Conte de fées USB

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Par Grégory Haelterman
mercredi 8 décembre 2010
Conte de fées USB

Si princesses à sauver et autres barbies virtuelles abondent dans les jeux vidéo, romantisme avec un grand R et mondes numériques ne font pas, a priori, le plus heureux des mariages. En effet, peu de jeux s’attardent sur la relation amoureuse en elle-même. Dois-je en conclure que les jeux vidéo ont un coeur de pierre ?

Les Sims 3 est un des rares titres grand public à aborder le sujet. Il vous propose une pseudo-liberté dans ce domaine. Même si elles sont nombreuses, les interactions entre personnages sont scriptées et donc limitées. Dans un contexte aussi carré et restreint, j’ose espérer que personne ne tomberait amoureux d’un Sim !

Naïf que je suis. Il en faut bien moins pour qu’une âme esseulée s’entiche sordidement d’un ensemble de pixels aux allures de silhouette féminine. Le jeu LovePlus (2009, uniquement au Japon) est un «dating sim», un jeu de simulation de rencontres. Le but est d’y obtenir un maximum de rendez-vous et ultimement, d’entretenir la plus longue « relation » avec son pantin virtuel (les créatures à séduire consistent en quelques graphismes de dessins animés bas de gamme poussant des glapissements aviaires – on parle ici de Nintendo DS). Bon, pour un ado, à la limite. Et ce Japonais (Sal900 a préféré garder l’anonymat) ayant officiellement épousé sa partenaire de jeu virtuelle ? Notons l’hôtel Ohnoya, cet établissement – bien réel, lui aussi – qui accueille les « couples » formés par les joueurs et leur personnage préféré (on paie tout de même deux places!).

Il serait rassurant de se dire que nos amis nippons affichent le monopole de l’excentricité. Ce n’est pas le cas. Second Life (secondlife.com, 2003) est un «métavers» (univers virtuel) où il est possible d’entretenir des relations avec les autres visiteurs ou encore de s’y marier, même si ce n’est pas son but premier. Le site affiche actuellement 26 univers destinés au «romantisme » et six membres experts en mariages virtuels. De quoi satisfaire les âmes esseulées malgré la controverse autour du concept. Mais ce n’est rien en comparaison avec Virtual Girlfriend (vgirlfriend.com) qui propose un service bien plus particulier et de plus en plus en vogue: les jeux de réalité alternative (les «ARG» ou alternate reality games). Sélectionnez votre type de partenaire, sa personnalité, payez (70 $ par mois en moyenne) et une véritable «actrice» vous enverra courriels, textos, lettres manuscrites et appels téléphoniques divers, comme dans une relation réelle. Aucune rencontre physique n’est au programme et c’est peut-être ce point qui – à mes yeux – évoque le côté «malsain » de la chose. ARG (h), tout un débat.

Bon, vous l’aurez deviné, je ne suis pas forcément très fleur bleue. N’en ignorons pas pour autant les rares cas de vidéo-romantisme avérés, comme pour l’histoire de Roberta. À 28 ans, l’avocate brésilienne rencontre pour la première fois son compagnon sur World of Warcraft et s’intéresse à lui pour sa manière coopérative de jouer. Mariés depuis maintenant trois ans, ils vivent ensemble au Québec et attendent sous peu la venue de leur fille, concrétisation on ne peut plus réelle d’une rencontre virtuelle sur laquelle bien peu avaient parié. Leur histoire n’est pas si exceptionnelle, puisqu’une joueuse sur trois a rencontré réellement un joueur croisé en ligne. Après tout, le coeur a ses raisons que le réel ne connaît pas.