entre la cour, la classe et l’Assemblée

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Par Charles-Antoine Gosselin
mercredi 23 avril 2014
entre la cour, la classe et l’Assemblée
Le doctorant en droit constitutionnel Simon Jolin-Barrette compte terminer ses études malgré son élection comme député de la circonscription de Borduas. (crédit photo : Charles-Antoine Gosselin)
Le doctorant en droit constitutionnel Simon Jolin-Barrette compte terminer ses études malgré son élection comme député de la circonscription de Borduas. (crédit photo : Charles-Antoine Gosselin)

L’étudiant au doctorat en droit constitutionnel à l’UdeM Simon Jolin-Barrette sera le plus jeune député de l’Assemblée nationale du Québec. Le candidat de la Coalition Avenir Québec (CAQ) a détrôné le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, dans la circonscription de Borduas lors des élections provinciales, le 7 avril dernier. Le doctorant devra donc quitter ses fonctions d’avocat aux Services juridiques de la Ville de Montréal.

Quartier Libre : Comment vous sentez-vous après votre victoire contre Pierre Duchesne ?

Simon Jolin-Barrette : Je viens justement d’apprendre qu’il n’y aura pas de recomptage, sachant que je n’ai remporté que par 99 voix. Je ne veux pas critiquer le travail de M. Duchesne. Il faut féliciter les gens qui décident d’embrasser l’engagement politique. Le Parti québécois (PQ) souhaite la souveraineté, et c’est leur obsession. Nos priorités sont différentes, et je crois que celles du Québec le sont aussi.

QL : À quoi attribuez-vous votre victoire cette fois-ci ?

[NDLR: Lors des élections générales de 2012, Simon Jolin-Barrette était candidat dans la circonscription Marie-Victorin.]

S. J.-B. : Il y a plusieurs raisons. Un des facteurs est que je suis originaire du comté de Borduas. J’y ai été extrêmement présent. De plus, j’ai vraiment misé sur une démarche pédagogique avec les questions : «Quelles sont nos idées et pourquoi veut-on les appliquer?» Les gens ont envie d’appuyer un parti qui œuvre rigoureusement et dans l’intégrité. Je suis jeune. J’ai 27 ans et je crois qu’ils ont vu que je voulais changer les choses. Finalement, c’est la performance de François Legault qui a fait la différence. Force est d’admettre qu’après le deuxième débat, on a senti un changement sur le terrain.

QL : Allez-vous arrêter vos études ? Sinon, pensez-vous revenir à l’Université après votre mandat ?

S. J.-B. : Je vais prendre une session de répit et voir si mon emploi du temps me permet de reprendre à l’automne. Au moins, je terminerai dans les prochains jours ma scolarité doctorale. À l’automne, j’étudierai à temps partiel. Je pourrai me concentrer sur ma recherche. Celle-ci porte sur le respect du partage des compétences par les entités composant la fédération canadienne et les incidences sur les groupes nationaux. Je ferai une analyse juridique du point de vue historique.

QL: Vos études supérieures vous seront-elles utiles dans votre mandat ?

S. J.-B. : Souvent, on dit qu’il y a beaucoup d’avocats en politique parce que notre formation nous y prédestine. Le député est aussi appelé le législateur. Donc, pour l’analyse des projets de loi, ma formation scolaire et professionnelle sera un bon outil.

QL : Pourquoi avez-vous décidé de vous joindre à la CAQ en 2012?

S. J-B. : J’ai toujours été politisé, mais je ne m’étais jamais impliqué en politique provinciale. À 18 ans, j’ai été membre du Nouveau parti démocratique (NPD). Toutefois, j’ai arrêté l’année même. À la CAQ, il y a beaucoup de place pour les 18-35 ans. J’ai donc pu participer à des propositions qui se sont retrouvées dans notre programme électoral.

QL : Quelle est votre vision de l’enseignement supérieur ?

S. J.-B. : Je suis d’avis que l’éducation supérieure doit être accessible à tous. Ce que je remarque, c’est qu’il y a des problèmes de financement et de gestion. Il faut s’assurer que nos universités soient compétitives. Le Québec est une économie de savoir, et c’est en lien avec notre projet autour du Saint-Laurent : créer une espèce de Silicon Valley ici.

QL : Comment appréhendez-vous votre travail dans l’opposition?

S. J.-B. : Tout d’abord, on doit attendre de connaître la composition du cabinet de Philippe Couillard pour que la CAQ annonce son cabinet fantôme. Je n’ai pas encore eu de détails sur mon travail, car cela reste à la discrétion de M. Legault. Mais la première chose que je m’attends à faire est de rencontrer tous les acteurs d’intérêts des prochains projets de loi du Parti libéral du Québec (PLQ). Je veux m’y plonger au maximum pour pouvoir questionner l’opposition. De façon générale, je vois mon rôle en deux parties. Premièrement, il y a un rôle d’arbitrage sur le terrain, qui servira à aborder devant l’Assemblée les sujets qui concernent les citoyens de Borduas. Ensuite, comme tout député, j’aurai un rôle de législateur. C’est là que toute mon expérience scolaire et professionnelle entrera en jeu.

QL : Envisagez-vous d’être un professionnel de la politique ?

S. J.-B. : Je ne peux pas dire que je vais en faire une carrière. Cela dépend si l’on m’élit. Ce qui est certain, c’est que je vais travailler très fort pendant les quatre prochaines années.