Des particularités en trame de fond

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Par Etienne Galarneau
lundi 30 avril 2018
Des particularités en trame de fond
Antoine Berthiaume a aussi travaillé avec le Cirque du Soleil. (Crédit photo : Courtoisie Daniel Richard)
Antoine Berthiaume a aussi travaillé avec le Cirque du Soleil. (Crédit photo : Courtoisie Daniel Richard)
Accompagner le théâtre, la danse, le cinéma et les jeux vidéo ; la musique instrumentale, jumelée à une autre discipline artistique, peut remplir plusieurs fonctions. Les étudiants en composition doivent jongler avec les contraintes liées à chacune d’elles lors de leur entrée dans un nouvel univers artistique.

«Ce qui est intéressant au théâtre, c’est qu’il s’agit d’un rôle d’accompagnement, de ponctuation, donne en exemple le chargé de cours et doctorant en composition Antoine Berthiaume. La voix a un certain registre dans lequel il faut éviter de travailler. C’est sûr que s’il y a un segment parlé, je vais éviter de jouer quelque chose entre 500 et 1 000 Hz. » Par opposition, le musicien parle de son expérience dans le milieu de la danse, qu’il considère comme plus flexible. « Parfois, la musique peut prendre plus de place pour donner plus d’importance à la danse, illustre-t-il. Un mouvement minimaliste peut devenir très grandiose. » Dans les deux situations, il qualifie son travail de rôle de soutien.

Formation spécifique

Le cursus en composition demeure une option valable pour apprendre les rudiments du métier selon M. Berthiaume. « L’Université a un mandat qui n’est pas celui d’un collège professionnel, où l’on en sort avec une job comme ingénieur de son ou monteur sonore, avance-t-il. Mais, il y a des outils pour permettre à quelqu’un de sortir de là et d’avoir une pensée divergente et d’être un meilleur designer sonore. »

Par son expérience dans le milieu du théâtre et de la danse, le chargé de cours constate que le meilleur outil du compositeur pour la scène est la polyvalence. M. Berthiaume est de retour aux études en musiques numériques à la suite d’une maîtrise en musique contemporaine terminée en 2004. « En musiques numériques, j’ai développé des compétences qui m’ont vraiment aidé dans tout ce que je fais, confie-t-il. Ça a été indispensable pour moi, dans mon développement. Je ne m’en serais jamais tiré sans ça. »

Ce constat est partagé par le responsable du programme de composition de musique de film à l’UQAM, Mathieu Lavoie. Il nomme, pour illustrer la polyvalence, le parcours du compositeur américain John Williams, responsable de trames sonores comme celles de la série Indiana Jones et de La Guerre des Étoiles. « C’est là où beaucoup de gens se trompent en pensant que John Williams est un compositeur symphonique à la base, explique-t-il. C’est un jazzman. On l’appelait Little Johnny Love dans sa jeunesse. Dans ses premiers films commerciaux, on peut trouver Daddy-O où il composait de la musique de big band. »

Afin de développer cette polyvalence, le programme dirigé par M. Lavoie demande aux étudiants de produire des pièces dans différents genres. « En ce moment, je travaille sur une commande pour un jeu vidéo où je dois faire du funk médiéval », ajoute-t-il pour illustrer son propos.

L’expression au-delà des conditions

S’il n’est pas le seul à contrôler les variables reliées à ses œuvres, Antoine Berthiaume considère que les contextes de la danse et du théâtre lui permettent une plus grande liberté de création que dans le cadre d’une pièce musicale autonome. Les contraintes extérieures et les demandes des metteurs en scène et des chorégraphes lui permettent d’explorer des genres éloignés de ses choix de prédilection. Il demeure ouvert à produire un album avec son propre matériel dans les prochaines années.