chercheurs en herbe

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Par Nicolas Toutant
mercredi 28 mars 2018
chercheurs en herbe
Les artistes mettent en place cette installation à la veille du projet de loi fédéral C-45, qui entrera en vigueur le 17 octobre 2018. (Crédit photo : flickr.com I Don Goofy)
Les artistes mettent en place cette installation à la veille du projet de loi fédéral C-45, qui entrera en vigueur le 17 octobre 2018. (Crédit photo : flickr.com I Don Goofy)
L’usage du cannabis à des fins récréatives dont la légalisation devrait se faire au mois d’août prochain motive déjà les universités de McGill et Laval. Retour sur les programmes et recherches associés à cette nouvelle réalité.

À l’Université Laval (UL), le professeur au Département de management James Eaves s’est associé à un producteur de cannabis ontarien, GreenSeal, dans le but de développer des technologies d’éclairage et de rentabiliser la production. Il s’intéresse en effet à la réduction de l’éclairage nécessaire pour faire pousser les plants. « Si on prend en considération que le cannabis sera cultivé à l’intérieur de serres ou d’entrepôts, l’éclairage artificiel requis est énorme », indique-t-il.

Tandis que les premiers résultats de ses travaux seront disponibles dans trois semaines, les données préliminaires laissent présager un succès, selon le professeur. « Éventuellement, les coûts en éclairage et en installations dans la culture du cannabis pourraient se voir réduits au tiers de leur valeur », estime-t-il.

Un impact plus large

Outre des améliorations pour la culture du cannabis, M. Eaves pense que les résultats de telles recherches pourraient représenter des avancées dans plusieurs autres domaines. « La culture d’autres produits comme la laitue ou la tomate et tout ce qui est en lien avec la microculture urbaine seraient également affectés par nos travaux », précise-t-il.

Professeur au Département de sciences biologiques à l’UdeM spécialisé dans l’ethnobiologie* des plantes, Alain Cuerrier voit plusieurs avenues de recherche intéressantes. « Les premières [recherches] qui pourraient être faites concerneraient les différents composés de la plante, ainsi que l’influence que ces derniers exercent sur les diverses variétés de plants de cannabis », explique-t-il.

M. Cuerrier précise que l’approche de l’UdeM en biologie des plantes permettrait surtout d’actualiser les connaissances sur les plantes cannabinoïdes. « On gagnerait énormément à dépoussiérer tout ce que l’on sait sur les variétés existantes, ajoute-t-il. Ça permettrait de vérifier la légitimité de la classification attribuée à celles-ci. »

Une nouvelle discipline en pleine expansion

Selon le professeur au Département de sciences biologiques de l’UdeM Luc Brouillet, spécialisé dans l’étude des plantes, les travaux de l’UdeM dans ce domaine tendent peu vers ce qui est visé par l’UL. « Les autres universités travaillent principalement sur l’agronomie, explique-t-il. En d’autres mots, on s’intéresse aux techniques d’optimisation de l’agriculture comme l’éclairage ou la qualité du sol. »

M. Brouillet ne ferme toutefois pas la porte à d’éventuelles avancées dans ce domaine. « Si, à ma connaissance, il n’y a rien de prévu pour l’instant, tout peut évidemment changer avec la légalisation et le nouveau marché qui émergera », ajoute-t-il. Les études autour de cette plante intéressent les protagonistes du marché, selon MM. Cuerrier et Eaves, qui affirment avoir été contactés par plusieurs producteurs de cannabis désireux de développer leurs méthodes de production et les façons d’optimiser celles-ci.

* Selon la définition du Musée national d’histoire naturelle, il s’agit d’une branche des sciences de l’homme qui étudie les interrelations des sociétés humaines avec leur environnement, à travers les savoirs et les savoir-faire.