L’UTILE est un organisme à but non lucratif dont la mission économique et sociale inclut la promotion du logement étudiant. C’est dans cette optique que s’inscrit le projet « La note des bois », issu d’un partenariat avec, entre autres, la Concordia Student Union (CSU). Selon le porte-parole de l’UTILE Laurent Lévesque, ce genre de projet aide les étudiants à sortir de la précarité résidentielle. « Ça permet de développer des quartiers inclusifs et abordables, explique-t-il. Ça contribue aussi à l’accessibilité aux études. »
La vice-présidente du conseil exécutif de la Ville de Montréal, Magda Popeanu, abonde dans le même sens. « L’aide accordée par la Ville a d’ailleurs été donnée à la condition que les loyers n’augmentent pas de plus de 2 % par année », précise-t-elle. Le prix de base variera selon la taille du logement, mais sera en moyenne de 575 $ par chambre (tous services inclus) dans l’immeuble, qui en comptera 144 au total, soit le prix coûtant, selon l’UTILE.
Une solution contre la hausse du prix des loyers
Pour la CSU, la contribution s’élève à 1,8 million de dollars, soit 10 % du prix de construction des unités de logement, maintenant évalué à 18 millions de dollars. La coordonnatrice générale de l’association, Sophie Hough-Martin, raconte que la CSU s’est lancée dans ce partenariat à la suite du constat d’un besoin criant, en 2013. « Beaucoup de propriétaires de logements à but lucratif visaient spécifiquement les étudiants internationaux de Concordia, détaille-t-elle. C’était très cher pour des conditions qui n’étaient pas viables. » La CSU s’est donc mise à la recherche de solutions et, à la suite d’un référendum auprès de ses quelques 36?000 membres, s’est associée à l’UTILE en 2014.
L’arrivée en masse des étudiants dans un quartier ne serait pas associée à l’embourgeoisement de celui-ci, selon les intervenants consultés. Pour eux, le caractère à but non lucratif du projet en fait même un obstacle au phénomène. « L’objectif fondamental de faire du logement étudiant à but non lucratif, c’est de combattre la gentrification », avance Laurent, qui a étudié en urbanisme. Pour lui, l’embourgeoisement se produit quand le logement est un vecteur d’investissements et de profits. Sophie approuve et ajoute que la CSU a pris position contre la gentrification.
La suite
Selon le rapport Le logement étudiant au Québec en 2017 du projet Prospection des habitudes et aspirations résidentielles étudiantes (PHARE), près de 68 % des étudiants montréalais sont locataires. Va-t-on voir d’autres initiatives du genre ? « On espère ! s’exclame Mme Popeanu. On invite les promoteurs sociaux de ce genre à s’impliquer. »
Le porte-parole de l’UTILE, Laurent, croit que la vision de la CSU est en train d’inspirer beaucoup d’autres associations étudiantes au Québec. Il note que la FAÉCUM collabore avec l’unité de travail surtout pour la recherche, mais qu’elle n’a pas de projet immobilier en vue dans le cadre de son partenariat.
* Selon l’Office québécois de la langue française, l’embourgeoisement est la « transformation socio-économique d’un quartier urbain ancien engendrée par l’arrivée progressive d’une nouvelle classe de résidents qui en restaure le milieu physique et en rehausse le niveau de vie. »