Écran de fumée

icone Debats
Par Dominique Cambron Goulet
mercredi 17 septembre 2014
Écran de fumée
Illustration : Mélaine Joly
Illustration : Mélaine Joly

Depuis 1987, il est interdit de fumer du tabac dans les salles de cours à l’UdeM. Toutefois, cette disposition ne s’applique pas à la cigarette électronique puisqu’elle ne contient aucun tabac. Malgré la complexe Loi sur le tabac adoptée en 1999, qui a aussi interdit de fumer à moins de neuf mètres d’un établissement ou encore dans les bars, les étudiants sont encore exposés à de la fumée qui, dit-on, est de la vapeur d’eau.

N’est-ce pas étrange que l’Université, par la voix de ses chercheurs, explique que la cigarette électronique comporte des dangers (voir p.6), mais que d’un autre côté, elle permette de la fumer jusque dans les salles de classe? On se retrouve ainsi avec un message contradictoire de la part de l’Université : la cigarette électronique est mauvaise pour la santé ; nous attendons que le gouvernement légifère pour agir.

Bien sûr, l’Université a un statut ambigu. Il s’agit d’un lieu public qui doit se plier à la Loi sur le tabac, mais en même temps, l’UdeM a la liberté d’établir ses propres règlements et politiques puisqu’il s’agit d’une propriété privée. Devrait-elle prendre les devants sur le gouvernement et obliger les membres de la communauté universitaire à vapoter dehors? C’est une possibilité.

Déjà, en 1992 l’UdeM devançait la Loi sur le tabac. Elle interdisait à tous de fumer à l’intérieur de l’Université, excepté dans les foyers de la Salle Claude-Champagne et du Centre d’essai ainsi que dans les chambres des résidences universitaires, alors que seules les salles de cours et de séminaire étaient visées par la loi de 1987.

Même si la première amende de 25 $ n’était pas des plus dissuasives et que l’application du règlement était un peu laxiste, comme le témoigne l’article « Passage à tabac » de Francis Gagnon publié en 1997 dans Quartier Libre, par contre, la volonté d’offrir un environnement sans fumée était bien présente.

La culture autour de la cigarette a énormément évolué dans les dernières années, si bien que la majorité des vapoteurs vont à l’extérieur. Ce comportement les honore, mais malheureusement, on ne pourra pas se fier uniquement au civisme des fumeurs. Le culte de la cigarette a déjà été bien implanté à l’UdeM et il ne faut pas que cela reprenne avec la cigarette électronique. Surtout avec tous les efforts faits pour encourager les saines habitudes de vie. Rappelons qu’il n’y a pas si longtemps, un cendrier faisait partie du mobilier fourni dans tous les bureaux de l’Université.

Suivre la Ville ?

Le conseiller de ville du district Snowdon, Marvin Rotrand a déposé une motion à l’hôtel de ville mardi dernier pour inclure la cigarette électronique dans la Loi sur le tabac. Au moment de mettre sous presse, le vote du conseil municipal sur ce point n’avait pas encore eu lieu.

Malheureusement, la municipalité n’a pas le pouvoir législatif d’interdire la cigarette électronique dans les lieux publics de l’ensemble de son territoire. Mais si la Ville souhaite faire pression auprès du gouvernement provincial, elle devrait interdire la cigarette électronique dans ses édifices administratifs.

La métropole qui fait pression auprès du gouvernement représente une bonne première étape. L’UdeM devrait emboîter le pas.