Étudiants internationaux menacés d’expulsion

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Par Julien Tardif
jeudi 20 avril 2017
Étudiants internationaux menacés d’expulsion
Le ministère de l'immigration a convoqué 597 étudiants afin de tester leur maîtrise du français. Crédit photo : Pixabay | annemcdon.
Le ministère de l'immigration a convoqué 597 étudiants afin de tester leur maîtrise du français. Crédit photo : Pixabay | annemcdon.
Sous prétexte qu’ils ne maîtrisent pas assez bien le français, 413 étudiants internationaux ont vu leur demande de certificat de sélection du Québec (CSQ) rejetés ou refusés. Une situation dénoncée par l'association Concordia Student Union (CSU), qui appelle au soutien de ces étudiants.

Dans le cadre du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), qui permet d’accueillir chaque année des étudiants internationaux, il est demandé aux étudiants de suivre des cours de français afin d’obtenir leur CSQ et ainsi de se préparer à une éventuelle demande de résidence permanente.

Ce sont 600 de ces étudiants, dont la majorité de pays du Moyen-Orient, de l’Inde et de la Chine, qui ont reçu ces derniers mois une lettre de la part du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI) du Québec les convoquant à une entrevue spéciale. Selon le CSU, le MIDI affirmait dans le message « avoir des motifs de croire qu’un document faux ou trompeur leur [avait] été transmis au niveau de la connaissance du français. » L’association réclame une révision des 413 dossiers refusés sur les 600 étudiants convoqués et a envoyé une lettre à ce sujet au Protecteur du citoyen, appuyée notamment par le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR).

L’avocat spécialisé en immigration David Falk était sur place lors de ces entrevues qu’il qualifie d’abusives. « Sur place, on ne les a pas questionnés sur [la fraude], a-t-il affirmé en entrevue au journal Métro. On contrôle seulement leur niveau oral du français pendant 30 à 45 minutes, sans les prévenir. » Une note de 7 sur 12 est nécessaire pour que la demande de CSQ soit acceptée.

Pour le coordinateur de la clinique d’information juridique du CSU, Walter Chi-Yan Tom, il est normal que plusieurs échouent à un test pour lequel ils n’étaient pas préparés et surtout dans un contexte où ils sont soupçonnés de fraude. Une façon de faire que David Falk qualifie même d’illégale. « S’il y avait vraiment une fraude, on présenterait des preuves et on en parlerait, juge-t-il. C’est choquant. »

Le MIDI s’est justifié en affirmant avoir identifié certaines pratiques utilisées afin de contourner les règles, assurant avoir à cœur d’accepter des candidats qui seront aptes à intégrer le marché du travail. Une enquête serait actuellement menée sur ce sujet par l’Unité permanente anticorruption (UPAC).