Culture

L'exposition présente une quarantaine d'objets ethnographiques sur les 300 que contient la collection de Jacques Dansereau. Crédit Photo: Isabelle Bergeron

Fascination et anthropologie

« Ce sont des masques, des sculptures et des objets utilitaires ou de prestige, qui illustrent une riche variété de pratiques rituelles et domestiques », explique la coordonnatrice des expositions au Carrefour des arts et des sciences, Pauline Pourailly. L’exposition présente une quarantaine d’objets fabriqués au cours du xxe siècle et provenant essentiellement d’Afrique. Ils font partie des 300 éléments qu’a rassemblés le collectionneur tout au long de sa vie.

« C’est une collection très complète, pense l’étudiante au baccalauréat en anthropologie à l’UdeM Marie Schall. Il y a une variété d’objets de cultures différentes, de plusieurs régions, d’Afrique et de Papouasie, avec des techniques et des rituels variés. Cela nous permet de nous rendre compte que ces peuples ont des cultures très créatives par rapport à la nôtre. »

Médecin, artiste et collectionneur, Jacques Dansereau est né en 1932 et est décédé en octobre 2011. Ayant à cœur de ne pas laisser l’impressionnante collection de son mari orpheline, Marilyn Quinn Dansereau décide d’en faire don à l’Université. « Ce sont des objets qui témoignent des usages d’une société », poursuit Mme Pourailly.

D’abord chirurgien esthétique de renom, Jacques Dansereau n’a jamais cessé de se passionner pour la sculpture sur bois. En 1989, il troque définitivement le bistouri pour la tronçonneuse. « Le sentiment du beau a toujours été au cœur de ma vie », explique-t-il en 2007 à la revue Vie des Arts*. Mais certaines de ses œuvres ne se résument pas à leur intérêt esthétique. Souvent, elles sont aussi pratiques et servent à accueillir son impressionnante collection d’objets ethnographiques, issue principalement d’Afrique et de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Anthropologie et ethnocentrisme

Cette collection peut être vue comme le reflet de l’anthropologie en général, plutôt qu’une simple vitrine des pratiques d’un peuple en particulier. « Si certains des objets présentés ont été utilisés dans leur contexte d’origine, d’autres ont été conçus pour être vendus sur le marché occidental », précise Mme Pourailly.

Car l’enjeu de l’exposition est aussi de montrer que les Occidentaux du xxe siècle se sont passionnés pour l’art africain sans toujours vraiment le comprendre. « Ce qui plaisait aux Occidentaux du siècle dernier dans ces objets, c’était leur altérité », explique le directeur du Département d’anthropologie, Guy Lanoue. « S’ils les plaçaient dans des vitrines, c’était surtout, pour eux, une manière de se rappeler leur soi-disant “modernité” face à ces peuples peu connus et souvent qualifiés de “primitifs” », dit-il.

Pour Marie Schall, l’exposition s’adresse à l’ensemble de la communauté universitaire et non exclusivement aux étudiants en anthropologie. « Quand on parle de civilisations et de différences entre celles-ci, les personnes non sensibilisées à la question n’ont pas d’idées claires sur le sujet, commente-t-elle. Ici, l’exposition permet de se rendre compte du choc des civilisations qui a eu lieu. »

Entre ethnologie et histoire de l’ethnologie, cette collection s’appréhende de bien des manières. Si ces objets ont plusieurs sens, « c’est avant tout la diversité des imaginaires que souhaite montrer cette exposition », rappelle M. Lanoue.

Le sens des objets

Carrefour des arts et des sciences | Salle C-2081 | Pavillon Lionel-Grioulx | UdeM

Jusqu’au 12 novembre | Gratuit

*http://bit.ly/1PJKgJH

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