Éviter le piège

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Par Jules Couturier
jeudi 31 janvier 2019
Éviter le piège
L’étude s’est intéressée aux partages sur les médias sociaux de 1200 personnes durant la campagne électorale américaine de 2016. Crédit photo : Pxhere,
L’étude s’est intéressée aux partages sur les médias sociaux de 1200 personnes durant la campagne électorale américaine de 2016. Crédit photo : Pxhere,
Les ainés, habitués aux médias traditionnels, partagent sept fois plus de nouvelles erronées que les jeunes, selon une récente étude*. À la recherche de conseils pour nos grands-parents, Quartier Libre a rencontré le chargé de cours au Département de communication de l’UdeM Vincent Denault, qui est spécialiste des fausses informations scientifiques.

Vérifier la référence

Pour identifier une fausse information, il est nécessaire de pouvoir distinguer une opinion d’un fait, selon le chargé de cours. Il conseille en premier lieu de vérifier s’il y a une source, et ce, d’autant plus si le sujet suscite une réaction émotive. « Une personne non capable de vérifier l’information est une personne pouvant être davantage manipulée », explique M. Denault.

Selon lui, la fausse information est un enjeu très proche de la question de la démocratie. « Si les gens sont mal informés, qu’on arrive à leur faire croire n’importe quoi, alors il est possible de leur faire faire n’importe quoi », prévient-il.

Lire la source

Vérifier l’existence d’une source n’est pas suffisant, selon lui. « Cela arrive que des gens mettent de l’avant ce qui n’est pas scientifique en voulant le faire passer pour scientifique, ajoute-t-il. Il faut alors aller lire la source. » Le chargé de cours insiste sur le fait qu’une affirmation extraordinaire mérite une preuve à sa hauteur.

Il constate qu’il est courant d’utiliser des termes scientifiques pour vendre des produits. « Il y a comme une aura de confiance, de crédibilité, d’efficacité associée à la science, relève-t-il. Dès qu’une publication est annoncée comme scientifique, il doit y avoir la source à la fin de l’article. »

Développer son esprit critique

« Il faut être conscient que ce n’est pas parce qu’une chose existe depuis longtemps ni parce que quelqu’un d’important l’utilise que cela fonctionne forcément », commente M. Denault. Il soutient également qu’une information corroborée par une seule source devrait susciter la méfiance.

Il invite également les gens à faire attention aux algorithmes. « Dépendamment de nos interactions sur les médias sociaux, on peut être feedé avec beaucoup d’informations qui nous ressemblent », explique-t-il. Cela peut mener à être conforté dans ses idées et à devenir intolérant, selon lui.

Faire le juste milieu

« Il ne faut pas douter de tout non plus, nuance M. Denault. Si croire en tout est problématique, croire en rien l’est aussi. » Il conclut qu’il faut entretenir un doute raisonnable.

* Andrew Guess, Jonathan Nagler, Joshua Tucker, « Less than you think : Prevalence and Predictors of Fake News Dissemination on Facebook », Science Advances, vol. 5, no 1, 9 janvier 2019.