Bras de fer à Saint-Hyacinthe

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Par Timothé Matte-Bergeron
mercredi 11 janvier 2017
Bras de fer à Saint-Hyacinthe
Illustration : Adriane Paquin-Côté
Illustration : Adriane Paquin-Côté
Le conflit opposant, depuis la fin novembre, l’UdeM et les 46 cliniciens de la Faculté de médecine vétérinaire (FMV) à Saint-Hyacinthe pourrait prochainement prendre fin en arbitrage. Victimes collatérales, les étudiants en médecine vétérinaire ont vu leurs stages et travaux pratiques affectés par l’escalade des moyens de pression des deux parties.
« Ce qui fait l’objet du litige, en ce moment, c’est idéologique. »
Jean Portugais, président du SGPUM.

Le Syndicat général des professeurs et professeures de l’UdeM (SGPUM) tente depuis juin 2015 de négocier avec l’employeur la première convention collective des cliniciens, sans succès. Ces derniers sont des professionnels spécialisés en médecine vétérinaire qui forment des étudiants dans un cadre principalement clinique, tout en dispensant aussi des cours théoriques. « Les professeurs cliniciens se sont syndiqués parce qu’ils veulent une sécurité d’emploi, mais aussi parce qu’ils veulent une reconnaissance pour pouvoir voter dans les assemblées, participer aux instances de la vie académique et démocratique de l’université ainsi qu’à l’embauche de leurs collègues », déclare le président du SGPUM, Jean Portugais.

De son côté, l’UdeM refuse de leur reconnaître un statut similaire à celui des professeurs. Actuellement, l’implication des cliniciens dans les instances facultaires n’a qu’une portée consultative. « Le fossé qui sépare les parties après pas moins de 28 séances de négociation depuis un an, dont 16 devant un conciliateur, est attribuable à la revendication syndicale d’un statut équivalent à celui de professeur pour les cliniciens enseignants », a fait valoir la direction de l’UdeM par voie de communiqué. De ce fait, les moyens de pression du SGPUM ont débuté en décembre avec six jours et demi de grève. Le conflit s’est envenimé avec la mise en lock-out des cliniciens par l’UdeM à l’aube du congé des Fêtes, du 22 décembre 2016 au 2 janvier 2017.

Incidence sur les études

Cette situation n’a pas été sans conséquence pour les étudiants, selon le président de l’Association des étudiants en médecine vétérinaire du Québec (AEMVQ), Jean-Simon Richard. « Les cliniciens sont souvent ceux qui nous donnent nos travaux pratiques ainsi que nos stages, donc leur absence a un effet certain sur notre cheminement », remarque-t-il. Plus d’une trentaine d’étudiants de la FMV devront reprendre une partie de leur stage au courant de la session d’été.

Le lock-out a également eu une incidence sur leur parcours. « Cette mesure nous a fait perdre une journée et demie de stage, sans compter les effets du stress sur les cliniciens la journée et demie le précédant, quand il a été annoncé », soutient l’étudiante en cinquième année de médecine vétérinaire Maude Gauthier-Bouchard.

Avant Noël, Jean-Simon précisait déjà les effets des six journées et demie de grève sur les étudiants, auxquelles s’ajouteront celles du lock-out. « Étant donné que les étudiants de cinquième année sont en stage toute l’année, ils vont devoir étirer la session d’hiver afin de rattraper le temps perdu », soutient-il. Les étudiants de première, deuxième et troisième années doivent également reprendre certains travaux pratiques.

Le syndicat a reçu l’appui de l’AEMVQ, voté lors d’une assemblée générale le 29 novembre dernier. « Les étudiants de la FMV reconnaissent l’importance des cliniciens dans notre parcours et trouvent inacceptable le traitement qui leur est réservé actuellement », explique Jean-Simon. Par ailleurs, le 1er décembre 2016, près d’une centaine d’étudiants de la FMV, selon le président de l’AEMVQ, ont manifesté en compagnie des cliniciens à Saint-Hyacinthe, près du campus.

Débat de statut

À la table de négociation, les deux parties se sont mises d’accord sur l’essentiel des conditions de travail. « On s’entend sur les salaires, on s’entend sur les conditions de retraite, on s’entend sur les permanences, affirme Jean Portugais. Ce qui fait l’objet du litige, en ce moment, c’est idéologique. »

Maude Gauthier-Bouchard explique que ces cliniciens ont une tâche qui va au-delà du travail clinique. « Ils sont en première ligne quant à notre éducation, remarque-t-elle. Ils sont nos mentors et font preuve d’une grande générosité en temps et en connaissances. »

Affirmant reconnaître la contribution positive des cliniciens dans la formation des étudiants, l’UdeM répond qu’ils ne sont pas les seuls dans cette position. Les chargés de cours, les chargés de formation pratique et les médecins-cliniciens occupent des fonctions d’enseignement tout en ayant aussi un statut distinct de celui des professeurs.

Une demande d’arbitrage a été demandée par l’UdeM auprès de la ministre du Travail après la levée du lock-out des cliniciens. De cette démarche, si la ministre lui donne suite, pourrait résulter la détermination du contenu de la convention collective par un arbitre. Celui-ci tranchera s’il juge que les parties ne parviendront pas à un accord dans un délai raisonnable. Le processus complet peut prendre quelques mois.