Critique : Dead Obies – Gesamtkunstwerk

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Par Etienne Galarneau
lundi 7 mars 2016
Critique : Dead Obies – Gesamtkunstwerk
L'album de Gesamtkunstwerk de Dead Obies montre les rappeurs du groupe au sommet de leur forme. Quartier Libre donne une note de 4/5 à l'album. Crédit Photo : Courtoisie Dead Obies
L'album de Gesamtkunstwerk de Dead Obies montre les rappeurs du groupe au sommet de leur forme. Quartier Libre donne une note de 4/5 à l'album. Crédit Photo : Courtoisie Dead Obies
Quelle place prend le public dans le cadre d’un spectacle plus grand que nature? Si tout n’est qu’une mise en scène, qui observe qui? Ces questions, inspirées par le film La société du spectacle de Guy Debord, sont au cœur du nouvel album du sextuor post-rap Dead Obies intitulé Gesamtkunstwerk.

Derrière ce terme issu du romantisme allemand se cache la figure de Richard Wagner, qui désirait créer une « œuvre d’art total », où la musique, le texte, la mise en scène et même la salle de spectacle étaient créés par un même artiste et où tout vient en aide au propos de l’œuvre. Les Dead Obies reprennent, à leur manière, ce concept en proposant un album enregistré devant public lors de trois performances à guichet fermé au Centre Phi les 14, 15 et 16 octobre 2015. Mais, il ne s’agit pas d’un album live. VNCE, réalisateur et producteur du groupe, a intégré les éléments du direct et du studio, faisant du public un membre à part entière de la formation.

Profitant de la scène, le groupe Dead Obies s’allie avec des musiciens de la troupe Kalmunity, formée de plusieurs étudiants et diplômés de l’UdeM, pour gonfler le son de l’album. Leur talent est mis à profit pour bonifier des titres déjà parus auparavant, comme « Moi pis mes homies » ou « Lil $ » et viennent parfois voler la vedette, comme la chanteuse Judith Little dans le titre « Everyday ».

Les rappeurs, eux-mêmes, sont au sommet de leur forme. Les titres sont plus accrocheurs que sur Montréal $ud et, malgré la longueur de certaines pièces (« Explosifs » dure plus de huit minutes), on reste captifs. Les flows sont vifs et précis et chacun des rappeurs apportent sa couleur unique à l’album.

Certains éléments du concert, comme la présentation des musiciens dans « Untitled » peuvent être un frein à l’écoute ou à la diffusion dans un contexte festif, mais les questions esthétiques sous-jacentes à ces procédés sont fascinantes. Si la seule manière pour que les chansons existent est d’avoir la participation du public, ces chansons existent-elles autrement qu’en contexte de concert? Doit-on s’enthousiasmer de cette existence ambiguë? Toutes ces questions nous viennent en tête qui, elle-même, marque avec vigueur les rythmes accrocheurs et uniques de Dead Obies.

4/5