Je m’implique, tu t’impliques, elles s’impliquent

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Par Lindsay-Anne Prévost
mercredi 26 novembre 2014
Je m’implique, tu t’impliques, elles s’impliquent
En plus de s'être impliquée politiquement durant son parcours universitaire, Martine Desjardins a fait partie de l'équipe nationale d'handball et a joué pour l'équipe de soccer du Vert et Or de l'Université de Sherbrooke.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
En plus de s'être impliquée politiquement durant son parcours universitaire, Martine Desjardins a fait partie de l'équipe nationale d'handball et a joué pour l'équipe de soccer du Vert et Or de l'Université de Sherbrooke.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
Que ce soit sur le plan de la politique municipale, provinciale ou fédérale, la parité entre les sexes n’est pas encore acquise, et la politique étudiante n’échappe pas à cette réalité. L’absence de modèles et les préjugés envers les femmes semblent mettre un frein à l’implication de celles-ci dans les instances étudiantes.

«Cette disproportion au sein de la politique fédérale et provinciale se reflète dans la politique étudiante », remarque le secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM), Vincent Fournier Gosselin.

Plusieurs pourraient être portés à croire qu’il en va autrement à l’Association pour une solidarité étudiante syndicale étudiante (ASSÉ) qui prône le principe d’un « féminisme combatif visant l’abolition du système patriarcal, contre toute forme d’oppression et de discrimination ». Pourtant, le phénomène y est aussi présent. « Parfois, il y a des comités exclusivement formés d’hommes, c’est le cas actuellement du comité de luttes sociales, on juge que la situation est vraiment problématique », témoigne l’étudiante à la maîtrise en sciences de la communication à l’UdeM Alexandra Pelletier qui siège au comité femmes de l’ASSÉ.

Le problème se fait également sentir à la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) confirme la chroniqueuse Martine Desjardins, qui a siégé à la présidence de la Fédération de 2011 à 2013. « Il n’y a pas de critères ni d’exigences vis-à-vis de la parité au sein de la FEUQ », rappelle l’ancienne présidente.

Des hommes qui recrutent des hommes

Pour Alexandra Pelletier, Martine Desjardins et Vincent Fournier Gosselin, il est difficile d’expliquer les raisons pour lesquelles la parité n’est pas encore acquise. Toutefois, selon Martine Desjardins, le sexe qui prime au sein d’une association étudiante peut avoir une influence sur le recrutement. Lorsque cette dernière s’est présentée à la tête de la FEUQ, la parité était presque acquise avec trois femmes sur huit. Toutefois, lorsqu’un président a pris la relève après son départ, le nombre de femmes a diminué.« Quand je suis partie, l’équipe qui se présentait n’avait pas de femmes dans ses rangs, affirme l’ancienne présidente, qui avoue être intervenue. Ils en ont recruté deux par la suite. J’imagine qu’étant donné que c’est un réseau masculin, ils vont recruter d’abord dans ce réseau. » Cette réalité l’amène à qualifier le domaine politique de « boys club ». Con­séquem­ment, les femmes manquent de modèles desquels elle pourraient s’inspirer.

Selon Alexandra Pelletier, l’implication féminine dans les associations étudiantes requiert une volonté de s’exprimer. « Lorsqu’on prend la parole pour des causes qui touchent les femmes, je trouve qu’il n’y a pas une grande réceptivité, car trop souvent, on nous dit que les femmes ont déjà fait des gains , remarque-­t-elle. Je crois qu’il faut différencier la prise de parole et la réceptivité des gens à l’égard des femmes. »

Martine Desjardins, quant à elle, déplore les préjugés envers les femmes qui les mènent à penser qu’elles ne peuvent pas s’impliquer en politique. « Quand on se présente à la tête de la FEUQ par exemple, il faut être capable de penser au niveau politique, médiatique, administratif et stratégique, souligne-t-elle. Ce sont tous des éléments qu’on associe à des hommes. Il va falloir que tu travailles deux fois plus fort en tant que femme pour montrer que tu es capable de penser politiquement, et que ce n’est pas seulement les hommes autour de toi qui te permettent de comprendre les enjeux . »

Promouvoir l’implication féminine

Depuis 1976, la FAÉCUM n’a élu que six femmes au poste de secrétaire générale. « Nous sommes en train de mettre sur pied une journée de formation pour les femmes qui s’impliquent dans la politique étudiante pour pouvoir les aider à développer certaines compétences qui sont ciblées comme étant utiles pour favoriser la participation des femmes », indique le secrétaire général Vincent Fournier Gosselin.

Une étude est en cours du côté de la FEUQ et de la FAÉCUM afin de mieux comprendre ce qui fait obstacle à l’implication féminine dans les associations étudiantes. Les résultats seront connus au début de l’année 2015.