Étudiants pharmaciens inquiets

icone Campus
Par Michel Hersir
mercredi 14 décembre 2016
Étudiants pharmaciens inquiets
Le président de l’Association des étudiants en pharmacie de l’UdeM, Nicolas St-Onge, portant le macaron produit dans le cadre de leur campagne de sensibilisation. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
Le président de l’Association des étudiants en pharmacie de l’UdeM, Nicolas St-Onge, portant le macaron produit dans le cadre de leur campagne de sensibilisation. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
La Faculté de pharmacie et ses étudiants lancent une campagne de sensibilisation après l’annulation de plusieurs stages. Une cinquantaine de stagiaires ont perdu leur place attribuée et la situation pourrait se dégrader.
« Un des rares moyens [de pression] possibles [pour les professionnels] est de retirer des stages, dans le but d’impliquer les facultés dans ces mouvements. »
Nicolas St-Onge, président de l’Association des étudiants en pharmacie de l’UdeM (AÉPUM) et étudiant au doctorat de premier cycle en pharmacie.

Le bras de fer que se livrent les pharmaciens et le gouvernement du Québec depuis le mois d’avril a finalement touché le milieu étudiant. En guise de moyen de pression contre certains amendements du projet de loi 92, les cliniciens associés, soit les pharmaciens qui accueillent les stagiaires en pharmacie, se désistent comme milieu de stage. Ces mesures sont immédiates, alors que certains stages qui étaient prévus pour le début du mois de janvier ont été annulés. « Les stages comptent pour 25 % de notre formation en pharmacie, note le chargé aux affaires externes de l’Association des étudiants en pharmacie de l’UdeM (AÉPUM) et étudiant au doctorat de premier cycle en pharmacie, Charles-Édouard Morel. Notre dernière année est composée entièrement de stages. Un retard veut donc dire qu’on doit attendre qu’un autre se libère. »

C’est à la mi-novembre qu’a débuté la mobilisation auprès des membres de l’AÉPUM, explique le président de l’association et étudiant au doctorat de premier cycle en pharmacie, Nicolas St-Onge. « On a distribué des macarons pour que les étudiants les portent à leur milieu de stage et on a invité nos membres à afficher des bannières sur leur page Facebook pour expliquer quel est le rôle du pharmacien », développe-t-il. Charles-Édouard, pour sa part, indique que la campagne sert à montrer le soutien de l’Association aux pharmaciens, tout en signifiant une inquiétude devant la perte des stages.

Les cliniciens associés ont décidé de se retirer en tant que milieux de stage, car leurs moyens de pression sont limités. « Il faut comprendre que les pharmaciens en milieu communautaire n’ont pas le droit d’utiliser des moyens de pression classiques comme fermer la pharmacie ou réduire les heures d’ouverture parce que la Loi sur la concurrence l’interdit, continue Nicolas. Cela fait en sorte qu’un des rares moyens possibles est de retirer des stages, dans le but d’impliquer les facultés dans ces mouvements. »

Dossier en attente

Un arbitrage est présentement en cours entre le ministre de la Santé, Gaétan Barrette et l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP). Une décision devrait être rendue en janvier. Pour ce qui est de leur plan d’action pour des mobilisations futures, l’AÉPUM et la Faculté de pharmacie attendent de voir comment le dossier va évoluer. « On appuie les pharmaciens dans leurs demandes, on croit que c’est très louable et que leurs conditions ne sont pas idéales, souligne la vice-doyenne aux études de premier cycle en pharmacie, Ema Ferreira. En même temps, je ne pense pas que ce soit la mission de l’Université d’aller défendre des revendications comme celle concernant la rémunération. On s’inquiète surtout pour la formation de nos étudiants. »

D’ailleurs, les mouvements de sensibilisation entamés récemment par les étudiants concernent le rôle et l’image du pharmacien, qui ont été malmenés, selon eux, lors des dernières coupes budgétaires du ministre de la Santé. Les amendements du projet de loi 92 constituent l’un des symptômes de cette situation. « Le rôle du pharmacien, ce n’est pas juste de vendre des pilules, affirme Nicolas. On ne veut pas mettre l’accent sur le pharmacien le moins cher, mais bien sur le plus compétent. »

La Faculté de pharmacie de l’UdeM s’est jointe à celle de l’Université Laval pour publier un communiqué de presse le 5 décembre dernier exprimant leur inquiétude vis-à-vis de la situation entre les pharmaciens et le gouvernement du Québec. Les deux facultés en ont profité pour réitérer leur soutien aux cliniciens associés.

6