Du name dropping pour vos esgourdes

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Par Justin D. Freeman
mercredi 12 janvier 2011
Du name dropping pour vos esgourdes

Ça y est ! 2010 est derrière nous : «une année de plus en moins » comme dirait l’autre. Il va falloir s’y faire, 2011 est déjà là. En garant du bon goût musical udemien je me dois de vous teaser un minimum sur les douze prochains mois. Loin de moi l’idée de jouer au prédicateur mais je pense que les moutons ont besoin d’un berger. Pour faire simple, disons que je vous partage gracieusement ma « feuille de route » pour 2011.

2010 était sans aucun doute l’année Kanye West. Plébiscité par la presse (spécialisée ou non), il a éclaboussé le rap game de sa patte résolument pop, grand public. Cette nouvelle année se présente pour lui sous les meilleurs auspices puisqu’il prépare un album complet en collaboration avec celui qui l’a lancé, Jay-Z. J’ose espérer une bombe mais je m’attends à tout, surtout à un pétard mouillé.

Mêmes craintes à l’ouest des États-Unis puisque Dr Dre revient enfin sur le devant de la scène. Detox, son troisième album solo, doit sortir le 21 février. Il était temps : ça fait une bonne dizaine d’années que ce disque est reporté ! Un médiocre premier single (Kush) est d’ores et déjà sorti, clip à l’appui et geignements d’Akon en bonus.

Mes grosses attentes de l’année se placent chez des rappeurs qui ne m’ont que très rarement déçu: Talib Kweli qui revient avec Gutter Rainbows, les Beastie Boys avec Hot Sauce Committee ou encore Lupe Fiasco avec Lasers (encore que le single The show goes on sente pas mal l’étron faisandé). Computers And Blues, l’ultime album de The Streets est aussi en route ; le cockney Mike Skinner a ensuite décidé de tout arrêter pour faire des films…

Dans un genre bien différent, j’attends de pied ferme The Rome, album concept hommage à Ennio Morricone. Ce projet assez dingue regroupe Daniele Luppi (compositeur, arrangeur et réalisateur, entre autres) et Danger Mouse, architecte sonore touche-à-tout (il se cache derrière Gnarls Barkley, Broken Bells ou encore l’album Demon Days de Gorillaz). Dans la liste des invités, on retrouve d’ailleurs Norah Jones et Jack White, excusez du peu.

Pour ce qui est du pop rock, 2011 s’annonce aussi une année chargée. On compte, pêlemêle, sur les retours de The Strokes, des Foo Fighters, de R.E.M., de Radiohead, de Coldplay et de U2. Ces derniers reviennent avec Songs of Ascent, un disque entièrement produit par un certain Danger Mouse, tiens donc !

Rayon électro (et genres alternatifs assimilables), je suis impatient de goûter de nouveau à The Avalanches ou encore à James Blake. Mais par-dessus tout il y en a un que j’attends au tournant, il s’agit de Grems. Rappeur français exilé à Londres, le chauve barbu collabore avec un nombre incroyable d’artistes. En 2011, c’est pas moins de quatre disques qu’il s’apprête à sortir : l’un en solo, l’autre avec Entek, un de plus avec Disiz La Peste et un dernier avec Le Jouage (ils forment ensemble le groupe Hustla). Pourquoi ne pas le classer dans la simple case rap français ? Tout simplement parce que les instrumentales sur lesquelles Grems sévit n’ont rien à voir avec ce que vous avez l’habitude d’entendre. Élevé aux productions boom bap (un style de hip-hop), l’artiste tout terrain (il est aussi graffeur et graphiste) s’aventure partout, en particulier dans la deep house et le dubstep. C’est fou, c’est inventif, ça rappe vite, ça rappe vrai. Vous vouliez du son pointu, vous voilà servis.

Ça y est ? J’ai fait le tour ? Ha, non, j’allais presque oublier… pitié, ne me parlez pas d’Aphex Twin. Ce son froid et décharné m’excite autant qu’une prostituée vérolée sortie d’un lupanar lusitanien. Rien à foutre si vous attendez son nouveau disque de pied ferme.

Voilà, c’est tout. Promettez-moi de ne pas écouter trop de saloperies en 2011, parce qu’à chaque fois mon petit coeur saigne.