Donner de sa personne

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Par Ansou Kinty
mercredi 9 avril 2014
Donner de sa personne
certains étudiants choisissent de faire du bénévolat auprès de personnes âgées en leur livrant leur épicerie. (crédit photo : Isabelle Bergeron)
certains étudiants choisissent de faire du bénévolat auprès de personnes âgées en leur livrant leur épicerie. (crédit photo : Isabelle Bergeron)

Certains étudiants s’engagent bénévolement tout au long de leur parcours universitaire. Les motifs qui les poussent à donner de leur temps gratuitement sont de tous types : temps libre, conviction ou volonté d’acquérir de nouvelles compétences. Toutefois, ces expériences bénévoles pèsent-elles vraiment dans la décision d’un employeur ?

L’analyste en acquisition des talents et diversité au service des ressources humaines de l’UdeM, Érica Zidor, estime que le bénévolat peut être valorisé en respectant certaines conditions. « À compétences égales, je vais privilégier la personne qui a fait du bénévolat, même si son expérience ne correspond pas au poste demandé, tranche-t-elle. Car elle aura accumulé une expérience supplémentaire même si c’était non-rémunéré. »

Le bénévolat peut même compenser le manque d’expérience professionnelle. « Si le poste à pourvoir est en administration et que la personne a fait du bénévolat dans ce domaine, son expérience va être pertinente », ajoute Mme Zidor. Elle souligne que le bénévolat met en valeur plusieurs aspects de la personnalité comme la motivation, la persévérance ainsi que l’envie d’apprendre.

Selon la conseillère en emploi des Services aux étudiants (SAÉ) de l’UdeM, Nancy Moscato, il est important de mentionner son implication sociale dans son CV. «Il vaut mieux mettre qu’on a fait du bénévolat que rien du tout, surtout si l’étudiant n’a pas d’expérience professionnelle, précise Mme Moscato. Cela montre qu’il a la capacité de travailler avec d’autres personnes et qu’il est empathique.»

L’étudiante en communication à l’UdeM Jessica Van Osta met son expérience bénévole dans son CV. «Cela montre que je suis capable de travailler en groupe et que je peux mener à bien des causes ou des projets», croit-elle.

Des attestations indispensables ?

Certains organismes qui emploient des bénévoles à Montréal fournissent des attestations de bénévolat quand ceux-ci en font la demande ou quand le bénévolat est fait dans le cadre d’un stage. Ces documents peuvent servir auprès d’un futur employeur pour attester les compétences acquises lors des expériences de bénévolat. « Nous délivrons des attestations de bénévolat automatiques aux personnes qui viennent travailler chez nous, affirme la coordonnatrice du centre de bénévolat Services d’Accompagnement et de Répit aux Personnes âgées à Domicile (SARPAD) d’Outremont, Mira Thibouto-Rioux. En général, on met le type de service dans lequel la personne a travaillé et le nombre d’heures.»

Pour les attestations, il n’y a pas de modèle unique selon le coordonnateur du Centre communautaire de Loisir de Côte-des-Neiges, Patrick Beaudoin. «Nous adaptons le contenu selon la demande, confirme M. Beaudoin. On peut parler des qualités de la personne. Pour les cours de francisation, les qualités du bénévole peuvent être la capa – cité d’écoute, l’esprit d’initiative et d’innovation.»

L’étudiante en économie et politique à l’UdeM Iman Mohamed ne demande pas d’attestation de bénévolat et juge cette démarche superflue. «J’estime ne pas devoir fournir de preuves de mon engagement social, souligne l’étudiante. Sauf si mon futur employeur me le demande.» Toutefois, elle mentionne son expérience bénévole sur son CV, car elle la juge bénéfique. «Cela me permet d’apprendre le travail en équipe, de gérer différentes personnalités lors d’événements, souligne l’étudiante. C’est quelque chose qui participe à mon développement personnel.»

Jessica et Iman sont toutes deux bénévoles au sein de l’association Africawaly de Montréal, qui fait découvrir la culture africaine aux Québécois par des événements culturels.

Limites du bénévolat

«Si c’est un poste qui demande une expérience de travail, le bénévolat ne peut pas être valorisé à 100 %, admet Mme Zidor. Lors de l’analyse des candidatures, l’exigence du poste est le principal critère que nous prenons en compte.»

Selon elle, c’est l’expérience de travail et la scolarité qui ont le plus de poids dans la sélection des candidats. « On va avoir de la difficulté à évaluer l’expérience acquise par quelqu’un qui a fait du bénévolat dans un domaine différent de celui du poste demandé chez nous, rappelle l’analyste. Pour ce qui est des années d’expériences demandées, il faut vraiment un travail rémunéré. » Le bénévolat ne peut pas être comptabilisé dans le calcul du salaire.

Selon une étude de Statistique Canada publiée en 2010, environ 54 % des employés de 15 à 24 ans qui avaient fait du bénévolat ont dit qu’un de leurs motifs était d’améliorer leurs perspectives d’emploi. Pourtant, si les employeurs privilégient les étudiants qui ont fait du bénévolat, cette activité n’est pas une condition sine qua non pour obtenir un emploi.