Atmosphère protectrice

icone Culture
Par Maude Parent
lundi 1 février 2016
Atmosphère protectrice
Le thermo-hygrographe du Centre d’exposition, qui permet de mesurer à la fois la température et l’humidité relative. Crédit photo: Guillaume Villeneuve.
Le thermo-hygrographe du Centre d’exposition, qui permet de mesurer à la fois la température et l’humidité relative. Crédit photo: Guillaume Villeneuve.
Une oeuvre d’art, c’est fragile et ça craint l’humidité. Le Centre d’exposition de l’UdeM possède son propre système de contrôle d’humidité pour respecter les normes muséales établies par le Centre de conservation du Québec (CCQ) et l’Institut canadien de conservation (ICC). Suivre ces standards peut toutefois s’avérer ardu en raison des divers types d’œuvres demandant différents traitements.
« Tous les musées tendent à respecter ces standards-là, mais aucun n’y arrive totalement. Ce sont des normes très difficiles à atteindre et il y a toujours des compromis à faire. »
Elise Dubuc - Professeure agrégée au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques

Des appareils permettent de faire un suivi quotidien de la température au Centre d’exposition de l’UdeM, ce qui permet d’assurer un taux d’humidité d’environ 50 % et une atmosphère avoisinant les 20 degrés Celsius. « Cela permet d’avoir des contrôles assez serrés pour respecter les normes de conservation des œuvres, autant dans la salle que dans la réserve, renseigne le coordonnateur des expositions et de la collection du Centre d’exposition de l’UdeM, Patrick Mailloux. On reste stable puisque ce qui est pire qu’une température basse ou élevée, ce sont des fluctuations ».

Par souci de préservation des œuvres, des normes muséales ont été établies au Québec et au Canada en ce qui a trait à l’atmosphère pour mieux les protéger, ce que le Centre d’exposition de l’UdeM tend à suivre. « Si jamais il y a un bris, on le sait directement grâce aux appareils et on peut ainsi réagir vite, indique M. Mailloux. On a un peu de tout dans la réserve. On a, entre autres, des toiles, des sculptures et des œuvres sur papier ». Les standards choisis par l’UdeM sont ainsi une moyenne des normes pour chaque type d’œuvre.

L’étudiante au baccalauréat en histoire de l’art Virginie Semery pense qu’il est important de connaître les bases de la conservation. « On peut aborder des questions de conservation dans certains cours ou même visiter une réserve d’un centre d’exposition, précise-t-elle. Mais ce sont des sujets très pointus qui demandent spécialisation. D’ailleurs, certains des métiers possibles de notre domaine ne touchent pas du tout à la conservation d’œuvres ».

Normes difficiles à respecter

L’ICC a publié, en collaboration avec l’American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE), des normes professionnelles pour les musées, les bibliothèques et les dépôts d’archives. « Tous les musées tendent à respecter ces standards-là, mais aucun n’y arrive totalement, confie la professeure agrégée au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques Elise Dubuc. Ce sont des normes très difficiles à atteindre et il y a toujours des compromis à faire ».

D’ailleurs, ces standards peuvent être contradictoires et poser problème. Il existe deux grandes familles de matériaux en art, les organiques et les inorganiques, qui demandent différents traitements. « Tout dépend des œuvres et des matériaux employés, soutien Mme Dubuc. Par exemple, si on a des œuvres dans lesquelles il y a du métal, il faut que l’air soit très sec, donc à environ 20 % d’humidité ». Ainsi, en présence d’œuvres composées de différents matériaux, il devient plus difficile de choisir à quelle température s’arrêter.

« Lorsqu’on lit les standards, tout le monde est fautif, termine-t-elle. On fait au mieux, mais c’est certain que l’Université n’est pas un musée. Son premier mandat est de s’occuper de ses collections vivantes que sont les étudiants. » Le Centre d’exposition fait toutefois bien attention de maintenir une température et un taux d’humidité constant, et ce depuis sa première exposition en 1998.

18