La cinquième dimension

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Par Alexandre Paul Samak
mercredi 27 octobre 2010
La cinquième dimension

La fine bruine crachée des nuages et l’éclat noirâtre de la Lune formaient en suspension une brume compacte que l’oratoire, en vaisseau fantôme, transperçait de sa poupe spectrale. Sur jambes, Alexandre arriva devant le Métro ouvert 24 heures de Côte-des-Neiges, accueilli par un bestial clochard hurlant sur Séléné*. Passé la porte, il n’y a plus d’espoir.

Alexandre prit un panier à provision et considéra sa liste d’emplettes. Celle-ci se déroula sur tout un rayon heurtant en fin de course les pieds géants du préposé aux fruits et légumes. Un monstre sur le bras du préposé lui déboulonnait la montre. Effrayé par le longiligne papier, il courra se réfugier avec fracas dans une conserve de concentré de tomates, laissant son animal de compagnie en pâture à la liste qui, prise de folie passagère, tortura la pauvre créature, lui arrachant les ongles pour délicatement lui transpercer les globes oculaires avec. Puis, de peur d’être arrêtée et jetée en prison pour y être sauvagement violée, la liste décida d’éliminer tous les témoins gênants. Ni une ni deux, elle se précipita sur tous les pauvres clients à qui elle arracha les ongles pour leur crever les yeux avec.

Faute de trouver un caissier valide, Alexandre prit une boîte de céréales qu’il ne paya pas et rentra chez lui. Il ouvrit le carton et y découvrit une femme qui, devant la liste en furie, se dissimula dans la première cachette qui lui traversa l’esprit. Alexandre et elle s’entendirent à merveille. Après un mariage et deux cafés, ils décidèrent de faire l’amour. Éventuellement, les choses empirèrent et la fille demanda le divorce. Elle obtint la boîte de céréales qui était depuis devenue leur domicile et Alexandre n’eut d’autre choix que de vivre dans la rue où il mourût du scorbut, maladie encore trop présente et dont on ne parle pas assez sauf dans Docteur House.

* Séléné est la déesse de la pleine Lune. À ne pas confondre avec la Vénus callipyge.