Au pays de la convergence

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Par Alice Mariette
mercredi 9 mars 2016
Au pays de la convergence
Illustration : Émilie Bélanger.
Illustration : Émilie Bélanger.

« Participez et parlez-nous! », lance l’UdeM. Une formule pour rappeler que nous avons un rôle à jouer dans la « transformation académique » de notre Université. Interface Web, sondages, forums de discussion animés par l’Institut du Nouveau Monde (INM), tout a été mis en place pour qu’étudiants et employés puissent partager leurs opinions. Alors, comme toute la communauté universitaire est invitée à s’exprimer, voici quelques éclaircissements.

Dans le guide de consultation « Construire notre avenir ensemble »*, on peut lire : « on constate une forte asymétrie de la taille des facultés ». Effectivement, si l’on divisait le volume d’activité de l’Université en trois, cela ferait, environ, un bon tiers pour la Faculté des Arts et des Sciences (24 départements), un petit pour celle de Médecine (12 départements) et le dernier tiers pour les 12 Facultés restantes… Cherchez l’erreur.

Toujours dans le même document, on lit : « déséquilibre de représentation », « prisme dans les structures de gouvernance », « organisation […] inchangée depuis plus de 40 ans ». Par ailleurs, le mot « convergence » revient quatre fois. « Convergence des formations », « convergence entre disciplines », « une démarche portant sur […] les convergences », « poser des gestes pour bonifier les convergences ». Le mot « interconnexion » revient, quant à lui, six fois. Le mot « connexion » une fois. Avez-vous compris l’idée ? Une chose est sûre : il y a beaucoup (trop?) de facultés. On peut s’exprimer oui, mais finalement, est-ce que le regroupement – la fusion, le rapprochement, appelez cela comme vous voulez – de facultés est la seule issue? On dirait bien que oui.

Le Devoir en parlait dans son édition du 5 mars, avec un article au titre éloquent : « Un projet de refonte de l’Université de Montréal crée des remous ». L’avenir de la Faculté de l’éducation permanente (FEP) y est même remis en question ! Que va-t-il se passer vraiment ?

Manque de transparence

En fait, en quoi « le statu quo est préjudiciable » ? Cette expression – employée à plusieurs reprises par le recteur de l’UdeM, Guy Breton – indique qu’il faut changer, mais ne dit pas pourquoi. Difficile donc d’accepter le changement quand on ne comprend pas vraiment en quoi la situation actuelle est problématique… Beaucoup d’étudiants sont dans le flou et ne savent pas quelle direction prend l’Université.

Et il n’y a pas que les étudiants qui sont dans le flou. Les professeurs le sont aussi. Entre bruits de couloir et vraies informations, personne ne semble savoir véritablement ce qu’il va se passer. Pour le syndicat général des professeurs de l’UdeM (SGPUM), le sondage lancé par le vice-recteur au développement académique et à la transformation institutionnelle, Gérard Boismenu, « porte sur des sujets touchés par la convention collective SGPUM ». Après en avoir demandé son retrait, le syndicat a appelé au boycottage de ce sondage, ainsi qu’à celui de l’ensemble des démarches de consultation. Il a aussi déposé une plainte au tribunal administratif du travail du Québec, demandant notamment à l’Université de cesser toute ingérence dans les affaires syndicales.

Alors, comme le pense le SGPUM, on peut se demander si les dés sont pipés. Pourtant, comme le répète toujours M. Boismenu : « Le plan d’action de la transformation institutionnelle n’est pas encore défini ». C’est donc pour construire ce plan que cette large consultation, inédite, a été lancée par l’UdeM.

Dans tous les cas, je ne peux que vous inviter à vous rendre aux forums de discussions, dont un est strictement réservé aux étudiants – oui, il semble que le cloisonnement soit important. Mais aussi à écrire vos idées, les partager, à participer au « tournant » que va prendre, inévitablement, notre Université. Peut-être aurez-vous un impact.

 

*Disponible en ligne ICI