Histoire de famille

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Par Vanessa Mounier
mardi 20 mars 2012
Histoire de famille

Déterminée dans ce qu’elle entreprend, la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, se retrouve devant les caméras depuis le début de son mandat en mai 2011. Représentante de plus de 125 000 étudiants, Martine Desjardins explique d’où vient sa combativité dans les causes qu’elle défend.

Martine Desjardins, présidente de la FEUQ, s'est mariée l'été dernier. (Crédit : Pascal Dumont)

 

Quartier Libre : Qu’envisagez- vous après votre mandat à la présidence de la FEUQ ?

Martine Desjardins : Déjà une année à la FEUQ, c’est épuisant mentalement et physiquement, parce qu’il y a énormément de confrontations, de situations de conflit qu’on doit régler tous les jours. Mais je prévois poser ma candidature pour un second mandat. Autant c’est très difficile, autant j’adore ce que je fais. Je ne changerais ma place pour rien au monde. Ensuite, professionnellement parlant, j’aimerais être professeure à l’université. J’ai beaucoup aimé mes cinq années en tant que chargée de cours. D’ailleurs, mes cours étaient donnés sous la forme de débats.

Q.L. : Depuis quand êtes-vous impliquée dans la lutte contre la hausse des frais de scolarité ?

M.D. : Je milite contre la hausse des frais de scolarité depuis 2005. À l’heure où je terminais mon baccalauréat en sciences de l’éducation, je descendais manifester dans la rue. En 2007, j’étais également présente. Je n’aurais cependant jamais pensé être à la tête d’une telle fédération. Les choses se sont faites petit à petit.

Q.L. : Qu’est-ce qui vous a marqué dans votre parcours personnel ?

M.D. : J’ai travaillé comme intervenante auprès de jeunes délinquants et de jeunes mères dans un organisme communautaire dans le quartier Saint-Michel à Montréal. Cela m’a mise dans des situations de crise, et nous sommes au Québec en pleine situation de crise. En 2010, je suis devenue vice-présidente aux affaires académiques des cycles supérieurs, puis présidente de l’Association des étudiantes et étudiants de la faculté des sciences de l’éducation (ADEESE-UQAM). Un an plus tard, me voilà présidente de la FEUQ. Tout ce que j’ai assimilé en travail communautaire, lors de la gestion du stress ou de situations explosives, me sert énormément aujourd’hui.

Q.L. : En acceptant d’être à la tête de la FEUQ, vous avez volontairement mis la rédaction de votre thèse de côté. Aucun regret ?

M.D. : Mon poste à la FEUQ demande beaucoup de sacrifices personnels, car c’est un rôle à temps plein. Mais en même temps, la cause est beaucoup plus importante à mes yeux que de terminer mon doctorat. S’il y a une bataille que les étudiants peuvent gagner, c’est celle-là. C’est pourquoi j’ai voulu faire partie des gens qui allaient se mobiliser. Je me suis fait élire en me disant : « J’ai mis mon doctorat de côté, on va la gagner cette bataille. » C’est d’autant plus motivant de se consacrer uniquement à ce que nos actions à la FEUQ aboutissent. C’est ma motivation individuelle. Je ne me suis pas engagée pour me contenter du statu quo.

Q.L. : D’où vient ce côté combatif ?

M.D.: Les femmes de ma famille ont un caractère pugnace. Ma grand-mère s’est battue pour que ma tante aveugle puisse faire son baccalauréat en lettres à l’UdeM. Ce dévouement assez exceptionnel est un bel exemple. Il fallait beaucoup de détermination et c’est quelque chose qu’elle nous a légué. Il faut se battre quand l’on croit à quelque chose, même si ce n’est pas pour nous, mais pour les autres. Mes parents, quant à eux, me soutiennent et m’encouragent. Je pense que ça fait partie de mes valeurs familiales que de faire un don de soi important.

 

 

Qui est martine desjardins ?

Née en 1982 à Montréal, Martine Desjardins a obtenu un baccalauréat et une maitrise en sciences de l’éducation à l’uQAM et à l’Université de Sherbrooke. Elle est aujourd’hui inscrite au doctorat en éducation à l’uQAM, mais son poste de présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) l’a poussée à mettre son projet en veilleuse durant son mandat.

 

Nos journalistes ont essayé de joindre Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la classe, qui a refusé de nous accorder une entrevue.