Culture

L'étudiant à la majeure en musiques numériques Camilo-José Rivera-Tamayo dans son studio. Crédit photo : Mathieu Gauvin.

Musique de film : du son à l’image

«Le concours est ouvert à tous, explique le responsable du DESS en musique de film à l’UQAM, Mathieu Lavoie. Les critères d’évaluation ne sont pas basés sur les connaissances enseignées spécifiquement à l’UQAM. D’ailleurs, le jury n’est pas non plus constitué exclusivement de gens de l’Université. » L’objectif est de permettre aux gens du monde entier d’exercer leur créativité musicale avec des films étudiants qui viennent du réseau de l’Université du Québec, dont l’École des médias et l’École de design de l’UQAM, ainsi que l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT).

Comme l’exprime Mathieu Lavoie, qui est aussi fondateur du concours, il y a des spécificités liées à la composition de musique de film. « Pour œuvrer dans la musique de commande, il faut être polyvalent, car on se fait rarement approcher pour composer dans une seule palette stylistique, déclare-t-il. Il faut aussi avoir la capacité de composer avec une forme flexible, puisqu’en musique de film, ce sont les images qui dictent l’organisation de la structure musicale, alors qu’en concert, c’est la musique elle-même ou le compositeur. »

Cette polyvalence est peut-être l’élément qui manque aux étudiants compositeurs de la Faculté de musique de l’UdeM, qui doivent faire des choix en se spécialisant. « Les étudiants qui partent en classique pourront faire jouer leur pièce par un orchestre, mais n’auront pas nécessairement l’aspect technologique, souligne la diplômée du baccalauréat en musique – Interprétation jazz à l’UdeM et du DESS en musique de film à l’UQAM Anaïs Larocque, qui a remporté le concours l’année dernière. À l’inverse, en électroacoustique ou en musiques numériques, les étudiants n’auront pas la part d’interaction avec des musiciens. » En revanche, les enseignements offerts dans le cadre du DESS de l’UQAM permettent aux étudiants de faire jouer leurs compositions autant par des ensembles jazz et pop que par un orchestre symphonique.

S’ouvrir au cinéma

Tout n’est pas perdu pour les étudiants de la Faculté de musique de l’UdeM. Afin de diversifier son apprentissage, une solution peut être d’aller chercher des cours offerts dans d’autres cursus. C’est ce qu’a fait l’étudiant à la majeure en musiques numériques Camilo-José Rivera-Tamayo, en choisissant des enseignements tournés vers le cinéma. « Avec les cours Analyse de la musique de film, Histoire de la musique de film, Perception et œuvre d’art ou encore Langage cinématographique, je me suis construit une formation qui sensibilise à la composition de musique de film », indique-t-il. Ces cours théoriques offrent des outils pouvant aider à composer pour le cinéma, selon lui.

« Le cours d’Histoire de la musique de film est un cours d’esthétique qui présente les plus grands courants, ajoute la doctorante en musicologie et chargée de cours à l’UdeM Chloé Huvet. Le cours d’analyse, lui, permet d’acquérir un vocabulaire spécialisé. C’est un point de rencontre entre étudiants en cinéma et en musique. On y aborde les fonctions, les formes, les méthodes d’analyses appliquées à la musique de film, afin de développer la perception visuelle et auditive des étudiants. » Aucun préalable n’est exigé pour suivre ces cours.

Affirmer son style

Au-delà des cours théoriques, tout étudiant compositeur a la possibilité de se faire connaître dans ce genre de concours. « Lorsqu’on veut devenir compositeur de musique de film, on ne postule pas à une offre d’emploi, ça se fait par le réseautage et le bouche à oreille, explique Mathieu Lavoie. Les participants doivent soumettre leur travail sur Youtube et le concours offre une visibilité importante. » En plus d’être une belle vitrine, il s’agit d’un défi qui permet aux étudiants d’affirmer leur style. « Une bonne trame musicale intervient en support à l’image, mais elle a une mémorabilité, développe-t-il. C’est-à-dire qu’on est capable de s’en souvenir, elle a une personnalité unique. »

Ce genre de compétition peut agir comme un lieu de réflexion pour les jeunes compositeurs. « Que faut-il mettre en valeur dans le court-métrage ? S’agit-il d’amplifier l’image à travers la musique ou de s’en éloigner ? », se questionne Chloé Huvet. Pour pouvoir répondre, il faut s’imprégner du court-métrage en décortiquant les images, selon la doctorante. « Il s’agit de comprendre le montage, le propos du réalisateur, d’étudier les angles de vue ou encore l’échelle de temps », complète-t-elle. Car si le jury prend en compte la qualité technique, il s’attarde aussi sur l’aspect formel ou esthétique. Cela passe par l’apport du son à l’image, la subtilité et l’intelligence de la musique.

 

NDLR: Au contraire de ce qui est affirmé dans cet l’article, la composition de musique de film est présente dans plusieurs formations au sein de l’UdeM, notamment au D.E.P.A en composition pour l’écran et la scène

Voir également la brève Une discipline bien présente à l’UdeMpubliée le 2 février 2017.

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