Comédie romantique : est-il possible d’éviter la recette ?

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Par Frédéric Bouchard
jeudi 12 février 2015
Comédie romantique : est-il possible d’éviter la recette ?
Frédéric est présentement étudiant au DESS en journalisme. Il a complété en 2014 une maîtrise en études cinématographiques où il a étudié les personnages féminins dans le cinéma d’horreur contemporain. (Crédit photo : Flikr.com/wackystuff)
Frédéric est présentement étudiant au DESS en journalisme. Il a complété en 2014 une maîtrise en études cinématographiques où il a étudié les personnages féminins dans le cinéma d’horreur contemporain. (Crédit photo : Flikr.com/wackystuff)
La St-Valentin approche. Alors qu’elle devrait fracasser bien des records au box-office, l’adaptation cinématographique de 50 Shades of Grey remet au goût du jour les stéréotypes de la puissance masculine et de la femme soumise. Doit-on nécessairement jeter notre regard ailleurs que sur Hollywood pour pour voir la comédie romantique se libérer de ses codes ?

Le blogue Random Thoughts a publié un amusant schéma catégorisant les personnages de comédies romantiques hollywoodiennes. Les archétypes masculins seraient ceux du « socialement étrange » ou du beau mâle alors que chez la femme ce serait inévitablement celui de la névrosée. Si le tout demeure d’un ton humoristique, il n’en demeure pas moins que l’idée qui s’en dégage est que le genre répond à une recette bien calculée et qu’en sortir révèle de l’audace. Et lorsqu’Hollywood prend des risques, elle s’écarte rarement de ces codes bien définis. C’est pourquoi il faut regarder ailleurs pour une petite subversion. À la fois sur un circuit plus indépendant, et vers des terres qui nous sont un peu plus éloignées.

La Grande-Bretagne nous a offert ces dernières années quelques-uns des plus beaux exemples de films romantiques qui brisent les conventions. Weekend (2011) d’Andrew Haigh met en scène une romance de quelques jours entre deux jeunes hommes joués par Tom Cullen et Chris New. Ce n’est pas pour la dimension homosexuelle, mais pour l’intimité captée de manière bouleversante par la caméra du cinéaste que le film tranche complètement avec la vague de comédies anglaises à la Love Actually.

Du côté du cinéma français, le réalisateur Christophe Honoré a revigoré le genre à sa manière surtout grâce à Les chansons d’amour (2007). Mais La belle personne (2008), son film suivant, est complètement passé inaperçu. Adaptation du roman La princesse de Clèves de Madame de La Fayette, le film relate les déboires amoureux d’une bande d’adolescents dans un lycée. Chansons, trahisons, tragédies et un intérêt marqué pour les personnages secondaires confèrent au film un esprit mélancolique qui rompt avec la tradition.

Est-ce donc dire qu’il ne doit pas y avoir d’amour heureux pour que la comédie romantique puisse réellement être subvertie ? Si on revient aux États-Unis, mais à un circuit indépendant, il semblerait que oui. Before Midnight (2013), troisième volet de la série de films lancée par Richard Linklater en 1995 avec Before Sunrise, est truffé de dialogues durs et cruels livrés par un couple après plusieurs années de mariage. Pourtant, le film Gayby (2012) de Jonathan Lisecki, plus léger, plus drôle et avec une conclusion beaucoup moins pessimiste, dynamise les codes en mettant en scène une femme et son meilleur ami homosexuel qui tentent de faire un enfant ensemble. La structure demeure la même, mais l’enjeu est ici différent : une relation d’amitié.

Ce ne sont là évidemment que quelques exemples de films romantiques qui brisent les conventions tant dans le ton, dans l’issue que dans la dynamique des personnages. On parle d’amour depuis les débuts du cinéma, autant l’accepter. Cela ne veut pas dire qu’il faut toujours se laisser raconter la même histoire.