De la pellicule au numérique

icone Culture
Par Valérie Paquet
mardi 17 septembre 2013
De la pellicule au numérique
(Crédit photo: Courtoisie Université de Montréal)
(Crédit photo: Courtoisie Université de Montréal)

Le Ciné-Campus achève sa métamorphose. Après deux mois de travaux au Centre d’essai du pavillon J.-A.-DeSève, les films seront projetés en format numérique dès le 24 septembre prochain.

Cette transformation vise à bonifier l’offre du cinéma. « On voulait offrir un cinéma de qualité et on avait de la difficulté à avoir des films récents, indique Amélie Michaud, coordonnatrice du Ciné-Campus. Souvent on les projetait et ils sortaient sur DVD tout de suite après. »

En raison de la disparition imminente de la pellicule, les dernières projections de la session d’hiver  étaient faites à partir de DVD ou de Blu-Ray, ce qui n’était pas optimal du tout. La salle est maintenant dotée d’un nouveau projecteur haute définition, d’un écran de 27 pieds, soit 5 pieds de plus que le précédent, et un tout nouveau système de son sera installé dans les prochains jours. « On veut vraiment être aux normes de l’industrie, on veut offrir la même expérience qu’un grand cinéma commercial, affirme Amélie Michaud. Au niveau de la qualité, ce sera le jour et la nuit. »

Les travaux apportés au Centre d’essai du pavillon J.-A.-DeSève n’ont pas été de tout repos. Le nouvel écran est tellement grand qu’il a fallu agrandir le cadre de la scène et même enlever une fenêtre avant de le faire entrer à l’aide d’une grue. Il s’agissait d’un vrai défi, selon Mme Michaud. « Tout est calculé au centimètre près pour que la projection soit correcte, explique-t-elle. Comme c’est une salle multidisciplinaire, il a fallu prendre les autres utilisations de la salle en considération lors des travaux. » En dehors du Ciné-Campus, la salle sert entre autres aux troupes de danse, de chant et de théâtre de l’UdeM.

Dans la salle de projection, cette transformation aura un grand impact. « Le passage de l’argentique au numérique a profondément changé mon métier et les compétences qui y sont liées », raconte le projectionniste du Ciné-Campus, Jérôme Bretéché. Le métier a beaucoup évolué vers l’informatique. « Les projectionnistes étaient un peu des mécaniciens, dit-il. La maintenance d’un projecteur ressemble à celle d’une voiture. Maintenant les projectionnistes laissent leur place aux informaticiens. » Pour Mme Michaud, il n’est toutefois pas question de tout automatiser comme c’est le cas dans plusieurs cinémas. « On veut garder le projectionniste dans notre équipe et conserver ce côté humain dans la régie », explique-t-elle.

Du côté des adeptes du Ciné-Campus, on se réjouira certainement des changements, mais le cachet de la pellicule manquera peut-être à certains, comme l’étudiant de troisième année en écriture de scénario et création littéraire Marc-André Lévesque. « Je pleure déjà la mort de la pellicule, se désole-t-il. Mais je reste progressiste. Je me dis que le numérique ouvre la porte à plus de jeunes producteurs émergents. »

 

Plus de films, plus rapidement, au même prix

Mis à part la qualité, l’avantage majeur de la projection numérique est l’accessibilité aux films. La projection se faisant à partir d’un objet qui ressemble à un disque dur externe, cela permet de faire plus de copies à un coût moindre que pour la bonne vieille bobine. « Comme il y a plus de copies en circulation, le Ciné-Campus les recevra plus rapidement, et ça nous permettra peut-être même un jour d’avoir des primeurs », explique Mme Michaud. Marc-André accueille le numérique avec une pensée semblable. « Le numérique ouvre la porte aux portefeuilles plus modestes et a le potentiel de démocratiser le médium, dit-il. Je regrette et j’applaudis cette transition en même temps. »

Outre ces changements pour s’adapter aux normes de l’industrie, le Ciné-Campus conservera son essence plus indépendante. « Ce qui est bien, c’est qu’on pourra offrir une plus grande programmation, sans que le prix ne soit affecté, explique l’employée du Ciné-Campus Sarah Pasquin. On restera abordable pour les étudiants. »

C’est dès le 24 septembre prochain, lors de la projection de L’écume des jours de Michel Gondry, que le public pourra constater les changements et voir s’il aime la nouvelle expérience que lui offre le Ciné-Campus.