Déjà un cours sur la grève étudiante

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Par Ingrid Um Nlend
mercredi 17 octobre 2012
Déjà un cours sur la grève étudiante
Olivier Clain, professeur au département de sociologie de l'Université Laval (Crédit : Courtoisie Olivier Clain)
Olivier Clain, professeur au département de sociologie de l'Université Laval (Crédit : Courtoisie Olivier Clain)

Les étudiants en sociologie à l’Université Laval peuvent assister, cette session, à un cours sur le mouvement social créé par la crise étudiante du printemps dernier. Le but de cette initiative est de réfléchir aux conséquences de ce mouvement sur la réalité collective québécoise. Rencontre avec le professeur responsable du cours, Olivier Clain.

Quartier Libre : D’où vous est venue cette idée d’un cours sur la sociologie du «printemps érable»?

Olivier Clain: Au mois de juin, avec un certain nombre de mes collègues de l’Université Laval, nous avons entamé une réflexion collective sur les évènements du printemps. Nous avons produit deux textes non militants, dont l’un a été publié dans le Monde diplomatique afin de pouvoir entreprendre un travail de réflexion sur la nature du mouvement social. Comme tout le monde, nous avons constaté qu’il ne s’agissait pas seulement d’une lutte étudiante, mais aussi d’un mouvement social, cas de circonstances aidant. À la suite de l’écriture de ces deux mémoires, nous avons décidé de mettre au programme à l’automne un cours concernant le printemps québécois. Nous sommes une équipe de neuf conférenciers, dont sept font partie du département de Sociologie de l’Université Laval. Je ne compte cependant pas redonner ce cours, car il se donne sous forme de conférences et il se terminera donc en décembre 2012. En 2013, il y aura un numéro spécial de notre revue de département portant sur les évènements du printemps 2012.

Q. L. : Quel est le profil des étudiants qui prennent part à ce cours et comment y participent-ils ?

O. C. : Ce cours est ouvert à tous les étudiants de premier cycle de l’Université Laval. On voit cependant plus d’étudiants de sciences sociales et de philosophie. Les étudiants qui participent à ce cours suivent un cours spécial qui se donne une fois et qui porte sur un sujet qui les intéresse. Leur participation consiste surtout à faire des résumés des conférences, mais aussi à faire un travail de recherche documentaire. Le but est de m’aider à créer des archives portant sur les évènements du «printemps érable» par le biais d’articles de journaux, d’internet, d’émissions de radio, soit tout ce qui est pertinent à leurs yeux et qui contribuerait à la création d’archives collectives.

Q. L. : Quelles sont les principales questions abordées lors de ce cours ?

O. C. : La première question est pourquoi en 2012 un conflit qui porte sur un enjeu traditionnel dans l’histoire des luttes étudiantes au Québec a entraîné un mouvement social d’une telle ampleur. La deuxième question est en quoi et jusqu’où ce mouvement social est en train de transformer notre réalité collective.

 

Un cours bienvenu mais attention aux dérives  

Après ce début de rentrée bien agitée, est-il prématuré de donner un cours sur le «printemps érable» dès cette session ? Pour le professeur de sociologie à l’Université McGill, Marcos Ancelovici, la démarche n’est pas sans risques. « Ce cours ne devrait pas être mené dans une démarche traditionnelle de transmission de connaissances. Il n’y a pas encore eu d’étude et de recherche scientifique sur ce qui s’est passé durant ces huit derniers mois », explique-t-il.

Il estime qu’analyser ce phénomène est essentiel afin d’éviter de tomber dans des commentaires superficiels, formulés par des personnes qui jugent sans savoir de quoi elles parlent. « C’est l’un des problèmes que l’on rencontre en ce moment. Beaucoup de gens font des commentaires afin de projeter leurs préjugés. On tombe alors dans un débat idéologique camouflé, comme de la transmission de connaissances », considère-t-il.

Selon M. Ancelovici, le cours pourrait quand même permettre de créer un forum où les étudiants et professeurs vont pouvoir échanger. « Cela donnerait aussi des pistes de discussion aux étudiants afin qu’ils puissent y voir un peu plus clair. Il faut savoir que beaucoup de gens qui ne s’y connaissent pas en sociologie pensent que tout est revenu dans l’ordre », analyse-t-il.

L’initiative de l’Université Laval ne sera en tout cas pas dupliquée à l’UdeM. Le directeur du département de sociologie de l’UdeM, Christopher McAll, a en effet confirmé au Quartier Libre qu’aucun cours portant spécifiquement sur la grève étudiante ne sera programmé.