La balado redéfinie au Festival Résonance

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Par Romeo Mocafico
lundi 29 octobre 2018
La balado redéfinie au Festival Résonance
Zoé Gagnon-Paquin, Cédric Chabuel, Monique Simard et Mériol Lehmann au Cinéma Moderne lors du Festival Résonance 2018 (Crédit Romeo Mocafico)
Zoé Gagnon-Paquin, Cédric Chabuel, Monique Simard et Mériol Lehmann au Cinéma Moderne lors du Festival Résonance 2018 (Crédit Romeo Mocafico)
La fin de semaine dernière s’est tenue la 2e édition du festival Résonance dédié à la création radiophonique. L’événement s’est interrogé sur la redéfinition des techniques de baladodiffusion dans un contexte de transition numérique.

Organisé par Magnéto et soutenu par le Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoise (CRILCQ), ce festival est le premier au Québec à se pencher sur les pratiques en radiophonie, autour de panels de discussions et de réflexions. L’événement a d’ailleurs réuni quelques chercheurs de l’UdeM, comme Jean-Marc Larrue, Caroline Loranger et Hélène Hotton.

Oublier la radio

La cofondatrice de Magnéto et animatrice Zoé Gagnon-Paquin a reçu samedi trois acteurs majeurs du milieu culturel québécois, pour revenir sur l’influence du numérique sur la création en baladodiffusion.

Lors de cette discussion, la présidente de la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles), Monique Simard, a tenu à souligner les avantages du balado par rapport aux autres émissions de radio. « Il y a une mobilité implicite dans le mot balado, note la productrice. C’est la création d’un nouveau genre, qui n’est pas sous le dictat des formats ou des grilles horaires. Pour les producteurs, c’est extraordinaire. »

Également invité, l’artiste et consultant en numérique Cédric Chabuel a soutenu cette observation avant de revenir sur les étapes et les avantages de la réalisation d’un podcast documentaire. Il explique qu’il faut d’abord écouter pour comprendre l’histoire à raconter. « Les balados sont souvent plus scénarisés que les émissions de radio, car on va essayer de créer un univers, détaille-t-il. Puis on commence à recueillir le matériel, avant de mettre un peu d’ordre là-dedans. » Il retrouve dans ces dernières étapes beaucoup de liberté, car la prise de son est selon lui moins onéreuse qu’en vidéo, et présente moins de contraintes lors du montage.

https://soundcloud.com/user-535983937/cedric-chabuel-l

Restructurer pour le numérique

Pour Mme Simard, le média radio n’est pas en crise, mais simplement en redéfinition. Tout comme la productrice, l’artiste et consultant du milieu culturel québécois Mériol Lehmann estime que le numérique nécessite d’adapter ses pratiques. Pour lui, les modèles existants sont appelés à être changés de façon drastique, car le rapport à la communication et à la connaissance n’est plus le même. « Avec le numérique, nous ne sommes plus dans une logique “d’objets rares”, où chaque copie de CD ou de livre est unique, observe-t-il. Or, beaucoup d’organisations culturelles québécoises sont restées sur cet ancien modèle qui ne fonctionne tout simplement plus. »

M. Lehmann considère que ce qui était la norme il y cinq ans ne l’est plus aujourd’hui. Pour lui, tout bouge extrêmement rapidement. « Une politique culturelle sur 10 ans, c’est beaucoup trop long et beaucoup trop compliqué, poursuit-il. Si vous ne revoyez pas vos plans stratégiques tous les six mois, c’est sûr que dans cinq ans, vous n’êtes plus à la bonne place. Cette problématique de changement est déjà compliquée pour l’individu, mais c’est encore pire pour une organisation. » 

Le nerf de la guerre

À ce raisonnement, Mme Simard vient ajouter la problématique du financement et de la rémunération. « Je crois beaucoup en l’avenir de ce type de création immersive [le balado], assure-t-elle. Là où le bât blesse, c’est qu’il y a peu d’argent à faire. »

 

https://soundcloud.com/user-535983937/monique-1

De son côté, M. Lehmann conclut qu’avec l’avènement du numérique et du streaming, les œuvres sonores voient valeur marchande diminuer. Les organismes culturels et les maisons de production sont ainsi perdants, car la logique de l’offre et de la demande de produits radiophonique est déséquilibrée.