Exposition : Jordi Bonet, de Taüll au Grand Théâtre

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Par Louis-Philip Pontbriand
mardi 10 décembre 2019
Exposition : Jordi Bonet, de Taüll au Grand Théâtre
Le commissaire de l'exposition, Èric Viladriich i Castellanas, devant l'Homme Soleil (1973) de Jordi Bonet. La lourdeur de cette pièce et le court délai d'installation a posé certains défis techniques, selon le coordonnateur du Carrefour, Maxime Belley. Photos : Louis-Philip Pontbriand
Le commissaire de l'exposition, Èric Viladriich i Castellanas, devant l'Homme Soleil (1973) de Jordi Bonet. La lourdeur de cette pièce et le court délai d'installation a posé certains défis techniques, selon le coordonnateur du Carrefour, Maxime Belley. Photos : Louis-Philip Pontbriand
Le Carrefour des arts et des sciences de l’UdeM présente une rétrospective de l’œuvre de l’artiste québécois d’origine catalane Jordi Bonet, décédé il y a 40 ans cette année. Sa murale du Grand Théâtre de Québec, dévoilée en 1969, avait suscité l’émoi du public par l’insertion de deux phrases empruntées à l’artiste Claude Péloquin. Selon le commissaire de l’exposition, cette murale souligne l’influence de la Catalogne sur l’œuvre de l’artiste.

« L’exposition retrace la catalanité de cet artiste, arrivé au Québec en 1954 pour échapper à la “Grande noirceur” du franquisme, explique le commissaire de l’exposition, également chargé de cours et coordonnateur du cycle d’études catalanes de l’UdeM, Èric Viladrich i Castellanas. Selon lui, Jordi Bonet est arrivé au Québec à la toute fin du règne de Duplessis, et donc au moment idéal pour se tailler une place au sein de la communauté artistique catalane en pleine effervescence, et ainsi laisser sa marque sur la société. « À partir de 1960, c’est la Révolution tranquille et tout s’offre à lui, développe-t-il. Rapidement, il commence à faire des œuvres et entre en contact avec la communauté catalane. »

 

La murale du Grand Théâtre de Québec, dévoilée par Jordi Bonet en 1969.

Une partie de la murale du Grand Théâtre de Québec, dévoilée par Jordi Bonet en 1969.

 

M. Viladrich i Castellanas précise que les célèbres phrases de Claude Péloquin, « Vous êtes pas écœurés de mourir, bandes de caves ! C’est assez ! », gravées par Bonet à même sa murale au Grand Théâtre et qui avaient créé un scandale, étaient en fait un message anti-guerre. « C’était un cri du cœur contre toute forme de violence et contre la guerre [du Viêt Nam], qui était d’actualité à l’époque », précise-t-il. Le chargé de cours mentionne qu’il a vu cette phrase reproduite sur la pancarte d’une manifestante lors de la Marche pour le climat du 27 septembre dernier. « On a réapproprié ce message pour l’actualité d’aujourd’hui », constate-t-il.

 

L'homme soleil, une sculture en aluminium réalisée par Jordi Bonet en 1973.

L’homme soleil, une sculture en aluminium réalisée par Jordi Bonet en 1973.

 

Métaux lourds

L’exposition présente plusieurs sculptures originales de Bonet, des photographies de l’artiste, une projection murale et une installation vidéo. Le coordonnateur du Carrefour des arts et des sciences, Maxime Belley, explique que la sculpture en aluminium L’homme soleil, d’environ 110 kilos, a dû être fixée au mur par un menuisier professionnel afin d’écarter tout danger pour le public. « Ça n’aurait pas fait très professionnel qu’elle penche en avant », ajoute-t-il.

Au vernissage du 4 décembre dernier, la guitariste et chanteuse québécoise Valérie Gagné a interprété plusieurs morceaux en catalan, accompagnée de la violoniste Rebecca Leclerc. L’exposition Jordi Bonet, de Taüll au Grand Théâtre, est en cours jusqu’au 12 mars 2020 au pavillon Lionel-Groulx de l’UdeM.

 

Nacer (Naître), une sculpture en bronze réalisée par Jordi Bonet en 1973.

Nacer (Naître), une sculpture en bronze réalisée par Jordi Bonet en 1973.

La musicienne Valérie Gagné, photographiée devant l'Homme soleil de Jordi Bonet.

La musicienne Valérie Gagné, photographiée devant l’Homme soleil de Jordi Bonet.