Dans le monde de la cybercriminalité

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Par Thomas Martin
mercredi 15 mai 2019
Dans le monde de la cybercriminalité
L'ouvrage collectif Délinquance et innovation rassemble les textes de 27 auteurs. (Crédit photo : flickr.com)
L'ouvrage collectif Délinquance et innovation rassemble les textes de 27 auteurs. (Crédit photo : flickr.com)
Le professeur à l’École de criminologie de l’UdeM David Décary-Hétu a publié un ouvrage collectif intitulé Délinquance et innovation. Il y est question des formes que prend la délinquance à l’aide des nouvelles technologies.

Pour M. Décary-Hétu, le but du livre est de décrire les innovations en lien avec la criminalité de plusieurs manières. « On a l’innovation qui est faite par les délinquants, celle faite par les services de police et autres agences de régulation, et finalement, l’innovation par les chercheurs pour mieux comprendre le crime », détaille-t-il.

Ce sujet a intéressé le professeur, qui souhaite comprendre ce qui fait qu’un délinquant va réussir plus qu’un autre. « En fait, on se rend souvent compte que l’innovation joue un rôle vraiment important pour comprendre comment certains arrivent à se démarquer de la masse, explique-t-il. Car contrairement à ce qu’on peut penser, être délinquant, ce n’est pas facile, et c’est ceux qui innovent qui sont capables de survivre dans ce milieu-là. »

Le professeur à l’École de criminologie de l’UdeM David Décary-Hétu. (Crédit photo : Courtoisie David Décary-Hétu)

Le professeur à l’École de criminologie de l’UdeM David Décary-Hétu. (Crédit photo : Courtoisie David Décary-Hétu)

À titre d’exemple, le professeur évoque la cryptomonnaie, comme le Bitcoin, qui permet à des délinquants d’effectuer des transactions plus sécuritaires, alors qu’auparavant, l’envoi de marchandises pouvait poser problème à certains trafiquants. « Envoyer de l’argent par la poste, ce n’est pas la manière la plus sécuritaire et la plus efficace de faire, indique M. Décary-Hétu. Avec l’innovation des cryptomonnaies, on est capable de faire des paiements qui sont sécuritaires et anonymes, et ainsi de créer des nouveaux marchés qui n’existaient pas avant. »

La Hollande fait figure de précurseur dans la lutte contre ce type de fraude. « Elle est très impliquée dans toutes ces innovations, elle a sa Dutch National High Tech Crime Unit qui est reconnue mondialement », précise celui qui est également chercheur au Centre international de criminologie comparée (CICC). À l’inverse, le Canada ne semble pas faire partie des pays les plus avancés sur la question. « C’est toujours difficile de se comparer, mais je dirais qu’on n’est clairement pas en avance, assure-t-il. Par contre, on collabore beaucoup avec d’autres services de police à l’international, ce qui permet d’amener une expertise que l’on a pas. »

Pour le professeur, il est difficile de savoir comment la situation va évoluer dans cette lutte entre les délinquants et la police, mais il estime primordial de voir comment les délinquants réussiront à apprendre ou non des erreurs commises par les autres. « Pour le moment, ils font encore beaucoup d’erreurs, et ça ouvre la porte à des interventions de police », conclut-il.