Bibliothèques de l’udeM: la coupe de trop

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Par Nawal Maftouh
lundi 14 décembre 2015
Bibliothèques de l’udeM: la coupe de trop
Tous les types de livres sont touchés ainsi que toutes les disciplines, selon le directeur des bibliothèques de l’UdeM, Richard Dumont. Crédit Photo: Guillaume Villeneuve.
Tous les types de livres sont touchés ainsi que toutes les disciplines, selon le directeur des bibliothèques de l’UdeM, Richard Dumont. Crédit Photo: Guillaume Villeneuve.
Près de 900 000 $ du budget d’achat des livres ont été coupés, selon le point sur les budgets de 2015-2016 des bibliothèques de l’UdeM. Une compression qui touche toutes les disciplines et qui pousse l’Université à concevoir des modèles innovants pour contourner les effets négatifs du manque de livres.

« Cette année, le budget d’acquisition des livres par l’UdeM diminue de 53 %, ce qui veut dire moitié moins de livres à acheter, et cela nous inquiète énormément », s’alarme le secrétaire général de la FAÉCUM, Nicolas Lavallée. Cette baisse du budget, touchant l’ensemble des bibliothèques de l’UdeM, est la conséquence directe des coupes initiées par le gouvernement québécois dans l’ensemble du réseau universitaire dont le cumul s’élève actuellement à 306 M$. « Cela va rendre l’accès aux livres difficiles, les travaux et recherches beaucoup plus laborieux à réaliser », estime M. Lavallée.

Une situation préoccupante pour le directeur général des bibliothèques de l’UdeM, Richard Dumont, puisqu’aucune discipline ne sera épargnée. « Tous les types de livres sont touchés », affirme-t-il. Il estime que la pauvreté des collections a une incidence directe sur l’apprentissage, mais aussi sur la qualité de la recherche. « Insidieux est le mot que j’utiliserais pour décrire le contexte budgétaire actuel à l’Université, s’inquiète M. Dumont. Moins de livres égal moins d’idées ».

De leur côté, les étudiants ne voient pas d’un bon œil ces coupes qui les touchent directement. « C’est vraiment handicapant comme situation, affirme l’étudiant à la majeure en études cinématographiques, Florian Avella-Puig. Cela nous empêche d’avoir accès à l’information, chose primordiale, sans parler des répercussions négatives que cela aura sur la recherche ». Il craint aussi d’autres réductions budgétaires dans le réseau universitaire.

Situation précaire

« L’Université est dans une situation précaire, pense M. Dumont. Le rétablissement des achats de livres à un niveau acceptable implique des compressions équivalentes dans d’autres pans d’activités tout aussi névralgiques pour les étudiants et les chercheurs. » Il estime que l’Université doit prendre des décisions difficiles qui ont des impacts majeurs.

Dans un communiqué de presse, la FAÉCUM demande au gouvernement de réinvestir dans l’enseignement supérieur, mais aussi de mettre un terme aux compressions qui amputent l’acquisition du savoir par les générations montantes. « Comme il y aura moins de livres dans les bibliothèques de l’Université, on devra recourir aux prêts de livres, ce qui peut occasionner plusieurs retards autant pour les travaux d’étudiants que pour les travaux de recherche », considère Nicolas Lavallée.

Un projet pilote

La direction des bibliothèques essaie néanmoins d’explorer de nouvelles approches en matière d’achat et de développement de collections. Elle a ainsi mis en place, entre décembre 2014 et avril 2015, un projet pilote d’achat de livres initié par l’usager. C’est selon les besoins de ce dernier que les collections seront enrichies, et non plus selon une approche globale. « À la direction des collections, nous nous entendons avec un fournisseur sur des titres de nature académique qui vont être versés dans notre catalogue, explique la directrice des collections des bibliothèques de l’UdeM, Stéphanie Gagnon. Durant la phase pilote, nous avons ainsi versé 51 690 notices de signalement dans notre catalogue, sans toutefois acheter les ouvrages. Ce sont des achats potentiels et ils ne seront acquis automatiquement qu’au bout de la deuxième utilisation par un usager ».

Ce projet pilote a contribué à maximiser les sommes investies puisque seuls 1 159 titres ont été acquis tandis que 1 990 titres ont été consultés une seule fois. Ceci permet aux bibliothèques de l’UdeM d’économiser 253 000 $. « Je pense que c’est une bonne approche, car les livres seront plus près des intérêts des étudiants, estime l’étudiante à la maîtrise en communication, Olivia Baker. Par contre, je suis d’avis que les professeurs devraient avoir leur mot à dire, peut-être plus que les étudiants, parce qu’ils connaissent mieux les livres qui peuvent aider ces derniers ». Pour l’instant, la mise en place permanente de ce projet pilote n’est pas confirmée.

Périodiques : comment répartir les coupes ?

En octobre dernier, le groupe de travail sur la collection de périodiques (GTCP) de l’UdeM a rendu son rapport. Son mandat était de proposer une approche pour déterminer quels étaient les périodiques essentiels.

Le groupe a interrogé 1 990 personnes parmi les professeurs, chargés de cours et étudiants aux cycles supérieurs. Ces derniers ont nommé les titres qu’ils considéraient essentiels pour leur discipline, enseignement et recherche. L’analyse a porté sur 26 843 titres distincts, dans trois grands domaines : sciences de la nature et génie, sciences de la santé et droit, sciences humaines et sciences sociales. Les répondants ont recommandé l’ajout de 1 041 nouveaux titres à la liste des périodiques prioritaires et le retrait de 156. En tout, le comité a pu cerner 5 893 périodiques essentiels.

Cette consultation a aussi permis de mettre en avant les éléments dont il fallait tenir compte pour garantir un juste équilibre entre les disciplines et l’optimisation des budgets disponibles, comme le caractère particulier des revues francophones québécoises et canadiennes, les besoins des étudiants du premier cycle, le coût par téléchargement, les revues dans lesquelles la communauté de l’UdeM publie et celles publiées par des sociétés savantes.