La centralisation des achats inquiète les universités

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Par Edouard Ampuy
mercredi 9 octobre 2019
La centralisation des achats inquiète les universités
Depuis 40 ans, les universités se regroupent pour beaucoup d’achats, comme du matériel didactique, des articles de papeterie, des fournitures de plomberie de chauffage ou des cartouches d’encre recyclées. Crédits photo: Image parElasticComputeFarm de Pixabay
Depuis 40 ans, les universités se regroupent pour beaucoup d’achats, comme du matériel didactique, des articles de papeterie, des fournitures de plomberie de chauffage ou des cartouches d’encre recyclées. Crédits photo: Image parElasticComputeFarm de Pixabay
Avec le projet de loi n° 37, le gouvernement du Québec veut centraliser les achats de biens et services des organismes publics, dont ceux des réseaux de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Cette initiative inquiète les universités.

Le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, veut remplacer d’ici début 2020 le Centre de services partagés du Québec, qui fournit aux organismes publics les biens et les services dont ils ont besoin, par le Centre d’acquisitions gouvernementales. Il promet des économies de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars par année en augmentant la part des achats regroupés des ministères, des organismes publics, des établissements des réseaux de la santé, des services sociaux, et de l’éducation et de l’enseignement supérieur.

La directrice générale du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), Ginette Legault, explique que la centralisation des achats est une erreur stratégique pour le développement de l’enseignement supérieur au Québec. «?On essaye de convaincre le gouvernement qu’en ce qui concerne le réseau des universités, ce n’est pas la meilleure stratégie que de centraliser les achats de biens et de services?», souligne-t-elle.

Mme Legault ajoute que depuis 40 ans, les universités se regroupent pour beaucoup d’achats, comme du matériel didactique, des articles de papeterie, des fournitures de plomberie de chauffage ou des cartouches d’encre recyclées, ce qui permet déjà de réaliser des économies.

La spécificité des achats universitaires

Si elle reconnaît l’importance de regrouper des achats dans une perspective d’économie budgétaire, la directrice rappelle la règle d’or concernant l’autonomie des établissements universitaires du Québec, qui permet à ces derniers de faire des achats selon les besoins spécifiques de chacun. «?Les besoins sont très spécifiques d’un établissement à l’autre, mais également d’un groupe de recherche à l’autre, d’un institut ou d’un laboratoire à l’autre, et l’université doit s’adapter à ces besoins-là pour bien soutenir l’innovation et l’excellence en recherche?», précise-t-elle.

L’importance du dialogue

Dans un communiqué publié le 19 septembre dernier, le BCI conteste le projet de loi n° 37. «?Ce qu’on a voulu manifester avec le communiqué, c’est notre étonnement, développe Mme Legault. On s’attendait à un peu plus d’ouverture, même si on est d’accord sur les principes d’efficacité et d’économie.?»

Elle mentionne que le BCI souhaite être entendu lors des consultations sur le projet de loi. «?Le mot clef c’est “dialogue”, ajoute-t-elle. On s’attend à ce qu’il y ait encore des échanges, on est prêt à entendre les arguments du gouvernement […] On veut pouvoir donner des exemples concrets.?»

Mme Legault indique que le BCI a répertorié beaucoup d’éléments au fil des années et qu’il pourra préciser auprès du gouvernement tous les achats qui ont été faits par les universités par souci d’économie.