Désaccord autour d’un déménagement

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Par Élom Defly
mercredi 13 mars 2013
Désaccord autour d’un déménagement
La présence de moisissures au pavillon Strathcona dégrade la qualité de l’air à l'intérieur du bâtiment. (Crédit photo: Pascal Dumont)
La présence de moisissures au pavillon Strathcona dégrade la qualité de l’air à l'intérieur du bâtiment. (Crédit photo: Pascal Dumont)
 Le ton monte entre la direction de l’UdeM et le Syndicat général des professeurs de l’UdeM(SGPUM) au sujet de l’insalubrité du pavillon Strathcona. Une étude de la Direction de la santé publique de Montréal (DSP) a révélé en janvier dernier la présence de vingt variétés de moisissures différentes dans ce pavillon qui abrite le Département de géographie.

Pour donner suite aux conclusions de l’étude de la DSP, un comité paritaire composé de membres du SGPUM et de l’administration de l’UdeM a rédigé une résolution qui exige que le Département de géographie soit déplacé dans les plus brefs délais.

« Les quatorze professeurs du Département ont signé un document demandant à être relevés de leur fonction si l’Université ne procède pas à un déménagement du Département au printemps », menace le président du SGPUM, Jean Portugais.

Dans une lettre datant du 18 février dernier dont Quartier Libre a obtenu une copie, l’adjointe au doyen de la Faculté de l’aménagement, Anne-Marie Labrecque, et le responsable de la prévention du Syndicat des employés de l’UdeM (SEUM), Normand McDuff, recommandent au vice-recteur aux finances et aux infrastructures, Éric Filteau, « le déménagement sans délai de l’ensemble du personnel. » L’idée de déménagement immédiat ne plaît pas à la direction de l’UdeM.

« L’Université ne peut pas systématiquement déplacer le personnel et les étudiants chaque fois qu’elle soupçonne des problèmes qui peuvent être résolus dans un délai raisonnable», affirme le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion.

Contaminé, mais pas dangereux ?

Le rapport de la DSP conclut sur le fait que l’humidité excessive du bâtiment, due à un mauvais drainage d’eau, a favorisé le développement de moisissures qui ont contaminé l’air intérieur du pavillon, surtout au rez-de-chaussée. La DSP recommande une multitude de travaux à faire.

« Il n’est pas écrit dans les rapports que le pavillon est dangereux, souligne le porte-parole de l’Université, Mathieu Filion. Les rapports disent que les gens doivent être déménagés en cas de travaux majeurs. »

Dans ces mêmes rapports, la DSP a fait, par le biais d’un questionnaire, un portrait de l’état de santé du personnel qui travaille au pavillon Strathcona. Sur 17 répondants, 76 % « auraient au moins un problème de santé possiblement ou probablement relié à la qualité de l’air du bâtiment », et les problèmes rapportés le plus souvent sont « les symptômes nasaux chroniques, une atteinte de l’état général, l’irritation des yeux et l’asthme. »

Selon Mathieu Filion, l’UdeM procédera à des déménagements individuels en cas de problème de santé. « Le Dr Louis Jacques, de la Direction de santé publique de Montréal, a dit aux représentants de l’UdeM que les personnes qui semblaient avoir des problèmes de santé pouvaient consulter un médecin au besoin, et agir en fonction des résultats », affirme-t-il.

Jean Portugais s’insurge contre la manière de faire de l’Université. « Cette approche est scandaleuse ! s’exclame-t-il. Que feront-ils si quelqu’un décède ? »

Et les étudiants dans tout ça ?

Jean Portugais s’étonne que les étudiants ne se mobilisent pas pour le déménagement du Département de géographie. « J’ai laissé un message à la secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), Mireille Mercier-Roy, mais elle ne m’a pas rappelé », se désole-t-il.

La FAÉCUM, de son côté, assure qu’elle prend le problème au sérieux, même si elle n’a reçu aucune plainte d’étudiants qui auraient des problèmes de santé à cause des moisissures. « Nous avons demandé aux associations étudiantes si elles étaient prêtes à prendre une position en assemblée générale sur ce sujet », affirme le coordonnateur aux affaires universitaires de la FAÉCUM, Mychel Pineault. « Nous attendons des nouvelles de leur part, mais, pour le moment, c’est évident que nous sommes pour un déménagement immédiat », ajoute-t-il.

Mychel Pineault estime que la revendication de la FAÉCUM aura plus de poids si les associations étudiantes la soutiennent. Mathieu Filion, quant à lui, croit que seuls les travaux qui seront faits par la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) règleront le problème.

Éric Filteau et l’affaire du bail

Si l’UdeM tarde tant à réagir, c’est parce qu’elle n’est pas propriétaire du pavillon Strathcona. Le bâtiment appartient à la CSMB. Éric Filteau est en discussion avec la Commission scolaire pour que les travaux de décontamination commencent l’été prochain.

« L’Université ne doit pas fuir ses responsabilités vis-à-vis de la santé de son personnel à cause d’une question de bail, déplore le président du SGPUM. Elle doit réagir d’abord et prendre des recours contre la CSBM plus tard. » M. Portugais va plus loin. Il accuse directement le vice – recteur Éric Filteau de s’opposer personnellement au projet de déménagement pour des raisons obscures. M. Filteau n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.

 

Crédit photo: Pascal Dumont

 

Crédit photo: Pascal Dumont

 

 

 

Crédit photo: Pascal Dumont