Diminution du nombre d’étudiants en histoire

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Par Anastasiya Kurylo
mercredi 14 février 2018
Diminution du nombre d'étudiants en histoire
Le professeur au Département d'histoire, Carl Bouchard, a écrit un texte à la demande d'un des membres du comité de rédaction du Bulletin de la Société historique du Canada. (Photo: Benjamin Parinaud)
Le professeur au Département d'histoire, Carl Bouchard, a écrit un texte à la demande d'un des membres du comité de rédaction du Bulletin de la Société historique du Canada. (Photo: Benjamin Parinaud)
Le nombre d’inscriptions a diminué de près de 10 % au Département d’histoire de l’UdeM depuis 2015. Pour changer cette situation peu encourageante, le Département met en place des initiatives pour garder ses étudiants.

« C’est un enjeu partout au Canada en histoire », explique le professeur du Département d’histoire de l’UdeM Carl Bouchard. Il est aussi l’auteur d’un texte, publié dans le plus récent bulletin de la Société historique du Canada, où il est question des difficultés rencontrées par son unité et des mesures qu’elle a mises en oeuvre pour y remédier. Il mentionne que les étudiants actuels veulent se lancer dans une carrière en utilisant leur formation, mais qu’il est parfois difficile pour eux de faire un lien entre leurs études en histoire et leur futur en tant que professionnel. « Ce n’est pas une formation professionnalisante, comme pour tous les domaines de sciences humaines, ajoute-t-il. C’est un pari sur l’avenir quand on s’inscrit en littérature, en histoire, en philosophie. »

D’après Carl Bouchard, certains étudiants se servent du programme d’histoire pour s’ouvrir une porte vers une autre discipline. Comme ils n’ont pas les notes suffisantes pour s’inscrire dans leur premier choix, ils y entrent en espérant faire un changement de programme après leur première année. « Le choc est que l’histoire n’est pas facile, indique M. Bouchard. Les étudiants perçoivent que ce n’est pas les dates qu’on demande. C’est beaucoup plus d’analyse et de capacité de synthèse. »

Le professeur s’inquiète d’une tendance moderne qui dévalorise l’importance de la culture générale au profit d’une carrière. Il rappelle également la nécessité de l’histoire dans la société contemporaine. « La façon dont on voit le monde aujourd’hui est en bonne partie un héritage de la façon dont on interprète le passé », affirme-t-il.

Gérer l’avenir

Une transition planifiée entre les programmes demeure normale pour le Département d’histoire. Son objectif est plutôt d’être en mesure de retenir et d’aider ceux qui ont sciemment choisi cette discipline pour qu’ils y restent et qu’ils réussissent leurs études. L’introduction du nouveau cours Recherche et rédaction en histoire marque le début de l’optimisation de la formation en histoire. « J’ai beaucoup d’étudiants qui me disent que ce cours-là est pertinent pour la rédaction des travaux et la recherche en histoire, remarque le secrétaire général de l’Association étudiante d’histoire de l’UdeM (AÉHUM), Jérôme Bruyère. On voit des choses qui nous apprennent à structurer notre pensée. Ça apporte un élément qui était manquant. »

Une autre mesure a également été mise en place pour satisfaire la demande croissante de modifications à l’intérieur du Département. « On a décidé d’adopter une grille de correction commune pour tous les cours de première année, relate M. Bouchard. Les étudiants ont accès à cette méthode. » Il indique que l’innovation a permis d’uniformiser la notation.

En ce qui concerne l’embauche de futurs historiens, le professeur reste optimiste. Il assure que les diplômés du Département d’histoire ont des perspectives professionnelles prometteuses, même si ces dernières ne sont pas forcément liées à la discipline. « Il n’y a pas que la recherche et l’enseignement qui sont les avenues des historiens, explique-t-il. Ils sont capables de cheminer dans d’autres milieux professionnels parce qu’ils écrivent très bien, qu’ils ont une bonne capacité d’analyse et qu’ils ont une grande culture générale. Tout ça, c’est valable et c’est monnayable auprès des entreprises. »

Des départements moins touchés

Ce déclin du nombre d’étudiants n’est pas présent dans tous les départements de sciences humaines de la Faculté des arts et des sciences (FAS). « Je n’ai pas senti de baisse de clientèle, avoue le directeur par intérim du Département de philosophie, Daniel Dumouchel. Il y a eu une diminution globale partout à la FAS l’année passée. Nous aussi on a eu une diminution, mais cette année, ça a augmenté. » M. Dumouchel croit que les étudiants en philosophie s’intéressent à leurs études et veulent y apprendre la matière.

Au Département des littératures de langue française, le directeur Francis Gingras indique également que la baisse est moins marquée dans son programme. « Pour bien comparer les chiffres d’inscriptions, il faut toujours tenir compte des nombreux baccalauréats bidisciplinaires que nous offrons, explique-t-il. Si on fait la somme de tous ces inscrits, la baisse n’est pas aussi importante, mais on peut constater un certain déplacement. » Il donne en exemple le programme en écriture de scénario et création littéraire qui est particulièrement populaire.

La problématique pour lui est plutôt celle de l’abandon des études universitaires. Pour y remédier, le Département veut établir un système de mentorat où des étudiants de première année seraient jumelés à des doctorants. « C’est pratiquement un “scoop”, confie M. Gingras. Même la Faculté n’est pas encore officiellement informée de la demande du Département ! » Pour lui, le fait que certains étudiants changent de programme n’est pas un problème, tant que ceux-ci obtiennent un diplôme dans une matière ou une autre.