Bouffée d’air campagnard avec Andrés Livov-Macklin

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Par Mélissa Pelletier
mardi 22 mars 2011
Bouffée d'air campagnard avec Andrés Livov-Macklin

Après avoir écumé de nombreux festivals en Allemagne, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays avec son film documentaire Bienvenue à Los Pereyra, Andrés Livov-Macklin continue son périple à travers le monde. Explorateur dans l’âme, Livov-Macklin jette aujourd’hui son dévolu sur le Québec. Incursion dans le processus de création du réalisateur.

 

Quartier Libre : Comment est né Bienvenue à Los Pereyra ?

 

Andrés Livov-Macklin: J’ai toujours été intéressé par les régions isolées. Je crois que c’est cet attrait qui m’a poussé à explorer mon pays, l’Argentine. En voyant le village de Los Pereyra, j’ai tout de suite su que cet endroit allait m’apporter beaucoup d’inspiration. J’ai développé l’idée pendant mes études aux beaux-arts, à l’université York à Toronto vers 2003.

Q.L. : Comment avez-vous réalisé le projet ?

A. L. : C’est un simple hasard. En présentant mon court-métrage de fin d’études au Festival des films du monde à Montréal, j’ai rencontré le réalisateur du film Otra vuelta, Santiago Palevecino. Puisqu’il était le seul autre Argentin dans la salle, on s’est vite lié d’amitié. Cela a donné lieu à un bel échange d’idées. En retournant en Argentine après mes études, nous avons mis en branle le projet. J’ai écrit le scénario du documentaire en deux semaines, mais je n’avais pas un sou en poche. J’ai envoyé de multiples demandes de financement et deux institutions ont répondu à mon appel. C’est le Fonds Jan Vrijman, qui encourage la réalisation de documentaires originaux dans les pays en voie de développement, et l’Office national du film du Canada, qui m’ont soutenu dans cette aventure. Heureusement, sinon cela n’aurait pas été possible. J’ai réussi à obtenir 50000 $ avec ces deux aides financières, mais en fait, le film a coûté plus de 60 000 $ à réaliser. J’ai dû compter sur l’aide et le temps de mes amis qui travaillent dans le domaine. J’ai ensuite été au Festival du film de Berlin, où j’ai rencontré celui qui allait devenir le coproducteur du film, Hugh Gibson. Le destin a été avec nous sur ce coup là ! Le film est sorti en novembre 2009, et depuis, je m’occupe de le promouvoir à travers le monde.

Q.L. : En plus de la promotion, vous parcourez ces temps-ci des campagnes québécoises à la recherche de votre prochain sujet. D’où vient cet attrait marqué pour les régions ?

A. L. : J’ai peut-être besoin d’air. J’ai grandi dans l’immense ville de Buenos Aires en Argentine. C’était très difficile d’en sortir dans mon enfance. Il fallait prévoir le transport, trouver le temps, et ce n’était pas donné. C’était compliqué, cher. Ici [au Québec], la campagne est à portée de la main. J’ai envie de me promener, de découvrir. Et aussi de parler aux gens. Je veux travailler la terre avec eux. Faire du pouce. Vivre simplement.

Q.L. : Derrière toute cette exploration campagnarde, est-ce qu’une idée ne serait pas en train de germer ?

A. L. : Pour être honnête, oui et non. Les idées ont plus tendance à venir vers moi que le contraire. Je laisse aller, et voilà. J’attends que L’IDÉE me tombe sur la tête (Rires). Je veux me laisser influencer par les gens que je vais croiser, leur histoire, leur mode de vie. Une chose est presque sûre : ce sera un sujet important pour les gens habitant dans les régions québécoises. Et je ne me cantonne pas au genre du documentaire. Que ce soit du réel ou de la fiction, l’important est de raconter une histoire. Le but, c’est de savoir bien la raconter.

Bienvenue à Los Pereyra

 

Dans la région très isolée du nord de l’Argentine, Los Pereyra, les enfants d’une  minuscule école primaire attendent avec impatience la visite des Marraines. Les adolescentes de ce regroupement viennent de Buenos Aires pour une mission de charité annuelle. Dès leur arrivée, les écoliers sont ravis, mais aussi très désorientés. Par rapport à la richesse apparente de ce groupe d’aide, les enfants vivent une prise de conscience de leur pauvreté. Film éloquent dans lequel la relation délicate de l’aidant et de l’aidé se forge au fil des jours.