.

Estimée à une valeur de 35 000 $, la SAMUS reste plutôt inaccessible pour les équipes de rugby universitaires, qui disposent souvent de moyens rudimentaires. Mais l’avenir de cette machine pourrait bien s’étendre vers de plus vastes horizons. « La SAMUS offre un entraînement en force et en puissance qui est très recherché par des sports comme le football et le hockey, explique Jordan Longval. À l’UdeS, l’équipe de football a déjà laissé savoir qu’elle aimerait bien essayer d’intégrer la machine aux entraînements de ses joueurs de ligne. » Si les 20 étudiants de l’UdeS ont conçu la SAMUS spécialement pour les équipes de rugby sherbrookoises, l’idée de commercialisation de la machine est loin d’être laissée de côté.

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