Couvrez ce téléphone que je ne saurais voir

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Par Thomas Martin
jeudi 20 septembre 2018
Couvrez ce téléphone que je ne saurais voir
(Crédit photo : Zacharie Routhier)
(Crédit photo : Zacharie Routhier)

Le spectacle de la rentrée aura été une bonne expérience pour moi. Sans vraiment y être, j’ai pu assister à la retransmission via les réseaux sociaux. Je me demande si ça vaut encore la peine de sortir de chez moi…

L’artiste Eddie Maleterre cristallise assez bien ma pensée (page 11). « Une photo d’une œuvre ça ne touche pas comme une œuvre », résume-t-il. Comme regarder un spectacle à travers l’objectif de son téléphone finalement.

Cette propension au partage me laisse néanmoins perplexe. Est-ce que les participants ont profité du spectacle ou voulaient-ils seulement signifier leur présence ?

Difficile de savoir… mais il est désormais acquis que nos activités personnelles intéressent le cercle élargi de nos connaissances ! Au point de partager la moindre de nos interactions pour les plus accrocs.

De ce que j’en ai vu, le contenu du spectacle fut bon et les chansons en français. Il faut peut-être en profiter, pour les défenseurs de la langue de Molière, avant que l’on ne préfère des artistes au répertoire anglophone (p. 17). Car l’anglais c’est plus cool. Et les jeunes comprennent qu’il est préférable d’aimer ce qui est dans la tendance, si on souhaite se faire accepter.

C’est bien d’amener la culture sur le campus. L’art permet de voyager sans prendre l’avion (2 % des rejets mondiaux de CO2 sont émis par les avions de ligne*, autant éviter). Ça élève les consciences et enrichit nos réflexions. Ça permet ultimement de faire le bon choix quand une décision doit être prise. À l’occasion d’une élection par exemple…

L’art connecté

La culture subit elle aussi des changements. Alors, on se rend dans des musées connectés (p. 10), où les œuvres sont numérotées pour ne surtout pas se perdre dans le cheminement artistique. Ce serait idiot de se laisser guider par nos envies.

L’assistanat a cependant du bon et les mères qui amènent leurs enfants sur le campus de l’UdeM en auraient besoin (p. 9). Pour l’art, je suis moins certain. Je ne sais pas si Marc Chagall avait prévu qu’un appareil auditif nous résumerait sa vie et décrypterait sa vision en admirant ses toiles au musée Guggenheim de Bilbao, par exemple.

Mais l’art n’est-il pas d’abord une question d’interprétation personnelle ? Un moyen de faire réfléchir en laissant la liberté à chacun d’y trouver sa propre signification ?

Do Brasil !

L’art est partout. Les élections provinciales québécoises ressemblent au synopsis d’un mauvais film de science-fiction. Dans un monde de plus en plus menacé par les changements climatiques, les deux partis politiques en tête des sondages trouvent le moyen de se concentrer sur des débats, certes importants pour la société québécoise, mais loin des préoccupations environnementales.

J’espère que l’apathie générale ne nous conduira pas vers le même type de dystopie imaginée par Terry Gilliam pour son chef-d’œuvre, Brazil.

Le Brésil justement, où les élections se déroulent également en octobre (p. 14). On a tous en tête le carnaval de Rio, le soccer et le Corcovado. Mais le Brésil c’est aussi le second producteur de soja mondial derrière les États-Unis. Une culture qui a délesté le pays de 100 000 km2 de forêt depuis près de 10 ans**.

Les choses vont dans le bon sens. On va recréer le monde imaginé par l’ancien Monty Python ! Un univers lugubre où la technologie et les technocrates permettent à l’humanité de survivre en vase clos. Un monde bruyant et en construction permanente. À l’image des travaux du REM (p. 2).


 

* ompe.org, «L’avion : champion de la pollution !»
** euronews.com, « Au Brésil, le soja chasse les forêts », 29 août 2018