Architecture immersive

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Par Michel Hersir
mercredi 30 novembre 2016
Architecture immersive
Le laboratoire Hybridlab où se donne le cours multidisciplinaire Créativité par le groupe. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
Le laboratoire Hybridlab où se donne le cours multidisciplinaire Créativité par le groupe. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
La réalité virtuelle est une technologie communément utilisée en design industriel, elle commence aussi à s’immiscer dans le domaine de l’architecture. Incursion dans un cours de la Faculté de l’aménagement où les étudiants ont l’occasion d’utiliser cet outil dans leur apprentissage.

«La réalité virtuelle est l’expérience de s’immerger dans une représentation d’un environnement 3D », explique l’architecte et professeur à la Faculté de l’aménagement à l’UdeM Tomás Dorta. Il est également directeur du Laboratoire de recherche Hybridlab*, où l’on retrouve le logiciel Hyve-3D. La spécificité de ce logiciel est l’immersion dans la réalité virtuelle sans les traditionnels casques qui l’accompagnent.

« Dans des disciplines comme l’architecture où l’échelle est très grande, la réalité virtuelle prend tout son sens, affirme M. Dorta. Être capable d’être dans un environnement à l’échelle tout en pouvant modifier et créer certains éléments au passage amène là où une maquette ne pourra jamais t’amener. » Les logiciels de conception assistée par ordinateur (CAO) les plus communs dans l’enseignement, comme SketchUp et AutoCad, permettent de construire un environnement en trois dimensions, mais pas de s’y immerger.

Certains étudiants de l’UdeM ont fait l’expérience de cette immersion à travers le cours Créativité par le groupe, donné par M. Dorta, à Hybridlab. Ils travaillent en collaboration avec des élèves de l’Université de Lorraine-Metz en France. La réalité virtuelle fait en sorte que sur la même représentation 3D, les étudiants québécois et français peuvent travailler simultanément. Par exemple, ils peuvent dessiner des esquisses en même temps à l’aide de différents curseurs contrôlés par des iPad, certains au Québec, certains en France.

Pour les participants à ce cours, cette technologie s’est également avérée un bon outil de communication. « L’un des principaux obstacles en architecture, c’est le besoin de communiquer avec le client et d’autres personnes qui ne sont pas nécessairement architectes, explique l’étudiant à la maitrise en architecture Guillaume Thiaw-Wing-Kai. La réalité virtuelle permet de rapidement comprendre l’essence d’un projet. »

Un chemin à prendre

Si le système Hyve-3D permet de réaliser des esquisses en 3D, cela ne veut toutefois pas dire la fin de l’utilisation du crayon ou de la modélisation avec les logiciels de CAO. « Dans le métier d’architecte, il faut savoir dessiner, c’est inévitable, admet l’étudiante à la maîtrise en architecture Adèle Baugé. Mais on est en 2016, et c’est normal de s’adapter aux technologies. » Un avis partagé par Guillaume qui estime que les logiciels CAO restent pertinents et qu’ils sont plus efficaces pour modéliser des objets en volume par exemple.

L’application de la réalité virtuelle dans le cours de M. Dorta n’est toutefois pas la manière la plus utilisée en architecture. Les firmes d’architecture qui s’en servent la prennent comme outil de visualisation pour leurs clients, avec l’aide de casques virtuels. Selon M. Dorta, c’est une mauvaise utilisation de la technologie, car les casques ont déjà prouvé leurs limites. « C’est plus compliqué d’expliquer un projet à un groupe extérieur s’ils doivent tous porter un casque », exprime-t-il. Actuellement, à l’UdeM, ce sont surtout les étudiants en design industriel qui utilisent la réalité virtuelle. Afin d’initier les gens en architecture à cette pratique, M. Dorta envisage d’instaurer des projets du style charrette dans un futur proche.

*Voir article Hyve-3D : Création en immersion, vol. 23, no 8