À la rencontre des commerçants de Parc-Extension

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Par Zacharie Routhier
jeudi 25 octobre 2018
À la rencontre des commerçants de Parc-Extension
Sapa Rtnam est propriétaire d'une épicerie dans Parc-Extension depuis plus de 30 ans. Crédit photos : Zacharie Routhier.
Sapa Rtnam est propriétaire d'une épicerie dans Parc-Extension depuis plus de 30 ans. Crédit photos : Zacharie Routhier.
Le campus MIL de l’UdeM, prévu pour 2019, s’installe tout près du quartier Parc-Extension, l’un des plus pauvres de Montréal*. Quartier Libre a visité des commerces locaux pour voir comment leurs propriétaires perçoivent l’arrivée du nouveau pavillon.

« C’est très bon pour le commerce et très bon pour les gens », lance le propriétaire d’Hamza Fruits, une petite épicerie située sur la rue Hutchison, Amgad Ghafar. Selon lui, l’afflux d’étudiants dans le quartier va favoriser le mélange des cultures, et il s’en réjouit. « Plus de cultures, plus de gens, ça rend tout le monde plus heureux », sourit-il.

Le commerçant dit ne pas craindre l’embourgeoisement** que l’arrivée de la population étudiante pourrait entraîner [voir section : Quartier sous pression]. « Ça va être bien, ça va être mieux pour tout le monde », réitère-t-il.

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La cohabitation de plusieurs nationalités, telle que célébrée par M. Ghafar, se retrouve à même l’enseigne du marché Thurga, à un coin de rue de son commerce. On peut y lire « épicerie sri lankaise, indienne, africaine, caribéenne et canadienne ». Son propriétaire, Sapa Rtnam, est installé dans le quartier depuis plus de 30 ans.

« Je suis très content de voir un nouveau pavillon de l’Université s’installer près du quartier », avance-t-il. Comme son homologue, M. Rtnan croit que cela sera bénéfique pour les affaires. Il dit savoir que cela risque de faire augmenter le prix de son bail commercial, mais estime que les retombées économiques seront globalement positives pour lui.

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La même opinion résonne entre les murs du dépanneur Casey. « Ça va être bon pour l’immobilier et pour la communauté du quartier, estime Casey Onuoha, propriétaire du petit commerce. Plus j’ai de clients, plus je peux vendre », ajoute-t-il, après avoir affirmé ne pas croire que la construction d’un nouveau pavillon à proximité puisse avoir un effet sur le prix qu’il paye pour louer son local.

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Quartier sous pression

Si les commerçants interrogés sont optimistes face à l’arrivée d’étudiants dans le quartier, la position de la professeure au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM Hélène Bélanger est plus nuancée.

Elle a confié à Radio-Canada que l’arrivée du Campus MIL en périphérie de Parc-Extension pourrait créer une demande pour des loyers par une population dont les exigences ne sont pas en phase avec la population déjà en place. Elle estime que le quartier fait face à une augmentation de la valeur foncière.

La professeure expose que si ce phénomène s’est déjà produit dans d’autres quartiers montréalais, la population de Parc-Extension est particulièrement à risque, puisqu’elle est composée en bonne partie d’immigrants maîtrisant parfois mal le français et l’anglais et qui n’ont pas nécessairement les moyens de faire valoir leurs besoins.

Il est à noter que la Ville de Montréal construira 1300 logements sur son nouveau campus, dont 30 % de logements abordables et sociaux.

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* « Vivez-vous dans un quartier riche ou pauvre à Montréal?» de Radio-Canada.

** Selon l’Office québécois de la langue française, l’embourgeoisement est la « transformation socio-économique d’un quartier urbain ancien engendrée par l’arrivée progressive d’une nouvelle classe de résidents qui en restaure le milieu physique et en rehausse le niveau de vie. »