Allocution de Guy Breton

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Par Esther Thommeret
lundi 24 février 2020
Allocution de Guy Breton
Le recteur de l'UdeM, Guy Breton, lors de l'inauguration du Centre de simulation au campus de Laval le 21 janvier dernier. Photo : Jacob Côté
Le recteur de l'UdeM, Guy Breton, lors de l'inauguration du Centre de simulation au campus de Laval le 21 janvier dernier. Photo : Jacob Côté
Après dix années en tant que recteur de l’UdeM, Guy Breton revient sur sa vision du rôle de l’université.

Guy Breton a pris la parole à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain le 14 février dernier afin de répondre à la question : «De quelle université avons-nous besoin, collectivement ?»

Le rôle social de l’université  

L’une des leçons principales que M. Breton a tirées de son expérience à l’UdeM est que les campus sont les « vitrines des tendances sociales ». D’après lui, les jeunes se servent des universités comme terrain d’exercice et souhaitent y retrouver un climat d’études bienveillant. Autrement dit, ils s’attendent à un lieu qui accueille l’identité et les convictions de chacun, exempt de toute forme de harcèlement. « À vous qui serez leurs futurs employeurs, soyez prévenus : ce que nos étudiants nous demandent aujourd’hui, ils vous le demanderont demain, annonce-t-il. Et si vous ne connaissez pas encore le sens des termes “non binaire” ou “antispécisme”, il est temps de l’apprendre. »

Dans ce sens, M. Breton a partagé ses préoccupations au sujet du financement accordé aux universités québécoises, étant donné le rôle ce celles-ci dans la formation des jeunes citoyens. « Ce qui est désolant, c’est qu’on a cessé de chercher des solutions durables à un problème qui persiste : le sous-financement des universités québécoises par rapport aux universités du reste du Canada », déplore-t-il.

D’après lui, l’UdeM et l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) sont deux établissements comparables à tous points de vue, mais une différence persiste : leur financement respectif. Afin de former un étudiant, l’UdeM dépenserait en moyenne 10 000 $ par an, contre 15 700 $ pour UBC. « C’est 57 % de plus pour des ressources, des professeurs et du soutien aux études, précise-t-il. Cela fait longtemps que les universités québécoises font des miracles avec moins de moyens que les autres universités du Canada. »

Une ouverture sur le monde

Lors de son allocution, M. Breton a également mis l’accent sur l’importance d’une internationalisation de l’expérience étudiante québécoise. « Au lieu de s’inquiéter de l’afflux d’étudiants étrangers dans nos universités, occupons-nous d’envoyer les étudiants québécois ailleurs dans le monde », déclare-t-il.

À l’inverse de la France, le recteur estime que les Québécois ne réalisent pas assez de séjours d’études à l’étranger. Il souhaite que les étudiants puissent avoir la chance d’acquérir de solides compétences interculturelles et internationales, qui sont maintenant très recherchées sur le marché du travail. « L’enjeu, c’est qu’ils soient aussi bien outillés pour réussir dans la vie que leurs les étudiants du Canada anglais, des États-Unis et d’Europe », dit-il.

Travailler en équipe

D’après M. Breton, les jeunes n’arriveraient pas assez bien préparés à l’université, ce qui peut avoir comme conséquence première le décrochage scolaire. « Au Québec, un étudiant sur cinq abandonne ses études universitaires avant d’obtenir un diplôme », mentionne-t-il.

Les raisons de l’abandon sont diverses, mais selon le recteur, il serait possible d’anticiper ces obstacles en amont si les cégeps, les collèges et les universités communiquaient davantage entre eux. « Les établissements collégiaux et universitaires devraient travailler ensemble, estime-t-il. Ces deux acteurs de l’éducation postsecondaire ne se parlent pas suffisamment. »

Breton a montré son enthousiasme concernant l’ouverture d’une école primaire sur le nouveau campus MIL. « L’éducation est un continuum qui va du CPE à la retraite, on n’a jamais fini d’apprendre, conclut-il. Une école primaire qui ouvrira ses portes dans un quartier universitaire, j’y vois un symbole fort pour le Québec. »

Près de 700 personnes ont participé à ce déjeuner-causerie afin de réseauter avec les différents acteurs impliqués dans la communauté universitaire et udémienne. L’évènement, présenté par Bell, a été organisé en collaboration avec, entre autres, SNC-Lavalin et Hydro-Québec.