Imaginer le futur

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Par Amandine Hamon
mercredi 5 septembre 2018
Imaginer le futur
Des étudiants assistent à une projection organisée par Cinema Politica au Virage Campus MIL en août dernier. (crédit Philippe Chagnon)
Des étudiants assistent à une projection organisée par Cinema Politica au Virage Campus MIL en août dernier. (crédit Philippe Chagnon)
Pour ses 15 ans, et à l’occasion du 150e anniversaire du Canada, Cinema Politica propose d’imaginer la vie dans 150 ans. Quinze courts-métrages sélectionnés dans le cadre du projet Futurisme documentaire seront diffusés dès la rentrée 2018. Analyse d’un nouveau genre.
« L’idée, c’est de prendre le matériel du présent, les histoires, les réalités, et de réfléchir à ce qui est possible dans le futur. »
Svetla Turnin Cofondatrice de Cinema Politica

En novembre 2017, un jury composé des cinéastes Danis Goulet, Skawennati et Nalo Hopkinson a sélectionné une quinzaine de courts-métrages répondant à la consigne spéculative du futurisme documentaire. Les films ont été travaillés par leurs auteurs depuis leur sélection et seront projetés en septembre 2018.

Invention d’un nouveau genre

« Le futurisme documentaire, c’est notre premier projet de production, affirme la cofondatrice du réseau Svetla Turnin. Quand les artistes ont été sélectionnés, nous avons financé les films. » L’un des engagements de Cinema Politica est de soutenir des réalisateurs originaires des communautés qu’ils filment, afin d’éviter les pertes de contexte.

C’est le saxophoniste James Goddard qui a été choisi comme coordinateur du projet. « Aujourd’hui, les conservateurs cherchent à rétablir des systèmes de pouvoir anciens, revenir à ce qu’il y avait avant, explique Goddard. Pour contrer ça, il y avait une volonté d’imaginer le futur avec espoir. » Le promoteur culturel précise que les communautés marginalisées ont une histoire qu’on essaie parfois d’effacer, d’où l’importance pour elles d’imaginer leur place dans le futur.

Presque de la science-fiction

Pionnier du futurisme documentaire, The Wakening, de Danis Goulet, est l’un des films qui ont inspiré Cinema Politica. Dans le court-métrage, la réalisatrice crie métisse, originaire de la Saskatchewan, imagine un futur proche dans lequel la Loi sur les Indiens introduite en 1876 au Canada serait appliquée à tous les citoyens. La mise en scène, dystopique et brutale, frise la science-fiction.

Si cet effort d’allier la spéculation et l’information semble antithétique, le genre reste documentaire, selon Svetla Turnin. « L’idée, c’est de prendre le matériel du présent, les histoires, les réalités, et de réfléchir à ce qui est possible dans le futur », énumère-t-elle.

Faut-il tout réinventer ?

Le chargé de cours en histoire du cinéma Hubert Sabino-Brunette croit encore à l’expérience du cinéma qui offre la possibilité de discuter des films avec les autres. « Seul, chez soi, on choisit un peu ce qu’on veut comprendre, ajoute celui qui s’occupe de la branche Cinema Politica à l’UdeM. C’est important d’amener un discours en invitant des experts et de se confronter aux autres façons de voir le monde. » Un moyen de se rapprocher de la devise de Cinema Politica, Screening Truth to Power.