Comme une odeur de Caribou

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Par Catherine.Gaulin
mercredi 27 octobre 2010
Comme une odeur de Caribou

À l’entrée, des bancs d’églises nous permettent de profiter du spectacle. Une fille du roi vient prendre la commande; le choix est ardu entre le café des Jésuites et la bière de bouleau. Pourquoi ne pas opter pour un traditionnel Caribou ? C’est dans une ambiance qui nous fait revivre l’époque des colonies françaises que se déroulent les dimanches du conte.

Une tête d’orignal orne l’immense cheminée canadienne. Sur le mur, une carte de la Nouvelle- France est suspendue. Au milieu de ce décor, entre deux sirènes sculptées dans de vieux navires, se dresse une petite scène. C’est à cet endroit qu’aura lieu le dimanche du conte.

Du conte médiéval à l’adaptation contemporaine, toutes les histoires sont bienvenues au Cabaret du Roy. Fondé par Jean-Marc Messie et André Lemelin, l’organisme sans but lucratif soutient l’univers du conte. Chaque dimanche comporte un invité particulier.

Quand l’imaginaire prend forme

« Au début, j’associais le conte à Fred Pellerin ; c’est une grosse erreur. Ce soir, je réalise qu’il y a différentes façons de conter. C’est très différent du théâtre », exprime une étudiante de l’UQAM, venue assister à une soirée. Venant confronter l’idée que l’on se fait d’un conteur, Danielle Brabant, l’auteure de «Mademoiselle B», se présente sur scène sans costume; elle ne parle pas le joual non plus. Son histoire, qui fait référence au site eBay, contraste avec l’ambiance historique du restaurant : « J’aime bien utiliser de vieux contes et les moderniser en changeant le contexte.» Durant le spectacle, de petites comptines viennent donner du relief à son discours.

Modernisation du conte ? «Chaque conteur est différent. Personnellement, j’aime écrire des contes contemporains, mais il existe encore beaucoup d’interprètes qui récupèrent de vieux textes », explique Danielle Brabant.

Le conte est une pratique très ancienne. Bien avant la littérature, cet art faisait partie du patrimoine québécois. Au début, il est transmis à l’oral, majoritairement par les bûcherons. Avec le développement des colonies, on commence à l’écrire dans les journaux. Ce sont surtout les histoires surnaturelles qui captivent le peuple. Par le bouche-à-oreille, les récits se modifient. Restructuration, ornement, création ; chacun y laisse une touche de sa personnalité.

À l’apparition de la télévision, ce genre littéraire tombe dans l’ombre. Selon une conteuse qui assistait à la prestation, il faut attendre jusqu’aux années 1990 pour constater une nouvelle effervescence. Au beau milieu d’une ère pragmatique, les gens ont besoin de renouer avec l’imaginaire fantastique, tel que le démontre l’engouement pour l’univers merveilleux de Fred Pellerin. C’est aussi une question d’identité culturelle. Divers moyens sont mis en place, dont la création du Regroupement du conte du Québec, pour coloniser l’imaginaire des gens.

 

Le Cabaret du Roy est situé au 363, de la Commune Est