La connaissance politique des 18-25 ans serait en déclin

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Par Lindsay-Anne Prévost
mardi 9 juin 2015
La connaissance politique des 18-25 ans serait en déclin
Selon M. Milner, cet écart grandissant de connaissance politique entre les deux tranches d'âge serait un problème de génération dû au développement des réseaux sociaux et d’Internet. Crédit photo: Flickr/SCD Poitiers https://creativecommons.org/licenses/by-nc/2.0/legalcode
Selon M. Milner, cet écart grandissant de connaissance politique entre les deux tranches d'âge serait un problème de génération dû au développement des réseaux sociaux et d’Internet. Crédit photo: Flickr/SCD Poitiers https://creativecommons.org/licenses/by-nc/2.0/legalcode
Selon les chercheurs Henry Milner et Eric Guntermann du Département de science politique de l’UdeM, la connaissance politique des 18-25 ans est en déclin dans plusieurs démocraties occidentales depuis 15 à 20 ans.

D’après les travaux des deux chercheurs, présentés à l’occasion du Congrès des sciences humaines 2015 qui se déroulait à Ottawa du 30 mai au 5 juin dernier, internet et les réseaux sociaux auraient une influence sur la connaissance et la participation politique de cette tranche d’électeurs.

Henry Milner et Eric Guntermann ont mené leur étude dans une trentaine de pays démocratiques — États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, pour ne nommer que ceux-là — afin d’évaluer la connaissance politique des électeurs âgés de 18 à 25 ans. Selon eux, plusieurs jeunes peinent à donner le nom de leur ministre des Finances ou celui du secrétaire général des Nations Unies et ne connaissent pas le taux de chômage de leur pays ni le nom du parti qui possède le plus grand nombre de sièges au parlement.

En entrevue à ICI Radio-Canada, M. Milner explique qu’en moyenne, la capacité à répondre à ces quatre questions a toujours été plus faible chez les 18-25 ans que chez les 26-65 ans, mais que l’écart se serait creusé depuis 15 à 20 ans (détails dans son entrevue ici).

Internet, réseaux sociaux et politique : mauvais ménage

Selon le chercheur, cet écart grandissant de connaissance politique entre les deux tranches d’âge serait un problème de génération attribuable au développement des réseaux sociaux et d’internet. « Pour ceux qui ont déjà un intérêt envers la politique, les réseaux sociaux sont très bien, car ils donnent accès à toutes sortes de connaissances, a affirmé M. Milner durant son entrevue. Il y a toutefois un plus grand groupe pour lequel cette facilité d’accès a un effet contraire parce qu’elle permet simplement d’aller aux endroits qui les intéressent et d’éviter complètement les endroits pour lesquels ils n’ont pas un grand intérêt. On peut passer des heures et des heures à naviguer sur les réseaux sociaux, sans avoir la moindre information sur la politique»

Pour M. Milner, le déclin de la connaissance politique chez les jeunes aurait une influence sur la vie citoyenne. « Moins il y a de connaissances politiques, moins les gens participent à la vie politique, estime-t-il. Les jeunes votent moins, car leur niveau de connaissances est moindre parce qu’ils n’ont pas les connaissances minimales»

Bien qu’ils connaissent eux aussi un déclin de savoir, les jeunes issus des pays d’Europe du Nord posséderaient malgré tout un meilleur taux de connaissances et de participation politique que les jeunes Canadiens. Pour M. Milner, ce meilleur taux s’explique par la promotion de l’éducation civique. « Dans ces pays, ils donnent beaucoup d’importance à la recherche de moyens de communication avec les jeunes et à la façon dont les jeunes eux-mêmes vont apprécier cela », explique-t-il.

 Selon le chercheur, il faudrait que le Canada propose aux jeunes davantage d’activités de simulation et de rencontres avec des personnalités politiques. Il suggère également d’abaisser l’âge du droit de vote. « Si on vote dès l’âge de 16 ans, il y a de bonnes chances qu’on continue à voter, et si on vote, on va faire plus attention à ce qui se passe dans la vie politique », considère-t-il. 

M. Milner est professeur associé à la Chaire de recherche du Canada en études électorales.

 

Source: Ici-Radio-Canada