La ruée vers l’ouest

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Par Thomas Martin
vendredi 27 avril 2018
La ruée vers l’ouest
Des étudiants font le choix de quitter le Québec pour des emplois saisonniers à la fin de la session universitaire hivernale. Migrant vers l’Ouest, ils recherchent le dépaysement, sans oublier les avantages financiers.

Les étudiants ont le choix entre de nombreux emplois lorsqu’ils décident d’aller dans l’Ouest. Les plus populaires sont la plantation de semis (tree planting) et la récolte de fruits (fruit picking). « Ça va être ma quatrième année consécutive, indique l’étudiante à la mineure en musique numérique à l’UdeM Coppélia LaRoche-Francoeur. Au début, c’était mes amis qui le faisaient et c’est pour cette raison que je me suis dirigée vers le planting. » Elle avoue avoir eu la chance d’obtenir une promotion dès sa première année, ce qui lui a donné envie de continuer les années suivantes.

L’étudiante précise que c’est principalement la période pendant laquelle se déroule cette activité qui l’a poussée à le faire. « Ce sont les deux mois pendant lesquels je ne suis pas à l’université, explique-t-elle. Ça me permet de faire un maximum d’argent en peu de temps. » Entraîneuse d’une équipe de basketball durant l’année, Coppélia peut conserver ce poste à faible rémunération grâce à l’argent gagné lors de la plantation d’arbres.

« Le planting permet de sortir du rythme de la vie urbaine, avance Coppélia. Ça me sort du stress des études également. L’ambiance y est vraiment bonne et on est à l’extérieur tout l’été. » Bien que le travail ne soit pas de tout repos, la rémunération est assez élevée pour compenser la pénibilité des tâches quotidiennes.

Une expérience plus contrastée

Pour l’étudiante à la maîtrise en philosophie à l’UdeM Laurence Dufour-Villeneuve, l’aventure a été moins concluante. « Pour être honnête, je n’ai pas vraiment apprécié, avoue-t-elle. C’était beaucoup d’efforts et d’argent pour arriver là-bas et ça a pris du temps pour rattraper ces dépenses, parce qu’au début, tu n’es pas très efficace. »

Laurence admet néanmoins que ce fut une belle aventure d’un point de vue humain. « Tu es toujours avec les mêmes personnes et c’est cool en termes de complicité », pointe-t-elle. L’étudiante en philosophie a fait partie d’un groupe d’une douzaine de personnes dont elle connaissait la majorité des membres. C’est une des raisons pour laquelle elle s’est s’engagée pour deux mois.

Coppélia concède qu’il n’y a pas que des aspects positifs à ce type d’emploi saisonnier. « Ça peut être un sacrifice considérant qu’on est loin de tout et qu’on peut difficilement en sortir, donne-t-elle comme exemple. On peut quitter l’emploi, mais on est pris dans un rythme de vie assez effréné. » Elle souligne également l’aspect physique du labeur. « Je me suis blessée deux fois et je sais que certains ont des problèmes de dos », révèle-t-elle. Parmi les principaux problèmes physiques, l’étudiante évoque les tendinites causées par les mouvements répétitifs liés à la plantation de 2 000 à 3 000 arbres en moyenne par jour.

Coppélia LaRoche-Francoeur passe de deux à trois mois par année en Colombie-Britannique depuis 2014. (Photos : Courtoisie Zacharie Routhier)

Coppélia LaRoche-Francoeur passe de deux à trois mois
par année en Colombie-Britannique depuis 2014. (Photos : Courtoisie Zacharie Routhier)

 

La couleur de l’argent

« Sur le plan financier, c’est à peu près ce à quoi je m’attendais, assure Laurence. Ça a été difficile au début et mieux vers la fin. » Elle ajoute qu’elle aurait certainement fait moins d’argent en ayant un emploi saisonnier au salaire minimum au Québec. « J’ai gagné environ 6 500 $ pendant ces deux mois », dévoile l’étudiante.

Coppélia, qui possède plus d’expérience, peut espérer faire plus d’argent et augmenter son rendement chaque année. « Pour une première année, tu peux faire de 8 000 $ à 10 000 $, détaille-t-elle. Ta deuxième année 12 000 $ à 13 000 $, et si tu obtiens un meilleur poste environ 16 000 $. »

Cette dernière estime que la popularité de ce type d’emploi a plutôt tendance à régresser comparativement aux décennies antérieures. « Tu gagnes de moins en moins comparativement au coût de la vie, assure-t-elle. Dans les années 1990 ou au début des années 2000, les gens gagnaient environ 13 à 14 cents de l’arbre et, aujourd’hui, ça n’a pas augmenté. » Coppélia va y retourner une nouvelle fois cette année et dirigera une équipe. Elle ne sait pas encore combien d’années cela durera, mais elle assure que cela passera après ses études et sa vie professionnelle.