Artistes en affaires

icone Culture
Par Anastassia Depauld
mercredi 11 février 2015
Artistes en affaires
Plusieurs cafés et restaurants joignent l’utile à l’agréable en proposant aux artistes d’exposer leurs œuvres sur les murs et d’ainsi collaborer à la décoration de l’endroit.
Plusieurs cafés et restaurants joignent l’utile à l’agréable en proposant aux artistes d’exposer leurs œuvres sur les murs et d’ainsi collaborer à la décoration de l’endroit.
Le magazine littéraire français ActuaLitté publiait, à la fin janvier, un article dans lequel il mettait en lumière la réticence des investisseurs à s’associer avec des gens du milieu des arts. La tâche est parfois ardue pour les étudiants qui s’adonnent à la peinture, à la sculpture ou à la photographie à l’UdeM et qui doivent, s’ils veulent être exposés, trouver du financement et des endroits où présenter leurs œuvres.
« C’est une bonne manière de se faire connaître, de recevoir des appels pour des projets d’expositions ou pour trouver des galeries d’art où exposer ! »
Marie-Hélène Gélinas, Étudiante au baccalauréat en littérature de langue française

ÀHEC, une maîtrise et un D.E.S.S. en gestion des institutions culturelles sont proposés. Le professeur agrégé au Département de management d’HEC Montréal Serge Poisson-de Haro pense qu’il s’agit d’une bonne option pour ceux qui cherchent à démarrer leur propre entreprise.« Ces programmes sont fondamentalement faits pour les artistes qui veulent apprendre la gestion pour eux-mêmes ou pour un groupe, explique-t-il. On apporte évidemment plus des outils de gestion, pas de création. »

À l’UdeM, les associations étudiantes tentent de donner la chance à leurs membres d’exposer leurs œuvres. C’est le cas de la soirée GéoArt, dont la prochaine édition est organisée le 2 avril prochain par des étudiants en géographie environnementale de l’UdeM. « Il y a des concours de photo, de dessin, de sculpture et de cartographie, raconte l’étudiante au baccalauréat en géographie et coorganisatrice de l’événement Gabrielle Gagné. Technique­ment, GéoArt est réservé aux étudiants du Département de géographie. S’il y a d’autres personnes qui veulent participer, on peut faire des exceptions. » Pour les étudiants qui ne sont ni inscrits dans un programme de gestion ni en géographie, la solution se trouve ailleurs.

Le Regroupement des artistes de l’UdeM (RAUM) a pour objectif de donner de la visibilité aux artistes en organisant des activités de réseautage telles que des soirées, des expositions et des formations. « L’idée de base du RAUM est intéressante, mais ils ne m’ont jamais contactée après mon inscription », explique l’artiste et étudiante au baccalauréat en littérature de langue française, Marie-Hélène Gélinas, qui réalise de la photographie abstraite.

L’union fait la force

De son nom d’artiste Mayane, Marie-Hélène exposera ses œuvres au mois de mars à la galerie Le repaire des 100 talents, dans Villeray, avec 28 autres artistes. Elle a obtenu ce contrat, comme ses précédents, par l’intermédiaire de Facebook. « C’est une bonne manière de se faire connaître, de recevoir des appels pour des projets d’expositions ou pour trouver des galeries d’art où exposer ! », explique l’étudiante qui cherche aussi de l’information sur différents babillards, comme celui du magasin de matériel d’artistes DeSerres. « On y trouve des choses intéressantes, des appels aux artistes, des invitations à des expositions, et on peut aussi y mettre ses cartes professionnelles », dit-elle.

Si les possibilités sont multiples, il s’agit plus souvent d’expositions de groupes. Elles sont plus accessibles aux étudiants, car elles sont moins chères et elles acceptent des artistes de la relève, selon Marie-Hélène. « Je participe toujours à des expositions collectives, raconte-t-elle. Il y a quelques galeries qui proposent ça à des prix raisonnables, mettons 20-25 $ par artiste pour une semaine ou un mois. »

Selon M. Poisson-de Haro, il serait même intéressant que l’exposition à plusieurs devienne un mouvement en soi.« J’aimerais voir ça comme un mouvement qui aurait une identité commune ou des valeurs communes, assure-t-il. Si on se place il y a un siècle à Paris, les impressionnistes ont agi de la sorte. »

Exposer à quel prix ?

Exposer ses œuvres seul ou à plusieurs implique de trouver du financement, et pour cela, M. Poisson-de Haro suggère aux jeunes artistes d’emprunter la voie du financement communautaire, aussi connu sous son nom anglais crowdfunding. « Le crowdfunding fonctionne avec les réseaux sociaux, et assez bien », indique le professeur. Ce socio-financement sur Internet propose, comme son nom l’indique, de financer des projets par dons.

« Ce qui fait marcher un jeune artiste est, en outre de la qualité intrinsèque de son travail, les moyens astucieux qu’il met en place pour se rendre visible », affirme M. Poisson-de Haro. Selon lui, au-delà de la recherche de financement, l’artiste doit, pour se faire connaître, avoir une idée claire de ce qu’il vient apporter sur le marché, chercher les bonnes galeries et traiter adéquatement son image médiatique.