Brasse, camarade

icone Societe
Par Charlotte Biron
mercredi 29 septembre 2010
Brasse, camarade

Jean-Pierre Boutin et sa copine ont quitté Montréal pour retourner vivre à Matane. Ils y ont ouvert la Fabrique, une brasserie artisanale, un pub et une future salle de spectacle. Le tout, à la sauce égalitaire.

«On est en pleine heure de lunch, ce serait mieux de rappeler quand on ne sera plus dans le rush », raccroche rapidement Véronique DeRosby. Quand je réessaie de lui parler, elle me passe Jean-Pierre Boutin, «le responsable des communications» et son conjoint. Bruits de fond, grichements d’interurbain, Jean- Pierre Boutin prend le combiné avec son accent. C’est l’histoire de la naissance de la Fabrique qui m’intéresse : «On a habité à Montréal. On avait brassé des bières à la maison, puis Véronique s’intéressait à la bouffe. On est revenus à Matane en 2004.» Au couple se sont joints Valérie Legrand, Martin Grant et Karine Courcy pour fonder la coopérative Cabestan et créer la Fabrique il y a quelques mois. Jean-Pierre Boutin ajoute : «On a choisi de fonctionner en coopérative, ça correspondait à nos valeurs, à nos idées. Que tout le monde soit égal.»

Leur coopérative-brasserie-pub se trouve en plein centre-ville de Matane. « En termes de resto-bar, à Matane, il n’y avait pas grandchose avant », explique Jean-Pierre Boutin. « Moi, je viens d’ici et ma conjointe vient des Méchins, qui n’est pas loin de Matane », dit-il quand je lui demande pourquoi Matane.

Au programme: bouffe, bières, culture

À la Fabrique, menu midi du 17 septembre dernier : sandwich Oktoberfest avec choucroute et saucisses à la bière de Nature Highland ou burger de poulet cajun et mayo-avocat et chipotle. Les cinq fondateurs de l’endroit veulent faire découvrir d’autres saveurs aux gens de la région. Ils veulent aussi faire goûter des bières produites sur place, des bières de micro-brasseries artisanales québécoises, des bières importées et des alcools fins du terroir régional. La Fabrique, ils l’ont créée en s’inspirant d’autres microbrasseries comme la Barberie à Québec ou le Trou du diable, à Shawinigan.

«On veut aussi accueillir des spectacles, des expos, des conteurs, énumère Jean-Pierre Boutin. On veut de la diversité.» L’endroit mettra de l’avant les artistes de la région, sans se priver des talents de plus grosses villes. «On ne se limitera pas. On veut aussi des gens de Montréal. Martin Grant a joué dans un groupe, alors il a des contacts.» L’endroit est réparti sur deux étages et tout le mobilier est le travail d’artisans locaux. En fait, ce sont surtout les cinq fondateurs qui ont travaillé d’arrache-pied pour donner à l’endroit fière allure. Jean-Pierre Boutin et son équipe ont plein d’idées : des idées de bières, des idées d’activités culturelles, des idées gastronomiques…

Avant de laisser mon interlocuteur retourner vaquer à ses occupations, je lui de mande comment se déroule l’arrivée de la Fabrique à Matane; il s’emballe : «On ne pensait pas que ça marcherait autant. C’est un gros mélange de générations. Pas juste des jeunes. On a des baby-boomers, des vieux, des jeunes. On est devenu un carrefour.»