Apapacho, ou apprivoiser le deuil

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Par Louis-Philip Pontbriand
mardi 15 octobre 2019
Apapacho, ou apprivoiser le deuil
Fanny Mallette interprète le rôle d'Estelle dans Apapacho. Ce mot náhuatl représente un concept difficilement traduisible que la réalisatrice du film a interprété comme "une caresse pour l'âme". Photos : Productions du Cerf-volant.
Fanny Mallette interprète le rôle d'Estelle dans Apapacho. Ce mot náhuatl représente un concept difficilement traduisible que la réalisatrice du film a interprété comme "une caresse pour l'âme". Photos : Productions du Cerf-volant.
La réalisatrice Marquise Lepage lancera son plus récent long métrage, Apapacho, ce vendredi 18 octobre. Ce film de fiction, partiellement autobiographique, traite de la façon dont la culture mexicaine vit le deuil. La cinéaste raconte comment un voyage dans ce pays lui a permis de mieux surmonter le décès de sa sœur et lui a inspiré l’histoire de son cinquième long métrage.

Alors que les Mexicains s’apprêtent à souligner le Día de Muertos (jour des Morts) au début du mois de novembre, Marquise Lepage réfléchit aux circonstances qui lui ont fait découvrir cette tradition précolombienne, qui consiste à honorer le souvenir des êtres chers disparus. « Il y a cinq ans, je venais de perdre quelqu’un de très précieux dans ma vie, se rappelle-t-elle. C’était la fête des Morts et il y avait des squelettes et des fleurs partout. »

Loin de trouver macabres cette tradition et son iconographie particulière, Mme Lepage dit y avoir trouvé un aspect profondément apaisant. « C’est une célébration vraiment plus lumineuse que ce que l’on pratique ici, observe-t-elle. J’ai été inspirée par la poésie, la lumière et l’amour dans lesquels leurs êtres chers baignent après leur mort. C’est ce qui m’a le plus influencée comme point de départ : comme il est merveilleux de rester dans la continuité de l’amour plutôt que de l’enterrer avec notre mort. Je trouve le deuil plus doux à porter. »

La cinéaste, qui a fait sa maîtrise en études cinématographiques à l’UdeM, dit avoir trouvé en Laurence Lebœuf et Fanny Mallette les interprètes idéales pour camper les deux rôles principaux du film, ceux de deux sœurs éprouvant le deuil de leur sœur aînée. « Il était impensable de recréer tout le décor du cimetière et du marché à un autre moment de l’année, explique-t-elle. Par miracle, les deux actrices étaient disponibles à ce moment-là. C’était un choix merveilleux, car elles forment un duo exceptionnel. »

 

Karine (interprétée par Laurence Leboeuf, à gauche) et l'actrice mexicaine Sofía Espinosa, qui interprète le rôle de Rosa, un personnage secondaire du film.

Karine (Laurence Leboeuf, à gauche) et Rosa, un personnage secondaire interprété par l’actrice mexicaine Sofía Espinosa.

 

Bien qu’elle hésite quelque peu à y accoler une étiquette, Mme Lepage qualifie son film de comédie dramatique. « J’ai voulu respecter ce que j’ai découvert là-bas, au Mexique, dit-elle. On y retrouve une certaine joie : même dans les moments de deuil, les gens ne pleurent pas 24 heures sur 24. Des fois, on rit, et des fois, on pleure. J’ai toujours envie de mettre en scène la vraie vie. »

Le mot apapacho, un mot náhuatl (une langue autochtone de la région) devenu langage courant au Mexique, signifie un câlin apaisant ou une « caresse pour l’âme », comme le traduit Mme Lepage. Apapacho sera en salles à partir du 18 octobre.