Entrevue futuriste avec Misteur Valaire

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Par Pascaline David
mercredi 13 octobre 2010
Entrevue futuriste avec Misteur Valaire

S’il faut le mentionner, Misteur Valaire est une formation d’électro jazz à cinq têtes. Avec le lancement de Golden Bombay, un troisième album aux influences plus pop que les précédents, les boys du groupe, déjà talentueux et déraisonnables, avaient comme objectif de se rendre musicalement plus accessibles et exportables. Quartier Libre a investigué la planète et a retrouvé un contingent de Misteur Valaire à Vincennes, ville de France célèbre pour son château.Luis Clavis (percussions et voix) et Roboto (trompette, piano et synthétiseur) répondent d’un seul éclat turbulent aux interrogations de Quartier Libre ; c’est légitime, ils jouent ensemble depuis l’âge de six ans et ils ont un verre de kir à la main. Quartier Libre tenait à faire une entrevue du futur et ne s’est pas déplacé pour la cause. (Skype, c’est l’avenir des années 1970).

Quartier Libre : Le futur est-il dans la nage synchronisée ?

Misteur Valaire : Oui.

Q.L. : Pourquoi ?

M.V. : D’un point de vue philosophique, je dirais parce la nage synchronisée, c’est l’avenir. As-tu vu le film Waterworld ? Les humains ont des branchies et la terre se remplit d’eau. L’avenir est dans la nage.

Q.L. : Quel futur espérez-vous pour les chemises de dragon et les chaînes de pimp?

M.V. : Les chemises de dragon et les chaînes de pimp, ça répond un peu au même principe que ceux qui fument des butchs. On appelle ça le niveau deux : les choses font leur temps mais reviennent en force. C’est comme les années 1980 et le fluo. Aujourd’hui, nous, on est rendus plus fluor. En France, le niveau de fluor peut être plus élevé qu’au Québec. On peut avoir tout le fluor qu’on veut. On peut même se faire des kirs au fluor. Au Québec, à cause des lacs et des algues bleues, on n’a pas cette liberté-là.

Q.L. : Quel futur pour la ville de Saint-Eustache ?

M.V. : C’est une ostie de bonne question. Nous sommes habitués à aller à la paroisse de Saint-Eustache. On n’y est allés que trois fois, mais très intensément. En fait, la paroisse de Saint-Eustache est devenue une une salle de spectacle. Tout est paroissial à Saint-Eustache : c’est pas mêlant, ils ont le cul sacré là-bas.

Q.L. : À quoi ressemblerait une poutine futuriste ?

Roboto: Moi je suis contre la poutine futuriste : pour la poutine classique ! Par contre, les gens méconnaissent la poutine rosée.

Luis Clavis : C’est une poutine italienne avec de la mayonnaise. Plus tu mélanges, plus tu ajoutes de mayonnaise, plus c’est copieux. R. : D’ailleurs, les rumeurs voulant que la poutine vienne de la Basse- Ville, je ne crois pas vraiment à ça.

Q.L. : Quel type de musique a le plus d’avenir ? Le jazz, le pop ou le rock ?

M.V. : Le pop-rock à tendance jazz. Le jazz fusion. Savais-tu que les filles aimaient beaucoup le jazz fusion ?

Q.L. : Quel futur pour le CD plastique ?

R. : Moi je suis très nylon.

L.C. : Moi je suis plus lycra. Mais on est dans l’ère du Bluetooth. Le futur est la voie des airs. Dans les Internets aussi : les Internets n’existent pas en France d’ailleurs.

Q.L. : Quelle est la salle la plus futuriste dans laquelle vous ayez joué ?

M.V. : On a joué dans un cube lors des Jeux Olympiques de Vancouver. C’était la Maison du Québec à Vancouver. La Maison du Québec était en compétition avec celle de l’Ontario. L’Ontario disait que leur maison était 4D (dés). Nous on trouvait que c’était vrai que ça sentait la marde leur histoire. Tsé. Il n’y a rien qui peut être de quatre dimensions.

Q.L. : Qu’existe-t-il entre le rétro et l’avant-gardiste ?

R. : Sébastien Tellier.

L.C. : Ma grand-mère. Il me semble que ma grand-mère a de quoi… Tu sais, les rideaux en dentelle orange, comme dans 2001, l’Odyssée de l’espace. La boule à mites a aussi un petit quelque chose du futur, mais ça sent vieux en crisse.

Q.L. : Le petit gadget high-tech dont vous ne pouvez pas vous passer ?

R. : Le gadget que tu attaches après le coupe-ongles et qui permet de conserver les retailles d’ongles. C’est vraiment pratique, tu peux te couper les ongles n’importe où sans problème, même au restaurant.

L.C. : Après, c’est pratique pour ceux qui aiment collectionner les retailles d’ongles dans des pots Mason. J’ai vu quelqu’un faire ça à l’émission de Janette Bertrand qui, je pense, portait sur le suicide.

Q.L. : Vous présentez votre spectacle dans un décor rappelant un plateau de télévision de 1979. D’où naît cette ferveur envers le passé ?

L.C.: On utilise des images libérées en droits. Il y un vidéo d’Offenbach sur Internet qui nous a beaucoup inspirés. Il ne manque que les whippets et les oiseaux… Sérieusement, éclairagistes et metteurs en scène nous disent que ça nous colle à la peau.

Q.L. : Connaissez-vous l’expression « un tien vaut mieux que deux tu l’auras » ?

R. : Oui mais je n’ai jamais rien compris. Je m’attarde au « tu l’auras».

L.C. : Sans mon pantalon vaut mieux le dos de la cuillère du bébé dans le bain que tu l’auras.

Q.L. : Montréal est-elle une métro pole tournée vers le futur?

M.V. : Je trouvais ça plus futuriste dans le temps de l’Expo 67, mais ils auraient dû aller jusqu’au bout de la boule. Nous on l’aurait brûlée. Mais aujourd’hui, à Montréal, il y a aussi la Société des arts technologiques (SAT) qui a construit un dôme pour la projection et la diffusion sonore (SAT[osphère]).

Q.L. : Vous êtes nominés quatre fois au Gala alternatif de la musique indépendante du Québec. Croyez-vous que ces nominations serviront au futur de Misteur Valaire ?

M.V. : Ça dépend si on gagne. Mais juste le fait d’être selectionnés, c’est vraiment nice. Ça veut dire qu’on est reconnus par nos pairs. On en a plusieurs, pairs.

Q.L. : Quels sont vos projets futurs ?

L.C. : Un album de qualité Motel. Pas l’adjectif mais le groupe. Tourner dans le plus d’endroits possible. Continuer d’évoluer de façon constante et enrichissante, autant pour nous que pour le projet.

R. : Faire de la poutine en France.

Misteur Valaire est en spectacle au Métropolis le 20 octobre prochain.

L’origine du nom Misteur Valaire provient d’un ami du groupe, d’origine mexicaine, qui souhaitait changer son nom de Carlos Ramirez en Carl Valaire, afin de le rendre plus québécois.