À la découverte de l’antiquité

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Par Amélie Carrier
mercredi 20 avril 2016
À la découverte de l’antiquité
Le Centre d’études classiques recevait les participants lors de la deuxième journée du huitième colloque interuniversitaire des études classiques, qui a été tenu du 7 au 8 avril dernier. Crédit: Charles-Olivier Bourque
Le Centre d’études classiques recevait les participants lors de la deuxième journée du huitième colloque interuniversitaire des études classiques, qui a été tenu du 7 au 8 avril dernier. Crédit: Charles-Olivier Bourque
Dans le cadre du huitième colloque interuniversitaire des études classiques tenu à l’UdeM, Quartier Libre a tenté d’établir l’attrait de ce programme pour les étudiants. Sur le campus, l’environnement de recherche et la possibilité de réaliser un stage sur le site archéologique d’Argilos en Grèce sont les aspects principaux évoqués par les acteurs du milieu.
« La culture gréco-romaine constitue le ciment légal, politique, linguistique et culturel de nos sociétés. »
Vincent F. Bélanger - Étudiant à la maîtrise en études classiques à l’UdeM

Les programmes en études classiques sont pluridisciplinaires et permettent aux étudiants de toucher à l’anthropologie, l’archéologie, la philosophie, l’histoire, la littérature et les langues. « Ce sont les aspects historiques et archéologiques de l’Antiquité, et non pas philosophiques ou littéraires, qui intéressent le plus grand nombre d’étudiants, à en juger par les sujets de mémoire », soutient le professeur agrégé en littérature latine classique et comédie romaine, Benjamin Victor.

Selon l’étudiant à la maîtrise en études classiques à l’UdeM et président de l’Association des étudiants du Centre d’études classiques (AÉCÉCUM), Jonathan Castex, l’étude des civilisations bordant le bassin méditerranéen, de l’invention de l’écriture jusqu’à la chute de l’Empire romain, nécessite un programme spécifique, de par la pluralité des disciplines concernées et la complexité de la recherche. « Négliger le passé, c’est menacer le futur et l’héritage des anciens », pense-t-il.

Pour l’étudiant à la maîtrise en études classiques à l’UdeM Vincent F. Bélanger les études classiques ont toujours leur place à l’université en 2016. « La culture gréco-romaine constitue le ciment légal, politique, linguistique et culturel de nos sociétés », affirme-t-il. Selon lui, un des aspects prisés du programme du baccalauréat à l’UdeM est la possibilité de compléter un stage archéologique à l’étranger, sur le site d’Argilos en Grèce.

Contrairement à d’autres universités qui n’ont pas l’obligation de s’inscrire à des cours de grec ancien et de latin pour obtenir un diplôme de premier cycle, le baccalauréat en études classiques à l’UdeM exige que les étudiants s’inscrivent pour un minimum de six crédits pour chacune des deux langues. « C’est certain que ça peut rebuter certains étudiants qui vont aller voir ailleurs », explique le professeur titulaire et directeur du Centre d’études classiques, Louis-André Dorion.

Un programme intemporel

Le nombre de demandes d’admission en études classiques est stable d’année en année, selon le professeur agrégé en Histoire romaine et Antiquité tardive à l’UdeM, Christian Raschle. Le baccalauréat bidisciplinaire en études classiques et anthropologie est le plus populaire depuis quatre ans, avec une moyenne de 18 inscriptions par année, selon des chiffres fournis par la technicienne en gestion de dossiers étudiants, Hélène Leduc. Le baccalauréat bidisciplinaire en philosophie et études classiques récolte le plus faible nombre d’inscriptions, six en moyenne par année depuis 2012. Le baccalauréat spécialisé, lui, accueille environ 16 étudiants par année.

Selon le professeur Dorion, deux ou trois étudiants s’inscrivent à la maîtrise chaque année. Toutefois, les cours de langues relevant du Centre d’études classiques à l’UdeM attirent aussi de plus en plus d’étudiants. Une hausse d’inscription de l’ordre de 20 % dans les cours d’introduction au grec et au latin a été constatée pour l’année 2015-2016.

Au début des années 1990, l’Université prévoyait embaucher trois professeurs supplémentaires à temps plein au sein du département, mais les coupes budgétaires dans la deuxième moitié de la décennie ne l’ont pas permis, selon le professeur Raschle. « Nous sommes actuellement cinq au Centre et nous allons le rester pour les prochaines années », précise-t-il. D’après M. Victor, la pérennité des programmes en études classiques n’est pas menacée, malgré les coupes subies au cours des dernières années.

L’UdeM et l’Université Laval sont les seules universités au Québec possédant des centres indépendants spécialisés dans les études classiques. Le Centre d’études classiques à l’UdeM existe depuis 1993 ; l’Institut d’études anciennes et médiévales de l’Université Laval depuis 1999. Un diplôme en études classiques ouvre des portes à un éventail de carrières dans l’enseignement et la recherche, ainsi que dans plusieurs domaines connexes tels que les études muséales et la conservation du patrimoine.

McGill

Chaque année, il y a environ 115 inscriptions pour le programme d’études classiques, soit 45 inscriptions à la majeure et 70 à la mineure, selon le professeur associé et directeur du programme de premier cycle au Département d’histoire et d’études classiques de l’Université McGill, Michael Fronda. Une moyenne de trois étudiants par année s’inscrivent dans le programme de maîtrise. Selon lui, ce nombre risque d’augmenter au cours de la prochaine année, la nouvelle maîtrise sans mémoire obligatoire attirant énormément d’étudiants jusqu’à maintenant.

Le programme se distingue par son côté artistique. « La particularité du programme à l’Université McGill est le fort intérêt envers le théâtre et la performance, qui est plutôt inexistant dans les programmes des autres universités québécoises », explique M. Fronda. Chaque année, les étudiants doivent traduire une pièce de théâtre du grec ancien au français pour ensuite la produire, une facette qui en attire plusieurs, selon lui.

Université Laval

En moyenne, 50 étudiants s’inscrivent au programme d’études anciennes au premier cycle (certificat et baccalauréat regroupés), 18 à la maîtrise et 15 au doctorat, depuis plusieurs années, selon la professeure et directrice par intérim de l’Institut d’études anciennes et médiévales de l’Université Laval, Pascale Fleury. L’Université Laval est la seule université au Québec à offrir un doctorat en études classiques.

« Notre but est, bien sûr, de former des spécialistes en études anciennes, mais également d’aider à l’épanouissement de citoyens conscients et critiques à travers l’étude des fondements de la civilisation occidentale », indique Mme Fleury. L’Université Laval a aussi recours à des enseignants chercheurs médiévistes, permettant aux étudiants d’avoir une formation solide en études classiques et en langues anciennes.