La nouvelle de l’achat de l’application mobile WhatsApp par le groupe Facebook a bouleversé les médias. Au-delà de la somme record de 19 milliards de dollars déboursée pour cette acquisition, l’objectif annoncé de Facebook est d’étendre son champ d’action et sa présence dans la sphère du mobile en profitant des 450 millions d’utilisateurs de WhatsApp.
WhatsApp est une application mobile qui se base sur l’utilisation du réseau internet pour permettre l’envoi de messages, de photos et de vidéos sur la base des contacts déjà présents dans le cellulaire de la personne. Elle utilise la connexion internet des téléphones intelligents pour donner à ses utilisateurs les fonctionnalités d’un cellulaire sans les coûts d’utilisation qui peuvent y être associés. Le volume de messages échangé sur WhatsApp atteint celui de l’ensemble des SMS des opérateurs téléphoniques mondiaux.
Une application contestée
L’année dernière, l’application a fait l’objet d’une enquête du commissariat à la vie privée du Canada, menée conjointement avec l’autorité de protection des données néerlandaise.
Le rapport d’enquête a mis en avant de nombreuses infractions dans l’utilisation faite des données des individus et a demandé que l’application se conforme à leurs règlements sur quatre points :
– L’utilisation du carnet d’adresses : WhatsApp ne proposait pas de créer un carnet d’adresses propre à l’application, forçant l’utilisateur à fournir celui de son cellulaire.
– La conservation des données allait au-delà de la période normale d’utilisation sans raison apparente.
– Le non-chiffrement : Les messages envoyés n’étaient pas protégés et pouvaient faire l’objet de piratage.
– Le cryptage des mots de passe n’était pas suffisant pour contrer l’usurpation ou le vol d’identité.
Après cette enquête, WhatsApp s’est engagée à remédier à la situation pour se mettre en conformité avec les recommandations du Commissariat à la vie privée du Canada. Toutefois, les suites n’ont pas été communiquées par la société ou par le commissariat.
Une acquisition intéressée
L’acquisition de WhatsApp par le groupe Facebook ajoute l’ensemble des contacts téléphoniques des individus à une base de données déjà composée des profils Facebook et des photos Instagram.
Par ce rachat, Facebook ancre son action dans une conquête du mobile permettant au groupe de rejoindre des utilisateurs qui se détournaient du réseau social, devenu « traditionnel ». On pense par exemple aux adolescents ou encore aux utilisateurs de pays technologiquement émergents comme le Brésil, l’Afrique du Sud ou encore l’Indonésie qui utilisent d’autres applications que Facebook ou Twitter.
Ce vivier de données (profils, photos, contacts téléphoniques) en plus de l’augmentation de sa présence géographique donne à Facebook une étendue encore plus grande.
Facebook n’est plus seulement un site, mais bien un groupe qui s’assure une position quasi dominante sur le marché des informations.
Là où Google s’étend sur les objets connectés, Facebook vise le mobile et un monopole sur le data-mining, c’est-à-dire l’extraction de connaissances à partir des données et des traces laissées en ligne.
Un exemple de data-mining concret est la publicité que vous allez retrouver sur la page web de lapresse.ca vous proposant des voyages dans le Sud, alors que 24 heures plus tôt vous regardiez des offres pour des séjours dans le Sud sur expedia.ca.
C’est cette utilisation des traces que vous laissez, couplée aux données indiquées sur vos différents profils sur les réseaux sociaux, qui va permettre à Facebook de vous faire parvenir la publicité adéquate sur les différents encarts publicitaires sur leur site ou sur les bandeaux des applications de vos cellulaires.
Les dirigeants de WhatsApp, qui ont fait de l’absence de publicité leur mantra, ont assuré que l’application resterait sans publicité. Toutefois, même si cela reste le cas, l’accès à vos contacts, à votre numéro de cellulaire et au nom de la compagnie qui vous fournit votre abonnement ouvre une possibilité d’exploitation des données non négligeable.